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Pannella Marco, G.U.C.E. - 16 gennaio 1990
DECLARATION DU CONSEIL SUR LE PROGRAMME D'ACTIVITES DE LA PRESIDENCE IRLANDAISE

SOMMAIRE: Marco Pannella intervient au cours du débat qui suit la déclaration du Conseil, dont la Présidence revient à l'Irlande, sur le programme d'activités prévu pour le semestre suivant. Pannella rappelle en des termes clairs, décidés et clairvoyants aux représentants des institutions et à l'assemblée plénière que le seul moyen pour donner à l'Europe la stabilité, le bien-être et la paix est -comme l'enseignait Altiero Spinelli- de former les Etats Unis d'Europe. Pour atteindre une telle réforme, il est nécessaire que le Parlement européen et la Commission unissent leurs forces, même s'ils sont en conflit avec le Conseil, pour donner à l'Europe une assise institutionnelle qui marie démocratie, fédéralisme et présidentialisme. Si l'on continue à mener une politique conservatrice ou de petit cabotage, comme celle du Conseil, l'Europe sera écrasée par la bureaucratie et inéluctablement vouée au déclin. (16-1-90)

Pannella (NI). - Monsieur le Président, Altiero Spinelli disait que ce Parlement ne montrerait réellement sa force qu'au moment où il émettrait un vote de méfiance à l'égard de la Commission.

Au même titre, ce n'est que le jour où la Commission aura la force et le courage d'un conflit institutionnel et politique plein avec le Conseil que sera accompli le grand chemin que le président Delors a indiqué à la Commission et à la Communauté tout entière.

Nous avons été, Monsieur le Président, touchés et sensibles à la gentillesse de vos propos. Vous avez été très gentil avec le Parlement, avec la Communauté, avec tout le monde. Mais, si nous y sommes sensibles, nous sommes révoltés par l'absence de propositions concrètes de la part de la présidence irlandaise, fidèle en cela à la très mauvaise tradition du Conseil lorsque des occasions historiques se présentent. Ce qui est vrai, c'est que, dans les images télévisées de toute l'Europe - transmises par les télévisions française, belge et autres - ce que nous avons constaté hier, que nous constaterons aujourd'hui et demain, c'est qu'une initiative a été enlevée à la Communauté par la présidence française, sous l'égide du président de la République française, en ce qui concerne l'aide à l'Est, la création d'une banque de développement des pays de l'Est, etc. La Communauté ne dit mot, ne fait rien et voilà que Paris se pose comme le seul interlocuteur, jusqu'à l'Oural, de la nouvelle Europe.

Je dis tout simplement, Monsieur le Président du Conseil, que ce n'est qu'au moment où vous serez dessaisi de vos fontions, non pas celles des traités mais celles politiques, que ce n'est qu'au moment où le Parlement aura des fonctions constituantes et que ce sera notre Parlement, et non pas les gouvernements qui pourront interpréter la volonté des peuples européens, que nous pourrons aboutir. Aboutir à quoi? Aboutir à ces Etats-Unis d'Europe dans lesquels l'Europe de l'Est voit une certitude politique et institutionnelle.

Il devient de plus en plus clair que l'union économique et monétaire, compte tenu des nouvelles circonstances politiques que Jacques Delors n'avait pas prévues et que personne ne pouvait prévoir, ne peut réellement être réalisée aujourd'hui qu'avec l'Union européenne.

Cette Union européenne, ce n'est pas après mais avant l'achèvement de l'union économique et monétaire qu'elle doit se faire, car elle est l'instrument essentiel pour atteindre réellement les objectifs que, à travers l'union économique et monétaire, nous nous étions donnés. Je n'ai pas d'autre choix que de vous dire, Monsieur le Président du Conseil, que je ne souhaite qu'une chose: une alliance entre la Commission et le Parlement pour que vos fonctions soient réduites au minimum et que toute cette énorme bureaucratie que vous êtes en train d'imposer à l'Europe, pour la détruire, soit balayée par la volonté politique des peuples d'Europe qui, à l'Est comme à l'Ouest, réclament les Etats-Unis d'Europe, l'Union européenne et qui n'ont que faire de vos discours pseudo-technocratiques, en réalité conservateurs de la décadence de vos Etats et de nos Etats.

 
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