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Pannella Marco, Guce - 10 luglio 1981
RELATIONS COMMERCIALES CEE-JAPON.

SOMMAIRE: Le Parlement européen discute un rapport qui traite des relations économiques entre le CE et le Japon, souvent problématiques à cause des disparités de balances commerciales. Marco Pannella estime que l'Europe ne doit pas adopter des positions protectionnistes pour affronter la supériorité économique japonaise, qui est notamment le fruit de politiques d'exploitation des travailleurs et d'absence de participation aux aides internationales pour le développement des pays du Tiers-Monde (10-07-81).

M. Pannella - Monsieur le Président, je crois qu'au niveau technique, et donc dans une certaine mesure aussi au niveau politique, notre Parlement, dans le domaine des relations de la Communauté avec le Japon, a su utiliser des compétences et fait montre d'un sérieux qui ne sont pas la règle. Tout ceci gràce - je tiens à le souligner, car il s'agit, en ce qui me concerne, d'adversaires politiques - au sérieux du Groupe conservateur et au sérieux et aux expériences de Sir Fred Warner et du rapporteur Sir John Stewart-Clark.

Car, Monsieur le Président, il nous faut bien reconnaitre que parfois nous sommes, à gauche, démunis de ces instruments techniques, mais aussi de cette conviction dans nos idées qui caractérisent très souvent nos collègues conservateur. Et, en bien de choses, je dois reconnaître que la pratique, sous l'excellente présidence de Sir Fred Catherwood nous donne chaque jour une confirmation de cela d'une part le vaseux de nos positions de gauche et d'autre part, le précis, le concret, ladramatique efficacité de nos amis et collègues de la droite, de gens de la droite la plus rigoureuse et la plus intransigeante.

Malheureusement, Monsieur le Président, cette efficacité, cette efficience, ne sont jamais efficaces au moyen terme. C'est ce que nous constatons lorsque nous ouvrons aujourd'hui la radio et que nous apprenons que les nuits britanniques ne sont pas, hélas, les nuits des justes. De plus en plus, la rage déborde, de plus en plus une grande partie de la jeunesse britannique semble désenchantée, tenue au-delà de l'espoir, comme si la politique ne lui donnait pas d'espoir du tout. Cela doit être également pris en considération dans les comptes économiques, cela doit être pris en considération dans les comptes sociaux, dans les coûts et dans les bénéfices sociaux d'une politique. Lorsque cette dernière est trop précise, trop aride, je crois, Monsieur le Président, que nous risquons beaucoup au moyen terme.

C'est pour cela que je voudrais dire qu'il nous faut reconnaître que les lois du marché ont été respectées par le Japon et qu'elles n'ont pas été violées, les lois auxquelles croient Sir John Stewart Clark, Sir Fred Catherwood, Sir Fred Warner. Maintenant que nous sommes battus, en tant qu'Européens, sous bien des aspects, nous essayons d'imposer des solutions protectionnistes. Nous disons, bien entendu, que nous voulons inciter librement les Japonais à adopter certaines attitudes. Mais, en réalité, nous affirmons aussi que si nous ne réussissons pas à les convaincre, nous prendrons des mesures protectionnistes pour nous défendre.

En ce qui me concerne, je regarde d'une façon un peu neutre cet affrontement. Je dois dire, Monsieur le Président, que ce n'est certainement pas notre rapporteur et notre commission qui souligneront avec beaucoup de vigueur qu'une des principales raisons du miracle japonais est due au fait que le Japon s'est vu interdire des frais et dépenses militaires trop élevés pendant très longtemps. Cela a été une grande chance qu' a su saisir le Japon. Si nous pouvions destiner à l'industrie, nous autres Européens, les ressources que nous gaspillons en politique d'armement et de mort, nous serions beaucoup plus forts dans cette guerre économique que nous acceptons et que nous essayons vainement de gagner. Ce serait mieux que de gaspiller chaque année des centaines de milliards de dollards dans une guerre hypothétique. Donc, il s'agit pour nous d'un affrontement que nous regardons un peu en observateurs.

Les Japonais doivent aussi leur succès, il faut le souligner, à une exploitation très dure des travailleurs ainsi qu'au fait qu'ils ne destinent pas, comme beaucoup de nos pays, des fonds importants de l'aide publique au développement dans le monde. Ce sont des choses qu'il faut rappeler. Nous n'avons pas, Monsieur le Président, la prétention de donner ici des leçons. Nous disons simplement qu'il y a, entre notre politique et la politique japonaise, des éléments qui ne sont pas suffisamment relevés et illustrés dans l'exposé des motifs, d'ailleurs excellents de notre rapporteur. C'est pourquoi je me bornerai à m'abstenir, en souhaitant une fois de plus que la précision et l'efficacité conservatrices ne nous préparent pas, au moyen terme à d'autres désastres, comme cela a été très souvent le cas dans notre histoire et l'est encore très souvent dans nos pays aujourd'hui.

 
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