MEMOIRE DE RECHERCHEpar Paolo Modugno
Institut d'Etudes Politiques de Paris
TABLES DES MATIERES:
INTRODUCTION
1. Le Parti Radical: une expérience singulière dans le panorama politique italien.
1 1. Contenus et formes du Parti Radical.
1.1.1. Du premier au nouveau Parti Radical: le courant de "Sinistra Radicale".
1.1.2. Une forme d'organisation "sui generis"
1.2. Les racines du choix transnational dans l'essence même du Parti Radical.
1.2.1. L'histoire personnelle de son leader.
1.2.2. Le statut et l'élection d'un "étranger" à la tête du Parti.
1.2.3. Les principales batailles des annees 1980
1.2.3.1. Le combat contre l'extermination par la famine dans le monde.
1.2.3.2 La lutte pour la reconnaissance des Droits de l'Homme dans les Pays de l'Europe de l'Est.
1.2.3.3. L'action pour les "Etats Unis d'Europe".
2. Le projet politique du Parti Radical Transnational.
2.1 Un projet qui repose sur trois idées forces.
2.1.1. Le divorce entre le savoir et le pouvoir
2.1.2. La non visibilité et le caractère non démocratique des véritables lieux du pouvoir.
2.1.3. L'équivoque "nationale".
2.2. L'adéquation du projet transnational à l'organisation du Parti.
2.2.1. Sur le plan statutaire.
2.2.2. Sur le plan financier
2.2.3. La question du manque de référents institutionnels dans la société internationale et les correctifs proposés pour sa democratisation.
2.2.3.1. Le niveau communautaire.
2.2.3.2. Le niveau international.
2.2.3.3. L'organisation au niveau mondial des élus et
le "projet éditorial".
CONCLUSION
"Le principe de la souveraineté nationale est obsolète et n'est plus adapté à la réalité actuelle (..)
L'abolition d'un principe aussi vénéré, encore profondément enraciné dans notre tradition politique, constitue une innovation qui nous procure de sérieuses difficultés et qui nous apparaît même difficile à comprendre théoriquement, et ce, surtout parce que jusqu'ici aucune alternative convaincante n'a été élaborée".
AURELIO PECCEI
"Il faudrait qu'en même temps les fondements mythologiques/réligieux de la nation, leur caractère matripatriotique, soient étendus, non plus seulement à l'échelle de notre continent (..), mais aussi à l'ensemble d'une planète désormais reconnue comme seule maison home, heimat pour l'espèce humaine et menacée du plus grand danger par l'espèce humaine elle même.
Comme la communauté nationale, la communauté planétaire a son ennemi, mais la différence radicale est que l'ennemi est en nous mêmes et qu'il est difficile de le reconnaître et de l'affronter".
EDGAR MORIN
"Le Parti Radical italien n'est plus un parti italien, mais le seul parti européen autenthique, le recours pour lutter efficacement contre le racisme, la bêtise, pour les Droits de l'Homme et la liberté, pour les véritables enjeux politiques de demain".
MARCO PANNELLA (Globe, Nov. 87)
AVANT--PROPOS
Ce mémoire est le fruit d'un travail de recherche commencé en aout 1991, pendant mon stage au Parlement européen auprès du Secrétariat des membres Non Inscrits (parmi les quels figure Marco Pannella).
C'est ici que j'ai pu retrouver le Parti Radical. Cette fois en tant que "chercheur aux premières armes" succédant au "militant en herbe" que je fus. (J'avais été inscrit pour une breve période au Parti Radical à l'age de 15 ans).
En finissant ce travail au début du printemps 1992, je me dois de procéder aux remerciements qui, en ce cas, ne sont vraiment pas de rite.
Comment je pourrais rendre compte, en fait, de l'extraordinaire disponibilité qui m'a été manifestée par toute l'équipe du secrctariat des Non Inscrits?
Comment décrire l'inlassable patience de Mlle Paola Casadei, qui a transcrit la totalité de ce texte (en supportant mes perfectionnismes et mes ratures) ou de M. Alberto Novi qui en a soigné l'élaboration graphique en surmontant ma romantique allergie aux moyens télématiques?
Sans pouvoir échapper au risque d'en oublier, je veux, enfin, rendre hommage à la courtoisie exquise de M. Germano Verderame (mon directeur de stage) à la mémoire encyclopédique de Gianfranco Dell'Alba (ancien secrétaire personnel de Marco Pannella) et à l'appui essentiel qui a été représenté pour moi par la présence de M. Christian Veys et Jean Luc Robert.
INTRODUCTION
Le XXXIVeme Congrès du Parti Radical s'ouvre avec le slogan suivant: "Au delà des frontières, des partis, des Etats nations pour l'Europe du droit et de la nonviolence". Ce Congrès, qui se tiendra à Bologne du 2 au 6 janvier 1988, sanctionnera le choix du Parti Radical de se transformer en un "sujet politique transnational". Dans la motion générale (approuvée par la grande majorité du Congrès) on lit: "Désormais on ne peut plus renvoyer la construction d'une force politique transnationale, seul instrument adéquat pour affirmer les idéaux et les valeurs et pour atteindre les objectifs qui ont constitué pendant trente ans la raison même du Parti Radical et de ses luttes politiques."
Se pencher sur l'étude de la constitution de ce nouveau Parti Radical transnational exige, au préalable, un travail de définition. Si le terme meme de parti ne va pas de soi lorsqu'on approche l'analyse de ce groupe politique "sui généris" (voir à la note 20), en guise d'introduction, on portera notre attention sur le sens du mot "transnational". (Appliqué au champ du politique ce terme nous conduira nécessairement à revenir sur celui de "internationalisme").
Selon Yves Roucaute (1) un des premiers théoriciens à introduire la notion de "société transnationale" a été R. Aron (2).
Cependant, l'origine même du mot "transnational" est anglosaxonne (3) et c'est aux Etats Unis qui, autour de la revue "International Organisation" se constitue, au début des années 70, un nouveau courant d'etude des relations Internationales:"le transnationalisme". (4)
Pour les adeptes de ce courant la compréhension de la société internationale exige de prendre comme point de départ, non pas les Etats, mais les phénomènes d'interdépendance et d'interaction globale qui caractérisent, selon eux, le système politique international. Ces chercheurs définissent les"relations transnationales" comme:
"l'ensemble des mouvements qui traversent les frontières quand un des acteurs au moins n'est ni un agent gouvernemental, ni une organisation internationale". Toutefois, ils prennent en considération, essentiellement, les "acteurs" relevant du domaine socio économique. (5)
Ils constatent en fait, que les acteurs transnationaux qui relèvent du politique, voient leur rôle décliner: "Politically, the man without a nation state is still rare" (6).
L'analyse de la société internationale faite par le courant "transnationaliste" nous renvoie donc, à l'histoire de l'intemationalisme. (7)
A l'heure actuelle, comme l'on verra mieux ensuite,ce qui reste des "internationales", tout comme des organisations des autres familles politiques, "relève bien plus", selon les mots du politologue D.L. Seiler, "du tourisme politique que de l'élaboration de stratégies planétaires.." (8)
Après cette digression "académico languistique", il convient maintenant de préciser qu'est ce que les radicaux voient derrière l'épictète de "Parti Radical transnational".
Au delà du simple agrégat, international de sensibilités politiques qui restent nationales, les radicaux se proposent, en effet, de créer quelque chose de profondément nouveau. En dépassant leur propre histoire, ils prennent la détermination de se constituer en un sujet politique qui soit transnational "non seulement dans la proclamation de ses idées, mais déjà dans son organisation et sa composition associative". (9)
Par "Parti transnational" les radicaux entendent, en fait, un parti dont la "classe dirigeante" soit composée de membres ressortissant de différents pays et appartenant, même, à
différents partis.
Il faut souligner, en effet, que le caractère "transparti" accompagne toujours, dans la construction théorique radicale, la dimension transnationale.
Dans la motion du congrès de Bologne il est écrit: "à partir de ce moment le Parti Radical se propose comme un instrument d'organisation politique, au delà et au travers des frontières nationales, ouvert aussi à la participation de membres appartenants à différents partis nationaux."
Dans ce dessein, la dénomination de "Parti" est vigoureusement réaffirmée: "Si le parti radical s'appelle »parti , c'est pour contester et ne pas abandonner aux Partis de la partitocratie et de la dictature l'appellation et le terme même dont ils font usage". (10)
Dans notre travail on analysera, dans un premier temps, le contenu et les formes du Parti Radical, tout en mettant en évidence comment le choix de se constituer en parti transnational, trouve ses préalables dans l'essence même du parti; dans un second temps, après avoir décrit l'analyse sur la quelle se fonde le "nouveau projet politique" du P. R., on étudiera son articulation avec la théorie de l'organisation du parti, et avec la réalité de la société internationale.
1. LE PARTI RADICAL UNE EXPERIENCE SINGULIERE DANS LE PANORAMA POLITIQUE ITALIEN
1.1. Le Parti Radical naît en décembre 1955 d'une scission du "Parti Libéral".
Dès son origine le P.R. manifeste, par son contenus et ses formes, une ouverture sur l'extérieur tout à fait particulière dans le panorama politique italien.
