AFP 15/3/1995

OTTAWA = Ottawa est prêt à reprendre des négociations avec les Européens sur le dossier de la pêche au turbot, a déclaré mercredi le ministre des Affaires étrangères André Ouellet, après l'annonce de la libération sous caution du chalutier espagnol Estai, arraisonné jeudi dernier au large de Terre Neuve.

"Nous sommes prêts à régler cette question de façon diplomatique", a indiqué M. Ouellet à la Chambre des Communes d'Ottawa, ajoutant que le Canada poursuivait son objectif de faire respecter les mesures de conservation du poisson dans l'Atlantique.

"Nous voulons avoir des règles plus strictes avec notamment un mécanisme qui permette de surveiller, de saisir et d'inspecter des bateaux" de pêche, a affirmé M. Ouellet.

Le Canada est prêt, en échange, "dans un esprit de coopération, à revoir avec les responsables de l'Union européenne" le partage du quota de pêche au turbot, adopté en janvier par l'Organisation des pêches de l'Atlantique du nord ouest (OPANO). Ce problème de quotas est à l'origine du conflit entre l'Union européenne et le Canada.

En 1995, l'OPANO avait fixé le "total admissible des captures" (TAC) pour le turbot à 27.000 tonnes, une forte baisse par rapport aux années précédentes (environ 60.000 tonnes par an) que l'Union européenne n'avait pas contestée.

L'OPANO avait accordé 60% du TAC (soit environ 45.000 tonnes) aux pêcheurs canadiens, ne laissant que 12,6% (3.400 tonnes) à ceux des 15 pays membres de l'Union européenne.

Les 15 avaient immédiatement contesté cette répartition et indiqué qu'ils continueraient à pêcher dans l'Atlantique du nord ouest ce qu'ils estimaient leur revenir de droit, c'est à dire plus de 17.000 tonnes, tandis que le Canada réclamait un moratoire sur la pêche au turbot jusqu'au règlement du conflit.

Arrivé sous escorte canadienne dimanche à Saint Jean de Terre Neuve, l'Estai devrait en repartir en fin d'après midi (heure locale) mercredi, avec les deux tiers de sa cargaison de poisson.