SOMMAIRE: Pannella intervient pour une explication sur le vote du budget 1980. Il le conteste principalement à cause de la suppression de la dotation pour combattre le génocide causé parla faim dans le monde. Pannella annonce son vote négatif, espérant que le Parlement fasse de même (13-12-79).

M. Pannella. - (I) Madame le Président, chers collègues, permettez-moi au cours de cette très brève explication de vote, la seule qu'il me sera donné de prononcer sur la question du budget, grâce à l'ordre souverain qui règne dans cette Assemblée - entendez lé désordre - de présenter mes félicitations personnelles au président irlandais du Conseil.

En effet, le représentant du Conseil est parvenu à définir une politique, qui ne trouve dans notre Assemblée que deux soutiens officiels: celui du parti communiste français et celui de nos collègues gaullistes. Il a fallu aux membres d'un Conseil qui émane de gouvernements représentant, en revanche, la très grande majorité de cette Assemblée, un très grand art politique pour obtenir pour seul appui celui des camarades communistes français et des amis du groupe gaulliste !

Il n'y a donc pas lieu d'être surpris. J'éprouve moi-même, je dois le reconnaître, quelque difficulté à défendre la position d'un Parlement qui lui-même, à mon sens, s'est prononcé en faveur d'un mauvais budget. Par conséquent, ne pas réfuter votre position Monsieur le Président du Conseil, serait contraire à ma qualité de député, pour ne pas dire de député radical. Il est intolérable moralment, plus encore que politiquement, qu'une institution européenne, par aveuglement, arrogance et férocité, aille jusqu'à supprimer des sommes symboliques destinées à contribuer à mettre fin à l'holocauste actuel de 60 millions d'êtres humains qui meurent de faim. Je dois dire, d'autre part, que les critiques formulées par notre Parlement sont contradictoires parce que, chers collègues de la majorité, vous avez vous-mêmes voté un budget du Parlement qui ne permet pas à la direction générale VIII de recruter deux fonctionnaires de plus destinés précisément à ce secteur.

En tant que député radical, j'estime que le vote que ce Parlement s'appréte, j'espère, à prononcer, est avant tout le vote de représentants européens qui demandent au moins à leur interlocuteur plus de rigueur, plus de sérieux, plus de dignité pour ne pas exprimer dans cette Asssemblée des points de vue qui ne soient ensuite partagés que par les adversaires des gouvernements qu'ils représentent.