Dans l'intervention au IIème Congrès du parti, en juin 1956, Leo Valiani, une des figures les plus représentatives du P.R., inscrivait l'action du parti dans "les méthodes de l'expérience radicale occidentale, travailliste, roosveltienne". (11)
1.1.1. En son sein, le courant "Sinistra Radicale" (qui réunit ceux qui, ensuite, dans la seconde moitié des années "60, donnerons vie, avec Marco Pannella, au "Nouveau Parti Radical") témoigne d'un attachement encore plus marqué aux questions "internationales".
Parmi les objectifs présentés par ce courant au "Conseil National du parti en Novembre 1960 figurent: "la Fédération européenne à poursuivre immédiatement par des élections directes et la fédération, ou en tout cas l'organisation commune, de tous les mouvements socialistes,populaires et révolutionnaires .. dans l'Europe occidentale". (12)
Les thèmes du désarmement et du pacifisme, qui étaient partie intégrante du projet politique du groupe le mettaient en contact avec d'autres mouvements de la "nouvelle gauche" occidentale qui se réunissait dans la "Confédération Internationale pour la Paix et le Désarmement".
Dans le bulletin "Sinistra radicale", dont il était le directeur, Giuliano Rendi (une des figures de proue du courant) écrivait: "Aujourd'hui on combat pour la paix en s'engageant, d'un côté, pour le désarmement et la paix et d'un autre coté, par la lutte contre le colonialisme et pour le développement du pouvoir supranational de l'ONU". (13) (14)
Dans cette vision internationale une place tout à fait particulière revient aux rapports avec celui qui, à gauche, fait de "l'internationalisme" une des caractéristiques fondamentales de son essence: le mouvement communiste.
Dans un articIe publié par M. Pannella dans "Il Paese" du 24 mars 1959 on peut lire: "Ce sont les choses en Europe à poser d'une façon dramatique l'interrogation suivante: est il possible que l'alliance de la gauche démocratique et de celle communiste pour la défense et le développement de la démocratie se réalise?".
Et en 1962, dans un editorial de "Sinistra Radicale" il est affirmé que: "la tâche de poursuivre le processus de rapprochement à la démocratie politique du communisme et de reconduire sa thématique essentielle aux valeurs historiques de l'Europe occidentale, revient à nous démocrates, non moins qu'aux communistes eux mêmes. Ce processus difficile et dialectiquement complexe est, en ce qui nous concerne, déjà commencé. Vouloir affirmer que le but est lointain est seulement une façon pour l'éloigner et le nier".(15)
Dans ce petit groupe donc on retrouve déjà, "in nuce", tous les ingrédients qui donneront substance aux futures batailles du "Nouveau Parti Radical" qui va naître dans le milieu des années 60.
L'originalité du Nouveau Parti Radical réside dans le mariage autour de Marco Pannella, des thèmes traditionnels de la culture "libérale démocrate" avec toute une série de contenus inédits pour le panorama politique italien: l'antimilitarisme le plus intransigeant (prônant le désarmement unilatéral et l'objection de conscience), la bataille antinucléaire, les luttes pour les droits civils et, en particulier, pour les libertés sexuelle et d'expression.
Inédites sont même les méthodes de son action politique. Elles s'inspirent des mouvements contestataires anglais et américain des années 60 et surtout de la "nonviolence (16) gandhienne": défilés, sit in, grèves de la faim et la pratique de la "désobéissance civile". (17)
Et nouvelle est aussi la "forme parti" dessinée par le Statut (approuvé en 1967 au III Congrès à Bologne). Celui ci prévoit, en opposition ouverte avec les modèles centralistes, une structure "fédérative", qui se fonde sur l'inscription directe et annuelle, autour d'une bataille principale, et sur la participation "autonome" des associations radicales et des "Groupes non radicaux fédérés", à la vie du parti. (18)
Pour les adhérents au P.R. il s'agit de souscrire à un "pacte", à un "contrat", pragmatique et non idéologique (bien que assis sur des valeurs fortes) finalisé à atteindre des résultats concrets et sanctionnés par le droit. (19)
Cette formule permet au nouveau sujet politique (qui est conduit par un groupe dirigeant uni et homogène et dispose d'un leader "charismatique" incontesté: Marco Pannella), d'avoir une structure à la fois souple et efficace.
1.1.2. Cette forme d'organisation "sui generis", se situe à mi chemin entre un véritable parti politique (20) et un mouvement politique de contestation.
Du premier, le sépare son refus du professionnalisme politique, son manque d'une structure bureaucratique de fonctionnaires, qui caractérisait les formations politiques jusqu'aux plus petites formations de la gauche révolutionnaires.
Il se rapproche du second par son rapport direct, non médié avec la société civile.
Le Parti Radical a toujours agi, en effet, comme un catalyseur et une courroie de transmission vers les lieux du pouvoir, de demandes sociales qui étaient déjà majoritaires dans le pays. (21)
Selon le politologue italien Angelo Panebianco: "les partis traditionnaux (qu'ils soient de majorité ou d'opposition, conservateurs ou progressistes) ils visent toujours à exercer une hégémonie sur la société civile, pour essayer de parvenir à une »direction unitaire des secteurs qu'ils organisent et/ou représentent". (22) (23)
"Le projet politique" des radicaux, par contre, a été d'après cet auteur celui de: "redonner à la société civile une expression politique autonome en faisant sauter, ou moins en partie, la médiation de la société politique".(24)
L'existence de ce "projet politique général" est l'élément qui fait la différence entre le Parti Radical et, les mouvements politiques de contestation ou un quelconque groupe d'intérêt. (25)
La lutte pour les droits civils, en effet, est considérée, par les radicaux, comme un levier pour enclencher une transformation générale des rapports sociaux ayant comme référence un modèle de société spécifique: "le socialisme libertaire".
1.2. Après avoir brièvement décrit le contenu et les formes de l'action politique du Parti Radical, il convient maintenant de mettre en évidence comment il est possible de retrouver les racines du choix "transnational", dans l'essence même de ce parti. On verra cela à travers l'analyse de: l'histoire personnelle de son leader, son statut et les principales batailles conduites à partir des années 80.
1.2.1. Marco Pannella naît en 1930, à Teramo, dans les Abruzes, de père italien et de mère francaise (Mme. Andrée Estachon, de Grenoble). Ses fréquentations avec la langue et la culture française remontent donc à son enfance.
Il aura, ensuite, l'occasion de les approfondir entre 1960 et 1963 lorsqu'il sera le correspondant du quotidien "Il Giorno" à Paris.
C'est là qu'il nouera des contacts importants avec toute une partie de "l'intelligentsia parisienne" et en particulier avec les milieux de la "Nouvelle résistance" qui se battent, en ces années là, contre la guerre d'Algérie.
Ces rapports préférentiels avec la France, on les retrouvera tout au long de sa carrière politique et notamment au moment de la bataille contre l'extermination par la faim dans le monde pendant laquelle ses actions "nonviolentes" seront abondamment relatées par la presse écrite et audiovisuelle de ce pays. (26)
A ce portrait, forcément sommaire, il faut ajouter le fait que, depuis la première élection au suffrage universel direct, en 1979, du Parlement européen, Marco Pannella retrouvera toujours son siège de député dans l'hémicycle de Strasbourg.
Le "forum" du parlement européen avec ses possibilités de rencontre, ses ébauches de structure supranationale (mais aussi ses faibles pouvoirs) représentera donc, un lieu idéal pour l'observation de la réalité internationale et pour la maturation du projet transnational.
1.2.2. Mais, mises à part les vicissitudes personnelles de son leader, le caractère "international" du Parti Radical peut être éclairé par l'analyse de son statut et attesté par l'épisode de l'éléction de M. Jean Fabre à la tête du Parti.
La référence à la nation, en effet, est absente du statut du P.R. aussi bien en ce qui concerne le nom du parti, que pour ce qui est de ses procédures d'inscription.
Le parti s'appelle, en fait, "Radical" tout court, sans être suivi de l'adjectif "italien" comme la presque totalité des autres formations politiques, notamment dans la tradition des partis dits "laïcs" dont il est sorti (par exemple le PLI "Partito Liberale Italiano", le PSI "Partito Socialista Italiano" ou le PRI "Partito Repubblicano Italiano").
En deuxième lieu, à la différence de ceux de tous les autres, le statut du Parti Radical stipule (en son point 2.1.1.): "Peut s'inscrire au Parti Radical, n'importe qui, même s'il n'est pas citoyen italien". (27)
Les seules conditions demandées sont:"l'acceptation du présent statut" et "le versement du montant de l'inscription individuelle" (celui ci constitue un passage très important étant donné l'importance que ce parti attache à "l'autofinancement".
C'est ainsi que, au Congrès de Bologne de novembre 1978, le Parti radical a élu M. Jean Fabre, militant anti militariste et nonviolent et, citoyen francais, comme "Secrétaire fédéral" du Parti.
A cette occasion, dans un article publié dans le quotidien "Il Giorno" du 1 novembre 1978 sous le titre "Internationalistes", Marco Pannella écrit: "Enfin, il y a un évêque de Rome à qui le »concordat confère, non seulement des droits de citoyen mais aussi des privilèges de fonctionnaire public italien, qui est polonais de naissance, et maintenant, il y a aussi un Secrétaire général de parti, représenté au Parlement, qui est de nationalité française, il faut donc prendre acte d'une transnationalité" »clérico catholique , et d'une autre socialiste, libertaire, pacifiste et nonviolente. Celles ci nous paraissent deux très bonnes choses".
