SOMMAIRE: Lettre à tous les membres du Parlement européen pour les informer sur la marche de la campagne "trois millions de vivants, tout de suite" et pour les inviter à participer à la Marche de Pâques 1982 pour la vie, contre l'extermination par la faim.

(Langue de l'original: français)

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Strasbourg, le 24 mars 1982

Cher(e) Collègue,

Je vous écris à la demande notamment des lauréats du Prix Nobel Professeur Abdus Salam, Professeur Maurice Wilkins, Lord Philip Noel-Baker, Mairead Corrigan, Betty Williams, Professeur George Wald, ainsi que de plusieurs de nos collègues parlementaires qui sont engagés dans la tentative de réaliser ce que demande le Manifeste des 69 lauréats du Prix Nobel contre l'holocauste de la faim: assurer la survie immédiate des millions de personnes qui sont à l'heure actuelle encore condamnées à mourir dans les prochains mois.

Comme vous le savez, notre Parlement a pour sa part demandé, à la majorité absolue de ses membres, aux 10 Etats membres de la Communauté Européenne d'arracher à la mort avant la fin de l'année 1982 au moins 5 millions de vies humaines parmi celles qui autrement périront durant cette période, victimes de la faim et du sous-développement.

En conclusion d'une réunion de travail internationale convoquée début mars à Bruxelles à ce sujet à laquelle, outre les lauréats Nobel représentants des 69 Prix Nobel du Manifeste, ont notamment pris part Monsieur René Vigneron, Maire de Verdun, président de l'Association Mondiale des Villes Martyres - Villes de Paix, le député belge Jean-Louis Thijs, le collègue Président Karel van Miert, le député Paul Duraffour Président de l'intergroupe parlementaire français sur le désarmement, le collègue Richard Balfe, la collègue Président Antoinette Spaak, le député allemand Axel Adamietz, le député hollandais Aenk Waltmans, le sénateur belge Marjet van Puymbroek, les collègues Luc Beyer de Ryke et Anne-Marie Lizin, le sénateur italien Gianfranco Spadaccia, le collègue Lucien Radoux, Emma Bonino député au Parlement italien et au Parlement européen, le collègue Jaak Vandemeulenbroucke, le sénateur Georges Trussart, le député Simone Jortay, le député belge Basile Risopoulos, le député allemand Helgo Bran, les séna

teurs Pierre Van Roye et Alphonse Royen, le député belge Ludo Dierickx, le député de Berlin Michael Wendt, le sénateur belge Jean-Emile Humblet, le député italien Massimo Teodori, ainsi que des représentants d'organisations non-gouvernementales et un certain nombre d'experts, un accord s'est dégagé en faveur des propositions des représentants des Prix Nobel, motivées par l'extrême urgence de faire traduire en une décision politique concrète la demande d'assurer en 1982 la survie d'au moins 5 millions de personnes. En effet, selon le rapport des Nobel, il ne reste plus aujourd'hui que 76 jours pour que cette décision soit prise, faute de quoi elle interviendrait trop tard pour pouvoir être opérationnelle et avoir ses effets avant la fin de l'année.

Face à cette échéance vitale, dramatique, face à l'urgente nécessité donc de donner corps et voix dans les plus brefs délais à la volonté de l'Europe d'assurer la vie à qui est déjà aujourd'hui à l'agonie mais peut encore être sauvé, un accord unanime s'est exprimé notamment sur l'organisation à Rome, pour le jour de Pâques d'un grand rassemblement et d'une grande marche internationale pour la survie, à laquelle participeront en particulier des Prix Nobel, des parlementaires nationaux et européens, ainsi que leurs familles, afin de manifester d'une façon extraordinaire la volonté de soutien aux "objectifs survie 82". Cette marche se rendra notamment au Vatican au moment même où le Pape Jean-Paul II adressera au monde entier son message de vie et de paix.

Etant donné la valeur et l'importance cruciale de cette initiative, je prends la liberté de vous demander de bien vouloir considérer, malgré la date tardive et les engagements tant personnels que politiques que vous avez déjà très probablement pris pour cette date, de "bousculer" quelque peu votre calendrier de Pâques, afin de donner force, par votre présence, à cette manifestation pour la survie, afin que le peu de jours qui nous restent ne soient pas le temps de la résignation à la mort, mais celui d'une expression politique nouvelle d'espoir et de vie.

Je vous serais très reconnaissant si vous vouliez bien nous faire connaître votre décision, quelle qu'elle soit, dans les plus brefs délais, afin que nous puissions prendre toutes dispositions utiles en conséquence.

Dans l'attente du plaisir de votre réponse, recevez, cher(e) collègue, l'expression de mes sentiments dévoués et les meilleurs.

Marco Pannella

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