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Colombo Emilio - 29 ottobre 1995
Islamisme: religion ou idéologie?
par Michel Tatu

(Le Monde, samedi 28 octobre 1995)

L'ISLAMISME est-il islamique? Son fondement, notamment en Algérie, est-il aussi religieux que le prétendent ses militants ? La plupart des commentateurs répondent à cette question par la négative. Slimane Zeguidour, dans Politique internationale (été 1995), voit dans le FIS et ses séquelles " une jacquerie, avec toute la sauvagerie de toute insurrection paysanne" beaucoup plus qu'un mouvement religieux. Amir Taheri démontre dans la même revue comment l'engrenage de la violence a fait du GIA une réplique algérienne du Sentier lumineux péruvien et des Khmers rouges au Cambodge. Mais précisément, cette même violence a tellement traumatisé la société que pour cet auteur, une victoire du GIA est tout aussi exclue que celle de ces sinistres précurseurs de l'extrémisme terroriste. On peut s'attendre selon lui à une victoire progressive du pouvoir en place, au terme de laquelle "l'Algérie finira par ressembler aux dictatures militaires sudaméricaines et africaines des années 60 et 70".

En tout cas, le parallèle communément fait avec la révolution iranienne est trompeur. Les deux mouvements ont peu de choses en commun sur le plan religieux (sunnites contre cmtes); les mollahs sont arrivés au pouvoir en 1979 par des moyens exclusivement pacifiques: Khomeiny excluait tout recours à la violence. Moyennant quoi il a réussi à faire descendre dans les rues des millions de personnes et à renverser le rapport des forces politiques, toutes choses impossibles aujourd'hui en Algérie. Et s'il a établi par la suite un régime fort éloigné de la démocratie, il ne récusait pas cette notion. Comme le note Azadeh Kian dans Etudes (septembre 1995), "contrairement à Belhadj [l'un des pères fondateurs du FIS], qui affirme n'avoir pas trouvé le mot démocratie dans le Coran, Khomeiny affirmait que la notion de démocratie existe dans le Coran".

Les Américains ne font guère cette distinction, et d'ailleurs le problème islamiste occupe une place infime dans les revues d'outre-Atlantique. A noter toutefois un texte de Daniel Pipes dans The National Interest (automne 1995). Pour ce spécialiste du Moyen-Orient, le fondamentalisme islamiste est comme le communisme et le fascisme. Idéologie et non religion, il prétend instaurer un pouvoir totalitaire à l'intérieur et, à l'extérieur, "faire les croisades à l'envers", comme le disait Amir Taheri. Les islamistes, comme les communistes, sont convaincus de leur victoire, à terme, dans le monde. Comme avec les communistes, le dialogue et les concessions n'ont d'autre effet que de "les confirmer dans leur croyance en la faiblesse occidentale"; d'ailleurs "ils nous méprisent non pas pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes". Enfin, les islamistes ont eux aussi leur "Komintern" sous la forme d'un réseau d'entraide allant de l'Iran à l'Afghanistan en passant par le Soudan. Daniel Pipes demand

e en conséquence une révision radicale de la politique américaine: l'arrêt du dialogue avec les fondamentalistes palestiniens, égyptiens et algériens; un soutien résolu à tous les adversaires de l'islamisme. De même que pendant la guerre froide les Etats-Unis ont soutenu en tant que "moindre mal" des régimes de droite corrompus, de même ils doivent, et pour les mêmes raisons, soutenir des régimes "de gauche" également corrompus -comme les militaires algériens ou l'ancien communiste Dostom en Afghanistan- contre les totalitaires "de droite" que sont les islamistes.

Cette logique a ses failles (Daniel Pipes oublie de mentionner l'aide que la pro-américaine Arabie saoudite dispense à nombre de mouvements suspects), voire ses impasses: faut-il soutenir Saddam Hussein sous prétexte, qu'il est plus "laïque" que d'autres? Il est vrai que le terrorisme fausse la donne en invitant ses victimes à faire l'inverse de ce qu'ils demandent, même au prix d'entorses à leurs principes. Comme le note Richard Liscia dans L'Arche (octobre), "il n'y avait sans doute pas de très bonnes raisons, pour la France, de soutenir le pouvoir algérien. Mais le GIA, avec les attentats, vient de lui en fournir une excellente".

 
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