L'éléction de M. Jean Fabre à la tete des organes dirigeants du P. R., a été à l'origine d'une intéressante "dispute constitutionnelle lorsque, en février 79, le Président de la République italienne, M. Sandro Pertini, refusa de recevoir le nouveau Secrétaire, dans le cadre des traditionnelles "consultations" ouvertes en vue de former un nouveau gouvernement. (28)
1.2.3. Cette essence "internationale" du Parti Radical s'exprime pleinement dans ses batailles des années 80.
Si les années 70 sont caractérisées, en fait, par les luttes pour l'affirmation en Italie d'un certain nombre de "droits civils", les années 80, sont celles de "l'éclosion" des thèmes "supranationaux". (29)
La ligne de partage se situe au tournant de la décennie et elle est marquée par deux textes fondamentaux dans l'histoire du parti: le préambule au Statut, approuvé, dans le XXème Congrès "extraordinaire" tenu à Rome en Mars 1980, et le "Manifeste appel des Prix Nobels", présenté en juin 81.
Le Préambule de mars 1980, ne fait que codifier, formellement, les références au droit, à la nonviolence et au respect de la "personne" humaine qui avaient balisé, jusque là, le chemin du Parti. (30)
Cependant, ce texte, qui se clôt par l'engagement de "conférer à l'impératif de »ne pas tuer , valeur de loi historiquement absolue, sans exception même pas celle de la légitime défense", représente un point de rupture très important dans la trajectoire politique et idéale du P.R.
A partir de ce moment là, en effet, la composante "nonviolente" primera, désormais, sur les aspects plus "traditionnels" du parti, et des nouveaux horizons, les contours desquels s'étendent au delà du cadre national, s'ouvriront à son activité.
Après "le divorce" et "l'avortement", symboles de l'engagement en faveur des droits et des libertés individuelles, il reviendra désormais à la lutte contre la famine dans le monde d'être le pivot autour duquel s'organisera la refondation du Parti.
1.2.3.1. Cette bataille, commencée en 1979, à la suite de la publication du Rapport de l'UNICEF, annonçant la future mort par famine, à la fin de l'année, de 40 millions d'individus, va polariser la plupart des énergies du parti pendant plus de 5 ans.
Elle atteindra son apogée lors de la présentation, en juin 1981 du Manifeste appel des Prix Nobels.
Ce texte, rédigé par Marco Pannella sera signé, au début, par 53 Prix Nobel. Leur nombre dépassera ensuite la centaine, et ils seront rejoints dans ce soutien, par plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que par différentes personnalités de la vie politique, culturelle et spirituelle internationale.
Le "Manifeste" définit une nouvelle approche dans la façon d'affronter le problème de la famine.
Constatant les échecs de la politique traditionnelle des "aides au développement", il propose de partir non pas des grands projets ou des modèles économétriques con5us selon les catégories des pays occidentaux, mais de s'attaquer, "hic et nunc", aux exigences les plus immédiates de sauvegarde de la vie des populations touchées par ce " nouvel holocauste".
"Il faut qu'à leurs niveaux respectifs, qu'ils soient électoraux ou parlementaires, gouvernementaux ou internationaux, les citoyens et les responsables politiques choisissent et votent de nouvelles lois, de nouveaux budgets, de nouveau projets et des nouvelles initiatives destinées à sauver immédiatement des milliards d'hommes de la malnutrition et du sous développement, et des centaines de millions d'autres qui, à chaque génération, meurent de faim". (31)
Voilà la méthode, volontariste et pragmatique, qui veut se "rebeller" contre la résignation d'un pseudo réalisme, qui considère comme une fatalité ce qui appartient au contraire, selon les radicaux, à la responsabilité et au "désordre établi". Elle affirme comme un nouvel "impératif catégorique" le devoir de "ne pas obéir à d'autre loi qu'à celle fondamentale des droits de l'homme et de la personne qui est avant tout un Droit et un droit à la vie". (32)
A travers cette démarche, et avec "les armes de la démocratie politique et des grandes actions nonviolente gandhiennes" (33), les radicaux et ceux qui ont voulu se mobiliser avec eux dans ce combat (34), sont parvenus à atteindre quelque résultat important.
C'est ainsi que, le 30 septembre 1981, le Parlement européen adopte (par 246 voix sur 434 députés) une résolution que M. Claude Cheysson, à l'époque Ministre des Affaires étrangères de la République française, qualifiera "d'historique". Elle demande aux gouvernements des Etats membres de consacrer au moins 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement et elle sollicite les Etats membres afin qu'ils saisissent d'urgence le Conseil de Sécurité des Nations Unies du problème.
La résolution du Parlement Européen sera suivie de celles votées par les Parlements belge, italien, luxembourgeois et même par la Chambre canadienne!
Cependant, les radicaux, sont bien conscients que les aboutissements escomptés restent toujours très éloignés des espoirs et des revendications formulés. Ils se rendent dramatiquement compte, en effet, de ne pas disposer dans la société internationale ni des instruments, ni des référents adéquats, pour la poursuite de leur lutte.
1.2.3.2. La bataille contre la famine dans le monde a été l'occasion, aussi, de réactiver un des autres "filons" traditionnel de l'initiative "internationale" du parti radical: la lutte pour la reconnaissance des Droits de l'homme dans les Pays de l'Europe de l'Est.
Délà en septembre 1968 les radicaux avaient tenu des manifestations dans plusieurs capitales de ces pays pour protester contre l'invasion de la Tchécoslovaquie de la part des troupes du Pacte de Varsovie (34). Le 19 avril 1982 ils réitèrent en organisant des "commandos nonviolents" qui à Moscou, à Prague, à Berlin Est, à Budapest et à Sofia distribuent des tracts pour soutenir les objectifs de la "campagne contre l'extermination par la famine dans le monde"et revendiquer l'application des Accords d'Helsinki sur les Droits de l'Homme.
Au cours de ces démonstrations plusieurs manifestants viennent à être arretés par les différentes polices des régimes communistes et une importante mobilisation internationale se développe en leur faveur. (36)
Cette attention vis à vis de "l'Est" restera une constante dans la vie et l'activité du Parti radical.
A l'initiative d'un de ses membres, A. Stango, est crée en 1981, un "Comité pour la défense des Droits de l'Homme dans les Pays de l'Est.
Ce Comité mène, en coopération avec le Parti Radical, toute une série d'actions concrètes qui vont des pressions pour obtenir la libération des détenus politiques et le droit à l'expatriation pour des raisons politiques ou religieuses (juifs soviétiques), jusqu'au suivi des conditions de vie des réfugiés qui sont installés dans des camps en Italie. (37)
Dans le même temps, "le Comité" promeut aussi la réflexion sur ces questions par l'organisation de rencontres et de colloques et par la publication d'une revue trimestrielle "Confronto con l'Est", 14 numéros paraltront entre 1981 et 1988.
(En 1988, enfin, après la création du "Comité italien Helsinki" membre de "l'International Helsinki Federation", le "Comité pour la défense des Droits de l'Homme dans les Pays de l'Est" se dissoudra et ses membres rejoindront cette nouvelle organisation, qu'ils avaient par ailleurs, contribué à fonder). (38)
L'information est au centre de cette bataille pour l'affirmation des droits de l'homme dans les pays de l'Europe de l'Est.
Les radicaux soutiennent que le droit à l'information et la liberté de circulation des idées et des personnes constituent une arme qui si elle était utilisée, minerait les fondements à la fois moraux, idéaux et structurels des régimes fondés sur l'organisation totalitaire de la société.
Ils considèrent, avec Vladimir Bukowski que: "le régime soviétique tel qu'il est, aurait dû disparaltre depuis longtemps, si seulement dix pourcents des dépenses militaires courantes du Monde Libre étaient utilisées pour la lutte idéologique, pour l'information contre ce système". (39)
Dans le sillon de la tradition "libéral démocrate" qui, de Kant à Schumpeter, voit dans le développement et l'affirmation de la démocratie le meilleur antidote à l'éclosion des guerres, les radicaux estiment que: "la seule alternative est celle de défendre et d'imposer à l'Etat totalitaire les principes du processus formatif, nécessairement lent, contractuel et contradictoire des décisions dans un Etat démocratique, comme unique protection efficace et expérimentée, toute aussi imparfaite qu'elle puisse être, contre les tentations de guerre". (40)
Il est bon à ce propos de rappeler que jamais dans l'histoire une guerre s'est produite entre deux nations démocratiques! (41)
Dans le cadre de la lutte pour la démocratie dans les Pays de l'Est, une position tout à fait particulière a été réservée au cas de la Yougoslavie.
Les radicaux, et leur leaders en tête (42), ont été parmi les premiers à se saisir de la situation spécifique de ce pays dans le camps communiste. Dans la tentative de l'ancrer au concert des Etats démocratiques ils ont demandé, dès la fin des années 70, son adhésion à la C.E.E.
