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Pannella Marco, Guce - 15 ottobre 1980
COMPOSITION DE LA COMMISSION ET RESPONSABILITE DE CELLECI A L'EGARD DU PARLEMENT

SOMMAIRE: Au début des années 80, le processus d'intégration européenne est au ralenti et le Parlement européen, qui a toujours constitué une sorte d'alliance avec la Commission pour donner à la CEE une structure plus démocratique, est frustré et critique, en particulier face au Conseil, et dans ce cas face au premier ministre luxembourgeois Thorn, le Président actuel (15-10-80).

M. Pannella. - Monsieur le Président, nos gouvernements, nos pays les plus importants des Neuf sont devenus, par le biais du Conseil, depuis quelques années des entités anti-européennes et anticommunautaires. Tel est le problème. Paris n'est pas européen, n'est pas communautaire! Que voulez-vous, il m'arrive de lire vos journaux, même si leur lecture n'apprend pas toujours beaucoup de choses.

Toutefois le problème est le suivant: vous avez un Parlement qui est frustré parce qu'il ne peut pas dire ce qu'il pense, au niveau personnel, tous les jours. Ceci parce que le Conseil, les puissants du Conseil, sont anti-européens et anticommunautaires. Ce Parlement frustré s'en prend comme il le peut au Conseil. C'est pourquoi vous faites les frais d'un phénomène qui est bien compréhensible, vu qu'ici, Monsieur le Président, nous ne faisons que très peu de débats réels. Ce soir, justement, c'est le Président Thorn qui doit essuyer tous les effets de notre mécontentement.

Le fait est, Monsieur le Président, que tout, dans votre histoire, dans votre engagement, vous incitait à agir autrement. Vous ne devriez pas être ici à entendre quelques chercheurs de querelles qui regardent par le trou de la serrure des choses qu'ils peuvent voir la porte grande ouverte et qui sont un peu les "voyeurs" des petitesses de la vie de notre Europe.

Monsieur le Président, vous auriez dû claquer la porte vous-même et dire, après votre voyage au Moyen-Orient, que vous avez travaillé au mois d'août et au mois de juillet - les autres travaillent bien moins - que vous aviez fait ce que l'on pouvait, que vous n'aviez pas eu un rythme italien, que vous n'aviez pas eu le rythme d'autres prédécesseurs et que, justement, vous auriez pu être, après vos années d'engagement et avec ce que tout le monde vous reconnaît - un pélerin dans nos capitales pour voircomment définir une autre action dans des institutions qui deviennent de plus en plus des nids de vipères. Il faudrait peut-être lire François Mauriac plutôt que de Gaulle ou

d'autres pour comprendre un peu ce qui se passe dans beaucoup d'instances institutionnelles européennes.

Cela dit, Monsieur le Président, je suis d'accord avec M. Spinelli, je suis d'accord avec les autres collègues, il est évident, que vous devriez vous en aller, même si, et là vous avez évidemment raison, vous n'êtes pas dans une position juridique très claire.

Il est peut-être moins évident, Monsieur le Président en exercice, que quelque chose dans votre subconscient vous suggère de ne pas avoir confiance en ceux qui vous ont désigné. En effet, sans certitude juridique, qui sait ce qui peut vous arriver, puisque vous n'êtes que luxembourgeois!

Monsieur le Président, je vous remercie de ces cinq minutes - c'est, je crois, le plus long temps dont j'aie disposé depuis six mois.

(Protestations et rires)

Risus abundat in ore stultorum. Je vois que d'une salle un peu ennuyée et ennuyeuse j'ai fait une salle souriante...

M. Bangemann. - Cela ne suffit pas.

M. Pannella. - ...Certes, mais essayez toujours d'en faire autant!

(Rires et applaudissements)

Monsieur le Président Thorn, recevez mes meilleurs voeux de bon travail.

 
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