SOMMAIRE: La Politique Agricole Commune est montrée du doigt dans tous les manuels d'économie comme l'exemple classique de politique protectionniste avec des effets pervers sur le marché interne et international: sous-production, prix excessifs, chute de la compétitivité et de la qualité, affaiblissement des finances publiques et communautaires. Agriculteurs et consommateurs subissent le poids de cette politique anti-économique, qui doit changer radicalement (10-07-81).
M. Pannella. - Monsieur le Président, je crois que cette proposition de résolution est fort opportune et qu'elle était absolument nécessaire pour les raisons juridiques que l'on vient si clairement et si justement de rappeler.
Je me suis suffisamment exprimé dans le passé autant que vous me le permettiez, Monsieur le Président, dans les temps de parole - sur les problèmes du midi de l'Italie, soulignant que la catastrophe la plus grande, pour notre Midi, était sa classe dirigeante, pour pouvoir maintenant dire quelques paroles très claires et très franches sur ce thème.
Je suis évidemment d'accord avec la proposition: il faut que les régions moins favorisées de notre Europe - le sud de l'Europe qui s'étend jusqu'au Nord, en quelque sorte - soient aidées pour leur permettre d'affronter des conditions de plus en plus difficiles. Toutefois, Monsieur le Président, nous avons ici depuis vingt ans un exemple: plus nous aidons l'agriculture, et moins nous aidons les agriculteurs! Plus nous aidons l'agriculture, et plus nos campagnes sont dépeuplées. Plus nous aidons l'agriculture, plus nous aidons les complexes agro-alimentaires à faire des agriculteurs une main-d'oeuvre dangereusement subordonnée et toujours en crise! Tel est le problème du midi de l'Italie, et c'est également, je le pense, le problème de nos amis grecs. Ce qu'il nous faut donc appeler de nos voeux, c'est une vision d'ensemble et une politique européenne axée sur les exigences structurelles de ces régions.
Lorsque nous voyons, par exemple, que l'entrée de la Grèce, les droits de la Grèce dans notre Communauté, nous causent parfois des problèmes avec la Tunisie et le tiers monde, nous pensons que cette politique est profondément erronée et dangereuse. Quand nous constatons que, dans notre Midi et ailleurs, les gens sont préoccupés par l'adhésion de l'Espagne ou du Portugal, c'est que manque une vision globale de plus en plus nécessaire, à savoir celle qui consiste à considérer comme une richesse l'unité de l'Europe méditerranéenne, de l'Europe pauvre. Car cette vision, ce serait une chance pour l'Europe et permettrait la transformation nécessaire. Ce serait un triple saut qualitatif. Sinon, nous serons toujours réduits, Monsieur le Président, à une politique d'assistance, cette même politique que nous avons refusée pour le tiers monde. Car nous avons toujours dit qu'au lieu d'une simple assistance, il nous fallait apporter une aideau développement et promouvoir une inter-dépendance. Donc, je soutiens cette réso
lution mais crains beaucoup qu'elle ne soit qu'une goutte d'eau dans l'océan de échecs et des erreurs que notre Communauté a accumulés parce qu'elle est subordonnée aux intérêts agro-alimentaires et industrialo-militaires qui dominent le monde.
Cela dit, Monsieur le Président, permettez-moi pour une fois, de commettre le péché de présomption de penser que je représente toute l'Assemblée, en vous disant, Monsieur le Président, qu'à l'occasion de votre anniversaire, nous sommes de tout coeur avec vous et vous présentons nos meilleurs voeux pour que, très longtemps, vous puissiez continuer à assurer vos fonctions, même si je souhaite de plus en plus vigoureusement Monsieur le Président, que votre parti politique et votre politique soient condamnés, bien entendu...
(Sourires)
151, 17-Dic-96, 22:39, O.Dupuis, I.Forni, *, 37790,
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PE/discorsi di Marco Pannella