Dans le contexte dramatique de la guerre civile (ou d'agression) qui met à fer et à feu ce pays depuis Juin 1991, les Radicaux ont essayé, avec toutes leurs forces de défendre la cause de ceux qul étaient envahis par "l'agression sauvage et putchiste de Milosevic". (43)
Et cela tout en essayant d'envoyer un message de dialogue aux soldats de l'armée ex fédérale considérés comme "les premières victimes de l'oppression et de la haine". (44)
Une intense activité a été déployé par les responsables radicaux, aussi bien dans un cadre national qu'au niveau du Parlement européen. (Une trace de la philosophie qui a inspiré les radicaux dans leur action est conservé dans la Motion sur la Yougoslavie approuvée lors de la première session du Conseil Fédéral du Parti, qui s'est déroulée à Rome du 19 au 22 septembre. Le texte intégral est reproduit en annexe ) . Après avoir tenu de facon hautement symbolique, la IIème session de leur Conseil fédéral à Zagreb (du 31 octobre au 3 novembre), les radicaux, en outre, ont organisés pendant la dernière semaine de 1991, une action nonviolente sur le front de la guerre, aux cotés des forces de défense croates. (45)
"Face à une agression manifeste le nonviolent ne reste pas neutre entre l'agresseur et l'agressé, il prend position", écrivait un des participants à cet action le député Lorenzo Strik Lievers. (46)
1.2.3.3. Cet engagement pour l'affirmation de la démocraties et des droits dans les pays de l'Europe de l'Est, n'est pas du tout étranger au dernier grand combat dans lequel se concentrent les énergies du Parti Radical dans la seconde moitié des années 80: l'action pour les Etats Unis d'Europe.
Une fois de plus, là aussi, cette lutte trouve ses présupposés à l'origine même du Parti Radical. (Voir supra les thèses de "Sinistra Radicale"). Cependant, déterminante afin qu'elle refasse surface et devienne le premier objectif de l'activité du parti, a été la rencontre avec la personnalité de l'inlassable militant fédéraliste Altiero Spinelli.
Celui ci faisait partie, si l'on peut dire, du "tableau de famille" du premier Parti Radical.
Le "Manifesto di Ventotene (texte base du fédéralisme italien) avait été écrit par lui avec E. Rossi, un des fondateurs du Parti et référence première de son leader Marco Pannella. (47)
Marco Pannella lui même avait été pressenti, très jeune, par A. Spinelli comme possible Secrétaire de la Jeunesse Fédéraliste européenne.
Puis, après le refus de celui ci (48), leurs chemins s'étaient séparés, chacun poursuivant ses objectifs de façon différente, jusqu'à ce que ils se retrouvent dans le Parlement européen directement élu, en 1979.
Cette "retrouvaille" eut son moment culminant dans le XXXI Congrès du Parti Radical, à Florence, en octobre 85, ou Altiero Spinelli prononça un de ses derniers discours.
Dans l'atmosphère de profonde émotion du Congrès, ce presque octogénaire, avec sa carrure de colonne dorique et sa barbe de sophiste de la "Grande Grèce", lègue au Parti Radical la tâche de poursuivre la bataille pour les Etats Unis d'Europe qui avait façonné toute son existence et d'y apporter cette "ferveur" et ce "grain de folie" qui caractérisait, selon ses propres mots, ce parti.
Il en exhortait, donc, les membres à mener, au niveau européen, la même action d'aiguillon qu'ils avaient su conduire, d'après lui, au temps du divorce, dans le Parlement italien et dans le Pays: "Je pense que si vous mettez dans cette lutte européenne un peu des efforts que vous avez su mettre dans vos luttes nationales, vous pourrez obtenir un résultat, dès lors que la situation s'oriente aujourd'hui en ce sens". (49)
Et les résultats, là aussi, ne se feront pas atteindre.
Le 10 février 88, à l'initiative des élus radicaux (qui s'appellent, désormais, "fédéralistes européens" (50)), la Chambre des Députés italienne approuve une Résolution demandant d'une part, l'attribution au Parlement européen de pouvoir constituants pour arrêter définitivement le "Traité de l'Union européenne" et, d'autre part, l'élection, en juillet 89, des Présidents du Conseil des Ministres et de la Commission par le Parlement européen et les élus des Parlements des Douzes, réunis en "Etats Généraux des peuples européens".
La résolution est signée par M. F. Piccoli Président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre et par M.Pannella, et appuyée par 280 députés apartenant à tous les groupes politiques, extreme droite exclue. (51)
Par ailleurs, les députés "fédéralistes européens" sont à l'origine, aussi, de la Loi instituant, en Italie, avec une large avance sur le processus d'intégration communautaire, le droit à "l'électorat passif" aux élections européennes pour les ressortissants de pays membres de la Communauté. (52)
Parallèlementaux initiatives "institutionnelles"les radicaux, conformément à leur tradition, descendent aussi dans la rue.
Ils entreprennent, dans plusieurs pays de la Communauté, une récolte de signatures pour appuyer la présentation, dans les différents Parlements, de textes reprenant les objectifs énoncés dans la résolution "Piccoli Pannella".
En Italie, ils soutiennent la "proposition de loi d'initiative populaire", promue par le "Mouvement Fédéraliste Européen" fixant la tenue, conjointement aux élections européenne, d'un "referendum consultatif sur l'attribution de pouvoir constituants au Parlement européen.
Cependant, une fois de plus, les résultats ne se révélèrent pas à la hauteur des espérances des dirigeants du Parti Radical.
Dans une série de" Notes", pour le Congrès de Bologne de janvier 88, Marco Pannella écrit: "Depuis des années nous ne réussissons pas, sur le plan parlementaire à avoir d'autres succès qu'instrumentals, en réponse à des grandes batailles extrainstitutionnelles, nonviolentes, de parti et de partie. Depuis des années nous ne réussissons pas à traduire en réalité vivante ce qui constitue nos victoires politiques ou les demi succès parlementaires: les lois et les actes parlementaires n'ont plus de leur côtés aucune certitude, ils ne sont pas des »conquêtes si non d'un matin. Et chaque fois que nous nous rendons disponibles pour »gouverner de conquêtes de ce type, tout de suite le refus est total et net, comme l'affaire »faim dans le monde démontre amplement".
C'est ainsi que les radicaux vont lancer, à eux mêmes et aux modes traditionnelles d'organisation de l'activité politique, le formidable défi de la construction d'un Parti transnational.
2. LE PROJET POLITIQUE DU PARTI RADICAL TRANSNATIONAL
Epuisé l'effet mobilisateur des combats pour les droits civils, et les résultats de ses premières batailles internationales n'étant pas satisfaisants, le Parti Radical se trouve, dans la seconde moitié des années 80, devant un choix fondamental pour sa propre existence.
Il pouvait essayer de garder son originalité, malgré la non perméabilité, dans le fond, de la société politique italienne et internationale, ou bien il pouvait devenir "un parti comme les autres" en renforcant sa structure bureaucratique et organisationnelle.
La première option aurait été celle de la "perpétuation", selon une parabole, bien connue par la "sociologie des organisations", dans laquelle le fin de la survie primerait sur les objectifs politiques substantiels du groupe
La deuxième hypothèse, aurait consisté en "l'homologation", avec une action politique toujours plus intéressée et conditionnée par les équilibres inter partis et toujours moins sensible aux sollicitations des mouvements collectifs.
C'est pour conjurer, ces deux évolutions possibles que Marco Pannella, avec l'habilité consommée du leader charismatique qui est la sienne, change radicalement les données de base du problème en proposant le "saut qualitatif" de la constitution d'un Parti transnational.
Le parti, dans la "théorie de la praxis" radicale n'est qu'un simple instrument de la lutte politique. Si donc, pour les raisons d'impraticabilité du jeux démocratique, que l'on va voir, cet ustensile "ne marche plus" comme dit son leader, il est évident, pour celui ci, qu'on se doit de le changer.
Selon A. Bandinelli, "pour Pannella" le parti radical ne doit pas etre identifié avec les forces humaines qui en constituent, dans le moment présent les militants effectifs, mais il va envisagé, au delà de ces lmites, comme un modèle toujours à réinventer et a reconstrulre". (53)
Après avoir vu le contenu et le formes de l'action politique du Parti Radical et avoir mis en relief comment le choix transnational, trouve ses préalables dans l'essence même du Parti il convient donc, dans cette seconde partie, d'étudier quel est le nouveau "projet politique général" du Parti et son articulation avec sa "théorie de l'organisation".
2.1. Le nouveau projet politique du Parti Padical repose sur une analyse de la "société" internationale, qui se fonde sur trois "idées force" et un constat préalable.
Le constat, est celui de l'interdépendance croissante et irréversible entre les pays, leurs économies, leurs cultures, leurs environnements. Comme le dit le "Document de Stockholm" sur le "gouvernement et la sécurité globale", des différentes enceintes et commissions spécialisés des Nations Unies (54) émerge "un dénominateur commun de base: aucune nation ne peut résoudre ses problèmes toute seule". (55)
Quant aux trois idées, elles sont constituées tout d'abord, par le divorce entre le savoir et le pouvoir, ensuite, par la non visibilité et le caractère non démocratique des véritables lieux du pouvoir et enfin par l'équivoque de l'organisation essentiellement nationale des partis politiques.
2.1.1. En ce qui concerne la séparation entre "le savant" et "le politique", dans la lettre de convocation du IIIème Congrès italien du P.R. de février 91, Marco Pannella écrit: "Le divorce contemporain entre le savoir, la science, le conscience et la culture d'une part et la politique et le pouvoir d'autre part, fait en sorte que le pouvoir a toujours moins de pouvoir sur les grands problèmes auxquels il devrait savoir donner des solutions".
