BRUXELLES, 22 déc (AFP) - Les ministres de la Pêche des Quinze se sont mis d'accord tôt vendredi matin sur les Totaux admissibles de capture (TAC) de poissons et la répartition des quotas entre Etats dans les eaux communautaires pour 1996, a-t-on indiqué de source communautaire. A l'issue d'un jour et une nuit de négociations, les propositions de la Commission européenne prévoyant en général des baisses importantes - en moyenne de 20% - des TAC par rapport à l'an dernier ont été très atténuées à l'issue de demandes des principaux pays européens disposant de pêcheries. Le commissaire européen à la pêche Emma Bonino s'est déclarée "pas totalement satisfaite" du résultat du Conseil du point de vue de la conservation des stocks, tout en admettant l'importance des facteurs socio-économiques. "J'aurais préféré des mesures plus courageuses (pour la conservation), mais un pas dans la bonne direction a tout de même été fait", a-t-elle ajouté. La France de son côté était satisfaite d'avoir pu obtenir des TAC accrus de
plus de 20% (par rapport à la proposition de la Commission) pour la sole dans le golfe de Gascogne et la Manche ainsi que pour le lieu noir en Irlande ouest et Ecosse nord. Seule la Suède a voté contre le compromis final. Outre cette traditionnelle empoignade de fin d'année sur les TAC pour répartir une ressource poissonière de plus en plus réduite, la question de la répartition du quota européen de 11.000 tonnes de flétan noir (turbot) - obtenu à la suite de la crise avec le Canada au début de l'année - a posé le plus de problèmes. Le projet d'accord de l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord ouest (OPANO) qui devait être adopté officiellement par le Conseil des ministres européens attribuait la part du lion à l'Espagne (69%) contre 28% pour le Portugal et 3% pour l'Allemagne. Après de nombreuses heures de polémiques sur les "droits historiques", l'Espagne a concédé 2% de son quota à l'Allemagne alors que le Portugal n'a rien obtenu en plus. Toujours dans le cadre des mesures proposées par l'OPANO,
le Conseil a donné son accord à un programme pilote de contrôle et d'inspection des activités de pêche dans cette zone nord-ouest atlantique. Il prévoit notamment un système de surveillance par satellite pour contrôler les mouvements de 35% de la flotte communautaire et la présence d'observateurs à bord. Enfin, comme cela était prévu, le Conseil a constaté la persistance des désaccords sur le dossier des filets maillants dérivants - honnis par les écologistes - et la proposition d'interdiction de la Commission à partir de 1998 n'a donc pas pu obtenir le soutien nécessaire.