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Conferenza Emma Bonino
Partito Radicale Maurizio - 23 gennaio 1996
Eléments de l'intervention de Mme Bonino
Table Ronde Monnaie Unique/Consommateurs (Bruxelles, le 23 janvier 1996)

Sans les consommateurs, il n'y aura jamais de monnaie unique.

Nous devons tirer les conséquences de cette évidence : la monnaie unique ne pourra exister que si les consommateurs l'acceptent. La monnaie unique sera pour le consommateur la traduction physique, concrète, de son appartenance à l'Union européenne. Utilisant l'EURO il aura véritablement à ce moment le sentiment de faire partie d'une entité appelée Europe. Au Moyen Age, les européens se mettaient ensemble pour construir des cathédrales et cela leur donnait un sentiment très fort d'une construction en commun: l'EURO sera, en fait, la prémière "cathédrale" commune de l'Europe moderne.

Nos ancètres étaient plus sages, ils avaient déjà réalisé une union monétaire. Je lis dans un vieux "Baedeker" de 19O4, ce fameux "manuel du voyageur" qui accompagnait les premiers touristes qui venaient en Italie faire leurs "grand tour":

".... L'Italie, faisant partie de l'union monétaire latine, a le même type de monnaie que la France, la Suisse, la Belgique et la Grèce....Les billets de banque maintenant en cours sont les biglietti di Stato de 5, 1O, et 25 francs. En se mettant en route, on emportera de préférence de pièces de 2O francs et des billet de la Banque de France..."

Nous, Européens modernes, nous devont encore franchir plusieurs étapes.

Je voudrais tout d'abord situer notre débat d'aujourd'hui: nous ne sommes pas ici pour discuter des avantages et des inconvénients de la Monnaie Unique. Ce ne sont pas le "si" ou le "quand" dont nous devons parler, mais plutôt le "comment" l'EURO sera introduit dans la pratique. Comment donc préparer les Européens à son introduction?

Tout d'abord un rappel en terme de calendrier. Nous sommes en janvier 1996. Le premier jour de l'Union monétaire c'est dans 35 mois, moins de 3 ans. Ce jour là, les taux de change seront définitivement fixés. Deux ou trois ans plus tard seront introduits les pièces et les billets en EUROs.

Je voudrais mettre l'accent sur deux étapes de particulière importance pour les consommateurs.

1er étape

Nos concitoyens devront être convaincus de la nécessité et de l'intérêt du changement de monnaie. Il faut qu'ils apprennnent à le connaître.

L'EURO: "to know it , is to like it".

Bien sûr le consommateur qui voyage voit l'intérêt immédiat de cette mesure. Il suffit ici de rappeler la vielle histoire du voyageur qui part de son pays avec 1OO.OOO lires ( ou 1OO DM ), qui circule dans tous les autre Etats membres en changeant chaque fois son argent en devise locale mais sans rien en dépenser, et rentre à la fin du voyage dans son pays d'origine avec en poche seulement la moitié de son argent, car les frais de change lui ont "bouffé" la moitié de celui-ci. Encore un exemple: je viens de rentrer hier soir d'une mission de trois jours qui m'a porté de la Belgique en Italie, en France, en Suisse. Mon sac à main était rempli d'enveloppes de devises différentes, des pièces de toute sorte débordaient de mon porte-monnaie. Ce n'est pas moi qui doit être convaincue de l'intérêt de l'EURO.

Mais les autres consommateurs? J'ai déjà fait référence à ma mère qui ne va jamais à l'étranger et qui ne fait pas de transactions internationales : comment vais-je la convaincre de l'utilité de cette nouvelle monnaie? Aujourd'hui l'unité monétaire de base en Italie est la Lire. Demain ce sera l'EURO. Cette nouvelle unité monétaire de base, l'EURO, vaut aujourd'hui approximativement 2000 Lires. Il faudra donc multiplier le montant en Lire par 0,0005O pour obtenir le montant en EURO (mais ça pourra être 0,00047, ou 0,00053, ou que sais-je). Il faudra se mettre à l'arithmétique, faire pratique de "calcul". Quels arguments dois-je utiliser pour expliquer à ma mère tous ces changements dans sa vie quotidienne?