Et encore, dans l'éditorial du premier numéro du Journal "Le Parti Nouveau", on lit: "Jamais comme aujourd'hui la culture et l'histoire de la pensée politique n'ont pu fournir des solutions à choisir déjà mises au point, qu'il s'agisse de démocratie politique, de droits de l'homme ou d'écologie". (56)
En s'exprimant au sujet "des droits de l'homme" le philosophe italien Norberto Bobbio soutenait que: "le problème grave, aujourd'hui, ce n'est pas celui de les fonder, mais plutôt celui de les protéger". (57) Car, selon lui, le problème du fondement a été résolu par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, approuvée par l'Assemblée Générale de l'ONU en 1948, qui rencontre un "consensus général" au niveau mondial.
On serait tentés d'appliquer le même raisonnement aux grandes questions qui menacent la vie même de la planète: explosion demographique, sous développement, famine, pollution....
Les problèmes fondamentaux de notre temps, en effet, apparaissent non pas comme se prévalant scientifiques, ou philosophiques, mais il sont éminement politiques!
Dans le "Rapport sur le Développement humain 1991" du P.N.U.D., il est affirmé que: "Si les obstacles au développement de l'humanité consistaient dans la faiblesse des ressources, dans les barrières insurmontables de la technique, la tâche serait désespérée. Nous savons, en revanche, que trop souvent c'est le manque de volonté politique, qui est la cause déterminante du sous développement". Et tout de suite après on ajoute: "Si on pouvait mobiliser la volonté politique pour l'action sur le plan national et global le futur du développement humain serait assuré" (58).
C'est ce que, à leur échelon et compte tenu de la pauvreté de leurs moyens, voudraient essayer de faire les radicaux avec la constitution du Parti transnational.
2.1.2. Mais la volonté de rapprocher "science" et "politique" ne veut évidemment pas dire pour les représentants radicaux fonder un nouveau pacte entre les gouvernants et "les experts" qui exclue les citoyens de l'espace public, (confié à une nouvelle "technocratie" qui aurait le monopole de la compétence!)
Le problème de la non visibilité et du caractère non démocratique ùes véritables lieux du pouvoir constitue bien le deuxième axe de l'analyse que les radicaux font de la société internationale.
A ce propos, Marco Pannella soutiens que: "le pouvoir réside, de plus en plus, en des centres décisionnels en général multinationaux irresponsables, incapables d'affirmer des intérêts et des nécessités générales, sociales, vitales et d'inverser la course du monde vers sa propre autodestruction." (59)
Le député Roberto Cicciomessere, quant à lui, dans un article au titre fortement évocatif: "Les héritiers de Ribbentrop" s'en prend aux "paladins de la démocratie occidentale" du "groupe des sept". D'après lui ce type de "gouvernement mondial" opère en dehors de toute règle, raison, et garantie de la démocratie" (60) . Et dans un autre texte il renchérit: "le G7 s'est attribué des fonctions et des pouvoir qu'aucune loi ou traité ne lui ont délégués. Agissant dans la totale extranéité aux principes classiques de la démocratie ce groupement apparaît, dans les fait, aussi velléitaire qu'irresponsable". (61)
Une des caractéristiques principales de la démocratie, en effet, est celle de la publicité des actes de Gouvernement ("connaître pour pouvoir délibérer" est un des adages classiques de la pensée libéral démocrate) (62). Toutes ces rencontres au sommet, se passent, en revanche, dans une atmosphère "plutôt discrète" ("Arcana dominationes...")
Il est bien évident, en fait, que les sept Chefs d'Etat et de Gouvernement, (plus le Président de la Commission de la Communauté européenne) ne sont pas tenus à répondre des résultats de ces réunions devant leurs parlements nationaux (et moins que jamais, cela ne se produit pour le Président de la Commission au regard du Parlement européen!).
Dans son ouvrage "Il futuro della democrazia", Norberto Bobbio écrit: "le futur de la démocratie repose non seulement dans l'extension du nombre des Etats démocratiques, mais aussi, et surtout, dans la poursuite du processus de démocratisation du système international." "Le système idéal d'une paix stable" peut s'exprimer, pour lui, avec cette formule: "un ordre démocratique universel d'Etats démocratiques".
Dans le domaine de l'écologie, Jean Paul Deléage nous met en garde contre les effets pervers "de l'émergeance d'un pouvoir discrétionnaire de gestion planétaire". Selon cet auteur: "l'écologie, à laquelle s'intéressent les puissants de ce monde pourrait devenir l'alibi scientifique d'un nouveau centre de pouvoir mondial, hors de portée de tout controle démocratique" (63).
2.1.3. Ce contrôle démocratique appelé de ses voeux par Jean Paul Deléage, peut s'exercer à travers une participation accrue des citoyens à la vie de la "polis".
Cela peut se produire par le biais de groupes ou associations locales ou par l'intermédiaire des partis politiques...
Le problème est que, et c'est le troisième pilier de la réflexion radicale, les partis politiques s'organisent etse structurent, dans un cadre qui demeure essentiellement national.
C'est "l'équivoque national" qui vice, selon les radicaux, toute organisation des réponses partisanes aux problèmes actuels.
Les radicaux ont été en Italie, les pourfendeurs des partis traditionnaux. De gauche à droite toutes les formations de "l'arc constitutionnel" ont fait l'objet des accusations des représentants radicaux de pratiquer une gestion "consociative" de l'Etat, visant à occuper et à se départager tous les espaces disponibles de pouvoir. (Ce sont les radicaux qui ont vulgarisé, et fait devenir sens commun, les mots aujourd'hui si en vogue de "partitocratie" et de "lottizzazione")
Ces attaques ils les transposent, aujourd'hui, au niveau international.
Après la chute des régimes dits de "Socialisme réel" ils craignent l'installation, dans les Pays libérés du joug communiste, de systèmes de "démocratie réelle" gouvernés par des partis "attrape tout" qui "suffoquent et empêchent le développement de la démocratie" (comme cela se produit, selon eux dans la majorité des Etats occidentaux).
Dans l'interview accordée au journaliste yougoslave Dragos Kaljic en janvier 88, Marco Pannella estime que: "Le système avec une multitude de partis et petits partis est aussi désastreux que le système à parti unique. Le problème essentiel aujourd'hui est celui de gouverner et non pas de représenter" (64).
La seule, véritable, alternative face à l'envahissement de la "particratie" est représentée, leson les radicaux, par le système anglosaxon. Ce mode de scrutin fondé sur des collèges électoraux uninominaux, permettrait, d'après eux, l'alternance et un réel contrôle démocratique: "Nous voulons un système bipolaire, bipartitique, anglosaxon: partis »parlementaires , sans racines organisatives et de pouvoir dans la société civile". (65)
Mais au delà du "limen" de l'Etat nation,les radicaux épousent la thèse, fédéraliste et supranationale exprimée, dès 1941, dans le "Manifesto di Ventotene".
Dans ce texte, fondamental pour comprendre la nouvelle phase du P.R., on peut lire: "la ligne de partage entre partis progressistes et partis réactionnaires est désormais celle entre ceux qui conçoivent comme fin ultime de la lutte celui, ancien, de la conquete du pouvoir politique national et ceux qui considèrent que le but principal est la création d'un Etat international solide" (66). Le "Parti Nouveau" se veut constituer comme celui "des innovateurs, qui doit se battre contre celui des immobilistes et le marais des partis traditionnaux". (67)
Forts de cette conviction, les radicaux procèdent donc à une critique serrée des ainsi dites "internationales" de partis qu'ils considèrent comme des structures "fantoches" des "internationales de la diplomatie" et comme rine d'autre que "les pendants et les alibis" des partis traditionnaux.
En effet qu'elles soient "rouges", (68) "blanches" (69) ou de tout autre couleur, (70) la vie organisée des internationales de parti se réduit pour l'essentiel, à un forum de discussion et d'échange entre partis "affiliés".
Selon le politologue D.L. Seiler: "lorsqu'on se penche sur le cas des internationales de partis politiques, on constate que cellesci s'avèrent être, au pire, des véritables auberges espagnoles; au mieux, des paisibles académies ou se débattet de grands principes sans grandes conséquences pratiques" (71). Et même lorsque l'intégration des forces politiques est favorisée par une reconnaissance institutionnelle, comme cela est le cas pour les groupes politiques du Parlement européen (72), le résultat est un assemblage, plutôt hétérogène, de sensibilités politiques qui restent nationales (73).
A ce propos, dans un article de la Revue "Pouvoir" consacré aux éléctions européennes de 1989, Guillaume Devin écrit: "l'affiliation transnationale est aussi et peut être surtout le produit d'une compétition politique interne visant à consolider les identités partisanes en les faisant reconnaïtre par autrui" (74).
Pour cet auteur, ce qui semble l'emporter dans les familles politiques européennes, serait la préoccupation d'obtenir une forme de légitimité qui aurait pour but principal celui de "retroagir au plan national" sans trop se soucier de cohérence idéologique!
Cet effet d'image serait particulièrement fort, par exemple, dans le cas de partis qui se trouveraient, dans leurs pays, dans l'opposition mais qui siégeraient à Strasbourg avec des partis de Gouvernement". (75)
2.2. Suivant l'analyse de la "Société Internationale" faite par les radicaux, les règles de la démocratie semblent donc, s'arrêter, au moins partiellement, aux confins de l'Etat nation.... Quelles sont alors les possibilités d'intervention au niveau international de ceux qui se définissent, comme aiment le faire les radicaux, "des extrémistes du Droit et de la Démocratie"?. Autrement dit, peut on etre démocrate dans un monde non démocrate? C'est tout le problème posé par la question de l'adéquation de l'idée d'un Parti transnational à son organisation concrète qui va être analysée dans le prochain chapitre.
