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Harman Nicolas - 6 maggio 1990
LA POLITIQUE DU BON SENS
Par Nicolas Harman (Rédacteur en chef pour les affaires d'Amérique latine à l'hebodomadaire britannique "The Economist").

Article publié en espagnol par "Cambio 16" (23-4-1990).

Le monde est en train de s'unir dans une guerre contre les drogues -ou du moins c'est ce qui a été dit lors d'une conférence des Nations Unies qui s'est tenue à Londres. Mais cette guerre n'a pas empêché que l'offre mondiale de ces drogues augmente, ni que leur prix diminue. C'est difficile de trouver une autre occasion où autant de gouvernements auront gaspillé autant d'argent dans des efforts aussi vains.

L'abus des drogues est dangereux. Les gouvernements disent qu'ils veulent réduire ce risque. Mais dans leur tentative d'y parvenir, ils l'augmentent. Il est grand temps d'essayer de trouver une méthode qui ait plus de chances de succès: légaliser, contrôler et décourager l'usage et la vente de drogues.

Le commerce illícite de drogues est nuisible en deux sens. D'une part, les drogues empoisonnent les drogués. D'autre part, des millions des personnes que ne consomment jamais des drogues voient leurs villes -ou même leurs pays- mis en danger par la violence du trafic illégal.

Dans un monde idéal, les gens ne penseraient pas à échapper à la réalité en altérant le cerveau par l'usage de substances chimiques. Mais, en réalité, les hommes l'ont toujours fait depuis le début de l'histoire. Presque tout le monde emploie des drogues d'un type ou d'un autre: de l'alcool pour avoir de la joie pendant un certain temps, de l'aspirine pour enlever un mal de tête, du café pour se sentir dans une meilleure forme. Lorsqu'on consomme de telles drogues, tout en étant bien conscient de leurs effets, elles peuvent être bénéfiques. Mais prises exagérément, elles deviennent nuisibles: par exemple, l'alcool, dans les pyas occidentaux, est la principale cause des accidents de la circulation et la violence dans les foyers. En plus, il peut

causer des dommages au foie et au coeur de ceux qui en boivent.

Mais il ne vient à l'esprit de personne d'interdire ces drogues courantes. Le seul gouvernement démocratique ayant interdit l'alcool dans un passé récent, c'est celui des Etats-Unis, en 1919. En 1933 il annula la prohibition, car ses effets avaient été désastreux. Des puissantes organisations criminelles avaient vu le jour pour contrôler le trafic illégal. Et une bonne partie de la boisson qui était vendue par les gagnsters était d'une si mauvaise qualité qu'elle empoisonnait les consommateurs.

Les principales drogues illégales sont aujourd'hui la marihuana, la cocaïne et l'héroïne (et aussi, de plus en plus, les produits chimiques appelés amphétamines). Les effets qu'elles produisent sont semblables à ceux de l'alcool: ceux qui les emploient se sentent mieux pendant un certain temps, et par conséquent ils en veulent davantage. Aujourd'hui, dans la plupart des pays occidentaux, il y a des milliers et des milliers d'acheteurs et de vendeurs volontaires de drogues illégales. Les gouvernements les interdisent: mais les lois des hommes sont inutiles lorsqu'elles contredisent les lois, anciennes et puissantes, de l'offre et de la demande.

Alors, que peuvent faire les gouvernements pour protéger leurs citoyens? Voyons, d'abord, le cas des consommateurs. La plupart de ceux qui consomment des drogues illégales ne le font que d'une façon occasionnelle, et sans nuire nullement à leur santé. Les intellectuels qui de temps en temps fument de la marihuana ou sniffent de la cocaïne prennent la précaution d'acheter leur drogue pure à un fournisseur de confiance, et de ne pas dépasser des limites appropriées. Le lendemain, sains et saufs, ils retournent à leur travail et à boire leurs boissons et leurs cafés habituels -et légaux.