Pour le consommateur "sédentaire" les avantages de la monnaie unique sont du ressort macro-economique. Pour en citer quelques uns:

- transparence des prix,

- abolition du risque de change,

- diminution des coûts de l'intermédiation financière,

- une monnaie plus stable par rapport aux autres devises internationales,

- moins d'inflation,

.....et j'en passe. Je ne suis pas ici pour tenir une léçon d'économie monétaire. En fait, même le consommateur "sédentaire", qui ne voyage pas, est affecté par les surcoûts de la "non UEM": il achète en effet des biens et services qui, eux , voyagent et subissent donc les mêmes problèmes rencontrés par le voyageur européen dont j'ai parlé.

Toutefois, ce seront tout d'abord les problèmes pratiques, les "technicalities" qui toucheront les consommateurs. Par exemple: comment seront appelés les décimaux de l'EURO? Plusieurs pays européens, dont le mien, ne connaissent pas les décimaux, ou les centimes, dans leur devise nationale. Aussi l'introduction des décimaux demande donc des explications, une modification des termes de références. Surtout, cela demande de toute urgence d'en connaître le nom.

La nécessité de diffuser des messages clairs sur l'intérêt de la Monnaie unique ne fait aucun doute. Les pièces et les billets en euros ne sont pas seulement la cerise sur le gâteau de l'union monétaire: c'est la traduction vivante que l'Europe existe. Notre premier défi, notre première étape est donc de comprendre les réticences, les craintes et les hésitations de nos concitoyens et de leur expliquer l'intérêt de cet monnaie.

2ème étape

La deuxième étape est à la fois plus simple et plus difficile. Il faut bien préparer l'introduction de cette nouvelle monnaie. Bien sûr, beaucoup de travail est encore nécessaire dans le domaine technique, juridique, comptable; mais ce n'est pas là le vrai problème.

Le vrai problème, c'est la préparation des consommateurs eux-mêmes. Pour cela nous devons réfléchir ensemble sur l'idée de "monnaie d'éducation", la monnaie dans laquelle vous avez appris à compter, la monnaie dans laquelle vous appréciez la valeur des choses.

Ici à Bruxelles je rencontre des gens qui sont en Belgique depuis plus de 10 ans et qui dans la vie quotidienne utilisent tous les jours les francs belges. Cependant, j'ai remarqué que, pour apprécier un prix, ils font encore aujourd'hui la conversion dans leur monnaie d'origine: ils ont donc besoin de revenir à la monnaie dans laquelle ils ont été éduqués. La monnaie d'éducation constitue le grand défi de l'introduction de l'EURO.

L'introduction des nouveaux francs en France en 1960 a montré combien il était difficile d'introduire de nouvelles unités monétaires : combien de français se réfèrent encore aux francs d'avant 1960?

Par contre l'introduction de la décimalisation en 1971 au Royaume Uni est peut- être pour nous un modèle. Après une préparation extrêmement soignée de plus de 5 ans, il a été possible de limiter la circulation simultanée des 2 monnaies à seulement 5 jours en fait. Pour cela des moyens considérables ont été mobilisés dans les domaines de l'information, de la formation et de l'éducation.

Vous-mêmes qui êtes là aujourd'hui vous avez toujours vécu depuis la naissance avec la même monnaie. A l'école quand vous avez appris à compter et donc à apprécier la valeur des objets et les notions de prix, c'était avec cette monnaie.

Nous devons réussir l'introduction de la nouvelle monnaie au niveau du consommateur. Nous n'aurons pas droit à un nouvel essai.

La préparation doit commencer maintenant.

Dans les écoles il faut dès maintenant habituer nos enfants à l'idée que la monnaie va bientôt changer. Il faudra peut être s'inventer des jeux, des expériences-pilote, des actions de "vulgarisation". Nous devons comprendre les réticences des adultes et y apporter des réponses appropriées. Nous devons trouver des solutions pratiques et concrètes aux problèmes posés.

Tous les multiplicateurs de la société civile devront être impliqués dans cet effort: il est donc important que le message soit clair, univoque et focalisé sur les "techniques" de l'introduction de l'EURO et non pas sur des prises de positions, politiques ou emotionnelles, concernant par exemple le respect des critères de Maastricht: c'est une distinction importante à faire dans les initiatives de communication.

La Commission a réuni ici aujourd'hui des représentants des consommateurs, des spécialistes en communication, le monde des médias. Mon intervention visait à vous donner, Mesdames et Messieurs, quelques pistes de reflexion pour orienter vos travaux de cette journée.

 
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