On va voir que si le choix de s'engager dans la construction du Parti transnational a posé peu de problèmes au niveau statutaire, il ne reste pas moins que cette décision comporte des conséquences très importantes sur la vie du parti; notamment en ce qui concerne les problèmes financiers et la question du manque de référents institutionnels auxquels s'adresser.
2.2.1. Il a donc suffit de peu de modification du Statut au moment où le Parti Padical a formalisé son choix transnational.
Les principaux changements concernent le symbole et le montant de l'inscription fixé non plus en lires italiennes, mais en pourcentage du P.N.B. (76)
L'autre décision fondamentale au niveau de l'organisation du parti: le choix de non présentation aux compétitions électorales nationales relevait simplement d'un engagement pris dans la motion du congrès de sudapest de juin 1989, et elle est soumise donc périodiquement à vérification. (77)
Pour ce qui est du symbole, le changement s'imposait étant donné que "la Rose au poing", qui représentait depuis 1977 "les couleurs" du Parti Radical, était dans le reste du continent européen, l'effigie traditionnelle des Partis socialistes. (78)
Après un débat vif et passionné la décision fut prise d'adopter un symbole, pour le moins "original, dans lequel, la transcription en toutes les langues du globe des mots "Parti Radical" vient à dessiner une image stylisée du père de la nonviolence politique: le Mahatma Gandhi.
Ce choix, toutes considérations esthétiques mises à part, répond selon les responsables radicaux, à un certain nombre de critères importants.
Tout d'abord, il est évocateur de l'option nonviolente qui est constitutionnellement associée au Parti Radical depuis l'adoption en 1981 du Préambule à son statut.(Voir supra).
Ensuite, il est représentatif d'un espoir de libération non exclusivement italiens ou européens, mais faisant partie du patrimoine politique et spirituel de l'humanité tout entière. (79)
Enfin, ce symbole devait libérer le Parti Radical de son identification principalement italienne et réduire la connotation négative que le mot "radical" recouvre dans le monde anglosaxon. (80)
Quant à la décision de ne pas se présenter aux compétitions électorales nationales, bien qu'elle ne revète pas un caractère statutaire, celle ci est une délibération d'une importance extraordinaire lorsque l'on sait, depuis les travaux de Maurice Duverger, oh combien que l'existence même des partis politiques soit liée à l'épreuve électorale. (81)
Tout en représentant donc un élément de rupture considérable cette option trouve, néanmoins, ses préalables dans une analyse théorique préexistente. (82)
Depuis la première campagne pour le vote blanc et nul de 1980, le Parti Radical, en effet, a toujours soutenu la thèse de ne pas se présenter aux élections locales en tant que parti. "Dehors les partis des communes" était le slogan d'une l'lutte contre l'occupation systématique de chaque secteur de la vie civile administrative et de tout espace et ressource commune des citoyens" (83). On voulait ainsi témoigner de l'exigence de réduire la superpuissance des partis nationaux au profit de la pleine expression politique des besoins locaux et des vraies différences entres les partis. (84)
Or, selon le député Roberto Cicciomessere "il n'est pas très hasardeux, aujourd'hui, de considérer que même la dimension parlementaire nationale est en train d'assumer un caractère régional par rapport aux centres de décision supranationaux. (85)
En effet, le Président de la Commission de la Commaunauté Européenne, M. Jacques Delors faisait remarquer, dans son discours prononcé devant le Parlement Européen en juillet 1988, que "d'ici l'an 2000, plus de 80% de la législation des Etats membres de la CEE sera produite par les organes communautaires". Aux parlements nationaux, donc, ne restera que la transposition de directives adoptées ailleurs et la gestion de questions strictement "régionales".
A cela il faut ajouter le fait que, comme le disait A. Spinelli: "aujourd'hui, aucun problème important concernant l'économie, la monnaie, le lieu solidaire entre notre développement et celui des pays pauvres de la planète, la défense, l'écologie, le développement scientifique et technique, l'universalité de la culture, aucun problème important ne peut être affronté sérieusement avec des critères et des instruments nationaux". (86)
En outre le choix de non présentation donne une légitimité nouvelle au caractère "Transparti" du Parti Radical: "Puisqu'il n'est plus en compétition avec les autres partis ou Internationales de partis, ni sur le plan électoral ni sur le plan institutionnel, le Parti Radical peut être plus facilement le terrain de rencontre pour des personnes engagées à n'importe quel degré dans des partis, traditionnels ou non". (87)
Voilà donc, que le Parti Radical décide de "laisser les amarres", de ses contraintes nationales pour se lancer au grand large, dans la société internationale. Mais une fois prise cette décision voilà que deux énormes éceuils se pointent à l'horizon sur la trajectoire idéale du Parti. Ils sont constitués, d'une part, par les problèmes financiers et, d'autre part, par le manque de référents institutionnels à qui s'adresser.
2.2.2. Le chapitre financier (ou comptable) à toujours été au centre de la "théorie de l'organisation" du Parti Radical. Les radicaux considèrent, en effet, que "les questions d'argent" sont éminemment politiques. Leur constitution même comme entité politique "autre" différente, des forces politiques traditionnelles, fait de la "transparence budgétaire" et de "l'autofinancement" deux moments de "moralité politique" tout à fait fondamentaux.
En ce qui concerne le premier aspect, il faut dire que le bilan annuel du Parti Radical est entièrement public. Il fait l'objet d'une présentation et d'un vote lors de chaque congrès. Le trésorier, élu tous les ans par celui ci, est en charge de cette "philosophie financière". Il est une des quatre figures importantes du Parti. (avec le Président, le Premier Secrétaire et le Président du Conseil Fédéral).
Pour ce qui est de "l'autofinancement" les radicaux font appel aux citoyens, pourqu'ils "souscrivent" comme aime dire Marco Pannella "à cette assurance sur la vie, du Parti Radical, mais aussi sur leur propre vie".
Conséquence de cette approche "autarcique" le coût de l'inscription au P.R. est considérable par rapport à celui des autres formations politiques.
L'équivalent d'une tasse de café par jour, ou d'un quotidien, ou encore de quelque cigarettes... toutes les métaphores disponibles ont été utilisées, dans une véritable oeuvre de "marketing politique" pour justifier cette option et faire en sorte que "l'autobus radical" puisse continuer à rouler!
Quant au "financement public", ayant une conception du Parti comme d'un "instrument de services pour tous les citoyens", ils ont toujours destiné la grande majorité des sommes qui leur étaient allouéés à des structures d'information radio télévisée. (88)
Dans une perspective "libérale" (ou sens d'une"non intervention" de l'Etat) ils considèrent d'ailleurs, que le financement "direct" des partis par l'argent public, n'aurait pas raison d'exister et ils ont essayé, à plusieurs reprises, de s'y opposer (89). Par contre, ils sont favorables à ce que toute une série de facilités et d'exemptions "indirectes", soit assurées pour soutenir leurs activités.
Toutefois, le saut dans l'organisation d'un Parti Transnational, va poser des problèmes financiers nouveaux, et tout à fait considérables.
Face à la multiplication des dépenses d'un parti de cette nature (il suffit de penser tout simplement aux frais de déplacement et aux problèmes de communication) les sources de financement vont, en revanche, en se tarissant.
Cela à cause, en outre du choix de non présentation, du fait que il n'existe pas, ni dans la société internationale, ni dans la communauté européenne, de reconnaissance juridique d'un parti transnational. Ceci empêche à un parti de ce type de jouir des avantages et des opportunités qui sont normalement offerts aux partis politiques, dans le cadre national.
AU niveau européen, par exemple, les radicaux se font demandeurs de "facilités dans la communication écrite, parlée et télématique transnationale" (90). Ils entendent par cela la possibilité d'avoir un accès privilégiés respectivement:
à l'impression, la traduction et la distribution de matériel d'information,
à des fréquences radiophoniques, réservées aux forces transnationales,
et aux réseaux télématiques (Banques de données) et télévisées européens.
Un des possibles critères de discrimination pourrait être constitué, d'après eux, par le nombre de langues utilisées dans cette communication politique.
Inutile de dire que pour l'instant, ils n'ont pas obtenu de réponses favorables.
2.2.3. Les problèmes financiers du nouveau Parti Transnational nous ramènent donc, à la question du manque de référents institutionnels adéquats dans la société internationale et des correctifs que les radicaux préconisent dans la voie de sa démocratisation.
Pour un parti qui a épousé pleinement les méthodes de la démocratie politique, en effet, la perception des référents institutionnels à qui s'adresser pour mener ses propres combats est tout à fait fondamental.
En paraphrasant le dramaturge italien Luigi Pirandello les radicaux nous apparaissent comme des personnages en quête de scène. Au delà des frontières de l'Etat nation, en fait, les points de repère institutionnels font cruellement défaut, aussi bien sur le plan communautaire que au niveau international.
2.2.3.1. Sur le plan communautaire, si le processus de transfert, des sièges nationaux à ceux supranationaux, des pouvoirs décisionnels effectifs, semble enclenché d'une façon "irréversible", le projet d'unification politique, quant à lui, paraît marquer le pas.
Dans ce contexte, le "déficit démocratique" de la Communauté représente donc, un obstacle de taille sur la route de la construction d'un Parti Transnational.