Ceux qui achètent des poisons adultérés ce sont les pauvres; ceux qui consomment des doses excessives, ce sont les insensés; ceux qui expérimentent avec des melanges dangereux, ce sont les jeunes. Leur problème est d'ordre médical. Mais s'ils se sentent mal, ils n'osent pas aller chez le médecin ou à un hôpital, car admettre leur maladie revient à avouer un délit.

Les gouvernements modernes protegent leurs citoyens en réglementant la pureté de l'huile de cuisson, du vin ou du savon. Ils contraignent les fabricants de tabac à mettre une étiquette qui prévient des dangers qu'entraîne le fait de fumer. Mais lorsqu'il s'agit de drogues illégales, la tâche d'en contrôler la pureté et d'en conseiller les doses est laissé entre les mains des criminels. L'illégalité engendre l'ignorance, et c'est de l'ignorance que surgissent ces jeunes drogués désespérés que nous voyons dans nos villes. Au lieu de leur donner de l'assistance médicale, les gouvernements leur prescrivent des prisons.

Et ce n'est pas là le pire. Les "accrocs", par leur situation tragique, ne sont qu'une petite minorité. Bien plus grand est le nombre de ceux qui se voient touchés par la violence qu'engendre le trafic illégal des drogues, qui est l'affaire la plus rentable au monde. Prenons l'exemple du clorhydrate de cocaïne, une poudre que l'on obtient de la cocaïne par un procédé très simple et à un coût d'environ 200 $ par kilo.

Il y a dix ans, en 1980, ce kilo était vendu à New York au prix de gros de 600.000 $. Des bénéfices aussi monstrueux poussèrent des bandes des criminels à produire, transporter et vendre -d'une façon agressive- de la cocaïne. L'offre a augmenté, et par conséquent les prix sont tombés: aujourd'hui l'on peut en acheter un kilo à New York à moins de 10.000 $. Ce montant représente toujours un bénéfice énorme pour les vendeurs, qui maintenant ont, en outre, un excédent du produit.

Au lieu de continuer à vendre de petites quantités de cocaïne de haute qualité aux banquiers de Wall Street et aux producteurs de Hollywood, les importateurs de drogue sont entrés dans le marché des masses. Des bandes rivales ont fait leur apparition: des bandes bien armées qui luttaient entre elles pour le contrôle des zones de vente dans les quartiers. Au début 1989, il y avait déjà chaque semaine dix assassinats pour des raisons relatives à la drogue à Washington, la capitale du pays le plus riche du monde.

Par conséquent, au début de l'année passée, le gouvernement des Etats-Unis a entrepris sa guerre contre les drogues. Une guerre qui est en train d'échouer dans les Etats-Unis eux-mêmes, où l'offre de cocaïne continue à monter, et les prix à descendre, et qui pour d'autres pays a été catastrophique. En Colombie, par exemple, qui en est le principal producteur, les bandes du trafique de drogue sont maintenant en train de lutter pour leur survie -et elles constituent les organisations les plus riches du pays, avec leurs propres armées privées et des ressources suffisantes pour corrompre ou assassiner des juges, des politiciens et des policiers.

Mais il y a une alternative: légaliser le trafic des drogues, en éliminant ainsi la cause de l'existence de telles bandes. Faire péser sur ces activités des impôts qui transféreraient à l'Etat les gains obtenus aujourd'hui par les criminels. Protéger les consommateurs, par la publicité et des avertissements sur les paquets légaux du produit. Cette politique réduirait l'effet nocif des drogues, et permettrait de les contrôler d'une façon plus efficace.

En Europe, il y a un pays qui est en train d'essayer une telle politique. En Hollande, la vente de marihuana est ouvertement tolérée, et l'usage de cocaïne et d'héroïne est traité comme une affaire médicale, et non criminelle. Quel en est le resultat? Eh bien, c'est qu'en Hollande il n'y a pas de crimes causés par la drogue, et que de moins en moins de jeunes en consomment, car ils commencent à se rendre compte de leurs dangers. C'est ce que tous les gens sensés devraient souhaiter, au lieu de se lancer dans une guerre internationale contre les drogues dans laquelle tout le monde finira par perdre.

 
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