Le Parlement européen, en effet, bien qu'il acquière de plus en plus d'autorité et de considération, ne dispose toujours pas des pouvoirs qu'il souhaiterait. De plus les élections européennes conservent souvent une forte connotation nationale et l'uniformisation des différentes procédures électorales des Etats membres n'est toujours pas prête d'etre réalisée.
Après la réunion, en Novembre 1991, du Président du Parlement Européen avec les groupes parlementaires sur le document hollandais en vue de la Conférence de Maastricht, Marco Pannella déclarait: "il s'agit de la destruction de l'Europe communautaire, de la réalité et du dessein inscrits dans les traités, de la résurgence des vieux nationalismes et bureaucratismes antidémocrates qui l'accompagnent". Et il demandait que le Parlement européen censure la Commission ("qui a des responsabilités premières dans cette réalité") et "adresse un appel (..) afin que vienne adopté à nouveau(..) le projet constituant de l'Union européenne proposé par le Parlement européen".
Le leader radical estime, en effet, que, au moment ou on demande, aux pays qui désirent adhérer à la CEE, le respect des principes démocratiques, la Communauté elle même est organisée, de la façon la plus antidémocratique possible.
A ce tableau, plutôt sombre esquissé par Marco Pannella, il faut ajouter que, au niveau européen, il n'existent pas ces "instruments juridiques" qui ont été, comme l'on a vu les principaux appuis de toute bataille radicale: le "référendum" et les "propositions de loi d'initiative populaire"(91).
Prévoir des nouvelles formes de "participation directe" des citoyens européens constitue donc une tâche, difficile mais essentielle, pour un véritable parti européen.
2.2.3.2. Et si, en quittant "l'espace européen", on prend en considération "le théâtre international" la situation ne s'améliore pas.
L'ONU, malgré les avancées récentes à la suite de la crise du golfe persique, reste une institution faible et soumise au bon vouloir des Etats nations et en particulier des plus puissants d'entre eux. (92)
A travers la constitution d'un parti transnational les radicaux se proposent donc, d'oeuvrer, d'une part, pour une réforme de l'Organisation des Nations Unies et d'autre part, pour donner une force contraignante au Droit international. (93)
Dans la droite ligne de "l'utopie kantienne" les radicaux prônent une reforme de l'ONU qui "doit être conduite sans perdre de vue l'objectif final, celui de la constitution d'une Fédération mondiale, ultime étape de l'union des fédérations "régionales". (94)
Ils estiment que: " seul si l'ONU agissait comme une fédération, comme une assemblée législative, un gouvernement, une cour suprême avec une force de dissuasion propre (de simple police plutôt que militaire) seulement à ce moment là, l'organisation de la société internationale aurait progressé d'une façon vraiment significative". (95) (96)
Cependant les radicaux sont bien conscients que les temps de réalisation de ce projet grandiose (la fédération mondiale) sont très longs et plus proches de l'utopie que de la raison.
Ils avancent donc, toute une série de subjestions plus immédiates de reforme de l'organisation internationale. Tout d'abord, parallèlement la reconnaissance des pays qui viennent d'accéder à la liberté, l'expulsion de ceux qui sont, au contraire, dirigés par des dictatures et qui ne respectent pas "les droits de la personne, des minorités, des groupes religieux".
Ensuite, l'extension du pouvoir de police, à partir du principe d'ingérence (97) afin de défendre des minorités opprimée (comme par exemple au Tibet). (98)
Enfin, l'attribution des moyens d'action à certaines agences spécialisées (existantes ou bien encore à créer) dans les secteurs qui, par leur nature ou leurs dimensions, ont un caractère "régional" ou même mondial: l'environnement, l'énergie, la santé, le trafic de drogue, le sous développement et la faim.
En ce qui concerne la refonte du Droit international, afin de lui donner une force contraignante ("jus cogens"), déjà dans un article publié en 1980, Gianfranco Dell'Alba, (qui était à l'époque le secrétaire personnel de Marco Pannella à Strasbourg), exprimait la nécessité de "conférer une valeur juridique obligatoire aux décisions de la Communauté internationale revêtant un caractère juridique obligatoire et consensuel. (99)
A partir de l'exemple de la résolution de l'Assemblée des Nations Unies nr. 2626 (XXV) du 24.10.1970, (avec laquelle tous les pays industrialisés s'engagent à destiner le 0,7% de leur P.N.B. à l'aide aux Pays en Voie de Développement) il jugeait "inconcevable que les organisations internationales continuent de proliférer indéfiniment, que leurs membres se réunissent quotidiennement dans différentes instances internationales et prennent des décisions qui ensuite viennent systématiquement ignorées à partir du moment où elles comportent quelques implications trop importantes pour un pays ou l'autre". (100)
Dans la société internationale, en effet, il n'existe aucun rapport de "commandement obéissance" comme cela se vérifie dans l'ordre interne des Etats. (101)
La démocratie reste "orpheline" au niveau international et la poignée par laquelle ouvrir la "porte étroite" du changement demeure difficile à trouver.
2.2.3.3. Pour essayer de faire brèche dans la structure de la société internationale l'idée des radicaux est "d'organiser" par le biais de ce nouveau Parti Transnational "les représentants démocratiquement élus, de différents pays du monde, pour faire en sorte qu'à la même heure, dans la même forme, avec des contenus identiques à la suite de semblables manifestations de masse nonviolentes, des textes de loi soient présentés et soutenus dans nos parlements et dans nos villes, dans nos partis ou dans nos organisations internationales". (102)
Cette tentative débute en mai 88 avec le Nr. 1 de la "lettre aux 6969 membres des Parlements d'Europe". Dans l'éditorial de ce bulletin il est écrit: "Nous voudrions, en somme, fournir un véritable service public de soutien et d'intégration pour mettre en valeur les valeurs, les idées, les réalisations de parlementaires trop souvent en crise à cause de la grande complexité de la société contemporaine et des équilibres institutionnels de notre temps".
Puis l'opération sera systématisée et étendue au reste de la planète, avec le "Projet éditorial" lancé en juin 91. Celui ci consiste en l'envoie mensuel d'un journal, à plus de 40.000 parlementaires appartenant à des assemblées législatives nationales, régionales ou fédérales, de 35 pays.
Ces journaux, rendant compte des batailles conduites dans le passé par le Parti Radical et présentant son nouveau projet, ont été traduits d'abord, en 10 langues (103) (nr. 1 de juin 91) puis, en 13 langues (104) (Nr. 2 de juillet 91) et enfin en 14 langues (105) (Nr. 3 d'août 91, nr. 4 de septembre octobre 91, nr. 5 de février 92 et nr. 6 de mars 92. Avec ces derniers numéros ils couvrent une aire de destination concernant 53 pays, parmi les quels 34 en Europe)..
A l'heure à laquelle on termine ce travail les données relatives à "l'Etat du Projet" sont encore insuffisantes et ne nous permettent pas de dresser un bilan de cette initiative.
Cependant, l'on peut exprimer quelques réserves quant à celui ci étant donné l'extrême difficulté de pénétrer des formations politiques qui continuent de se développer dans un cadre essentiellement national.
En outre, la méthode choisie (celle d'envoyer ces feuilles) n'est peut etre pas la plus adéquate vu les tonnes de "paperasse" dont sont habituellement submergés les députés nationaux ou européens. Dans cette société médiatisée qui est la notre, l'homme politique est plus que jamais "un homme pressé" (106) qui ne va pas se lancer, "sua sponte", dans une initiative si difficile et si complexe, après la lecture de journaux reçu dans son courrier en provenance d'illustres inconnus! (107)
Ces gazettes, nous apparaissent donc plutôt comme des bouteilles lancées dans la mer de la vie internationale.
Ils pourraient, il est vrai, constituer une base pour un premier contact avec les élus des différents pays, mais cela, à la cohdition qu'il y ait un suivi à ces "appels".
Mais ceci pose à nouveau le problème de l'organisation d'un Parti qui reste extrêmement limité dans ses structures et dans ses effectifs.
Le débat entre "perpétuation" et "homologation" ayant été escamoté, comme l'on a vu, par la proposition du Parti transnational, le P.R. se retrouve, aujourd'hui, avec une classe dirigeante extrêmement réduite et retranchée derrière son leader charismatique.
Contrairement au processus de réfondation du Parti Communiste Italien, qui a abandonné les anciens vestiges tout en conservant pratiquement inchangé son leadership (108), le Nouveau Parti Radical transantional et transparti a mis l'essentiel de son effort dans la constitution d'une nouvelle classe dirigeante.
Cependant, si d'une part, les "apports frais" qui provenaient, jadis, au P.R. de la société civile italienne ont plutôt tendance à s'organiser d'une facon indépendante de lui, d'autre part, les appoints de la société internationale tardent à se manifester.
En Italie, on absiste à une morcellisation et à un émiettement du paysage politique qui n'a pas d'égals dans les démocraties occidentales ( même si celle ci est une tendance que l'on retrouve dans plusieurs pays...: " délices du jardin proportionnel "...).
En dehors de ce Pays, la tentative a été faite d'envoyer, surtout dans les Pays de l'Est, des "Proconsuls", sorte de "missi dominici" chargés de répandre la "bonne parole" du Parti Transnational et d'essayer de mettre en place les premiers noyaux d'action politique.
C'est ainsi que des sièges du Parti ont été ouverts à Moscou, à Budapest, à Prague et à Zàgreb...
Ces "petites lueurs à l'Est" venaient s'ajouter à celles déjà existantes en Belgique, en Espagne, au Portugal, en Israel... et au Burkina Faso! (109)
Voilà donc qu'une petite "constellation" du parti transnational commence à voir le jour...
Toutefois les difficultés à surmonter sont énormes, surtout dans des Pays où, sortie d'une longue période d'oppression, la population, se consacre plutôt à la recherche d'un confort matériel ou de "mythes" à l'occidentale, qu'à n'importe quelle forme d'engagement.
En ce qui concerne les inscriptions, la situation, là non plus, n'est pas très réconfortante.
A la fin de l'année 1991 elles ammontaient à 4.272 dont 2.830 en Italie et 1.442 en dehors de la péninsule...
Pour un Parti qui voudrait fonder ses ressources sur l'autofinancement, ce n'est assurément pas assez!
Et la présence parmi les "nouveaux venus" de personnalité d'envergure comme l'écrivain américain Gore Vidal (110) ou le prix Nobel George Wald (111) , si elle apporte une indiscutable aura au parti ne paraît pas en mesure de jouer ce rôle de "locomotive" au niveau international que les dirigeants radicaux pouvaient espérer!
Néanmoins, encore une fois les signaux les plus positifs, pour le P.R., proviennent des anciens Pays communistes de l'Europe centre orientale (112) et de l'ex Union Soviétique (113) et, notamment, des Républiques de l'Ex Yougoslavie. (De Croatie, en particulier sont parvenues au parti 127 inscriptions, parmi les quelles celles de Stipe Mesic (le dernier Président de l'exYougoslavie), du Président du gouvernement M. Franjo Grigurie et de son vice Zdravko Tomac et celles de 28 parlementaires appartenant à tous les principaux partis politiques).
CONCLUSION
Après avoir vu comment le "choix" transnational trouve ses préalables dans l'essence même du Parti Radical, il faut néanmoins souligner, en conclusion, que la constitution de ce Parti Radical transnational représente bien un moment de discontinuité important dans l'histoire et dans la "théorie de l'organisation" du P.R.
Celui ci, on l'a vu, a toujours été un parti de batailles ponctuelles et concrètes: divorce, avortement, objection de conscience etc... Or, aujourd'hui, quelle est la bataille qu'on propose aux possibles adhérents au Parti Radical transnational et transparti? En attendant que se coagulent les premières formes d'initiative politique internationale (114) elle n'est constituée par rien d'autre que par la formation même de ce nouveau parti.
Pour un certain nombre de représentants radicaux cela reste trop abstrait et s'éloigne de la tradition pragmatique et concrète du Parti. D'autres, en revanche, manifestent un degré de confiance plus éléve dans le projet et dans les capacités d'intuition "prophétiques" du leader Marco Pannella . Qui qu'il en soit de ces clivages, malgré la difficulté de l'entreprise et en faisant abstraction de ses résultats, il faut tout de même, en reconnaître le courage .
Cette tentative de construction d'un Parti transnational, en effet, s'inscrit dans un contexte général de remise en question des partis politiques traditionnaux. Le paradoxe des sociétés contemporaines est que, alors que la démocratie semble avoir gagné sa partie sur les régimes totalitaires (de droite comme de gauche) on est en présence, dans la majorité des Etats modernes, d'une crise profonde du système de représentation.
Michel Offerlé résume bien ce phénomène de "desanchatement" visà vis du politique. Dans la conclusion de son livre sur les "Partis politiques" intitulée "Dissociation et disparition des partis politiques" il ecrit: "Les appareils verticaux sont en crise: »L'électeur désormais veut que l'on parle »vrai , il ne se détermine plus sur les grandes idéologies ( »les grands mythes c'est fini ), mais sur les enjeux et sur les images. En déclarant sa méfiance à l'égard des partis, en s'abstenant plus fréquemment et tactiquement, en acceptant plus difficilement de s'identifier à un parti, en accroissant la volatibilité de ses choix électoraux, l'électeur signifie bien que les partis se sont indûment approprié le monopole de la représentation alors qu'ils sont incapables de traduire et de résoudre les »vraies préoccupations des »gens ". (115)
Une des ipothèses explicatives de cette incapacité des partis politiques à mordre sur les vraies problèmes du monde contemporain est celle tenant au fait que ceux ci, poursuivent leur vie dans un univers national. Organisés selon les anciennes structures et conceptions politiques ils ne tiennent pas compte, comme il le faudrait, des deux changements majeurs intervenus dans les dernières décennies.
Il s'agit tout d'abord des phénomènes de mondialisation qui, de l'information aux marchés, en passant par les problèmes d'environnement et des droits de l'homme, transforment de fond en comble le rôle des Etats... Ceux ci, et c'est le deuxième changement, sont amenés, de plus en plus, à participer à des systèmes d'intégration dont la Communauté européenne représente le prototype le plus avance. D'autres expériences sont en train de se constituer en Amérique latine lMERCOSUR), en Amérique du Nord (NAETA) en Asie du Sud Est (ASEAN) et peut être en jour, qui sait, même en Afrique.
Le trans parti radical, parti transnational et parti des Etats Unis d'Europe représente donc, une première tentative de répondre à cette situation nouvelle.
Face à la difficulté de cette entreprise, et dans la perspective évoquée d'une éventuelle "dissolution" du Parti, les radicaux pourraient s'inspirer de la métaphore contenue dans le livre de l'écrivain francais Georges Perec intitulé: "la Disparition". (116)b Dans ce texte, la contrainte de non utilisation de la lettre "e" (d'ou le titre "la disparition"), conduit le romancier à explorer d'autres espaces, parfois delaissés, de l'univers languistique avec des résultats remarquables! Les nouvelles exigences de l'action politique, nécessitent elles, de s'aventurer dans la constitutions de nouveaux lieux d'expression et de sédimentation du politique? (117)
S'il est vraie que les oeuvres les plus importantes sont celles qui nécessitent le plus d'efforts tout comme l'les hommes dont nous gardons le souvenir, ceux dont nous sentons bien qu'ils nous ont enrichis, étaient rarement sortis de berceaux sur qui toutes les bonnes fées s'étaient penchées", (118) on ne peut que conclure que, quelle que soit son issue, la tentative du P.R. reste une éxpérience digne d'intérêt et ... à suivre.
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NOTES
(1) Yves Roucaute, "Le transnationalisme comme »programme de transition ", dans le dossier de la Revue: "Le Trimestre du monde" (III trimestre 91,) dédié à "Les théories des Relations Internationales à l'épreuve des faits Bilan et perspectives d'une discipline".
(2) Le sociologue français écrivait, dès 62, que la société transnationale se manifestait, déjà avant 1914," par les échanges commerciaux, les migrations de personnes, les croyances communes, les organisations qui passent par dessus les frontières, enfin les cérémonies et compétitions ouvertes, aux membres de toutes ces unités"(R. ARON, "Paix et guerre entre les nations", chapitre 4: "Des systèmes internationaux", Calman Levy, 1962).
Cependant, l'analyse des Relations Internationales de R. Aron, demeure inscrite dans le cadre de la "théorie réaliste". (Dans cette théorie, les Etats sont au coeur des Relations Internationales. Les rapports de force entre "Etat sujets" soucieux de leur sécurité, contraints par des considérations d' intérêt national et cherchant à maximiser leur puissance, constituent la trame fondamentale autour de laquelle s'articule toute l'organisation de la société internationale).
Il est vrai pourtant qu'à la fin de sa vie, le grand intellectuel français reconnaissait l' importance des phenomènes transnationaux Dans ses derniers écrits publiés posthumes en 1984, sous le titre: "Les dernières années du siècle",Raimond Aron se livre à celui que M. Merle appelle "un examen de conscience" pour tester, à l'épreuve des faits la validité de ses hypothèses . Dans cet ouvrage il est écrit: "Le système inter étatique ne se confond pas avec la société internationale, représente un aspect particulier de cette société, à mes yeux, essentiel. Je n'ai pas ignoré les autres aspects, mais je ne les ai pas traités de manière aussi systématique. Je voudrai me demander si mon choix était justif ié ou me condamnait à évoquer le passé plutot qu'à pressentir, à prévoir l'avenir". Et encore: "Peut être dans la troisième partie de Paix et guerre, ai je eu tendance à surestimer la logique ou l' implicite rationalité des acteurs et à sous estimer "l'envers" de l'action extérieure et aussi les changements économ
iques, sociaux, psychologiques, lndépendants des décideurs... En regardant le monde en 1983, vingt ans plus tard, je serais amené à saisir la dynamique de l'évolution sans sou estimer cette fois l'influence de »l'envers de l'action extérieure et des modif ications imputables aux phénomènes transnationaux". (RAIMOND ARON, "Les dernières années du siècle", Paris, Juillard, 1984, pag. 19 et 32; les deux premiers chapitres de cet ouvrage servent aussi de "Présentation" à la huitième édition de "Paix et guerre entre les nations", Paris, Calman Lévy, 1984). Toutefois il ne reste pas moins que, comme le dit Marcel Merle : "ce constat ne modifie pas fondamentalement son diagnostic". En effet, à la question qui se pose de savoir si "peut on parler d'un système international qui inclurait toutes les formes de la vie internationale?" Raymond Aron répond par un sibyllin "J'en doute". (Cf . MARCEL MERLE,"Les acteurs dans la societè internationale, Paris, Economica, 1986 ) .
(3) Selon le Dictionnaire Robert de la langue francaise le mot transnational se serait répandu vers 1965, avec l'influence de l'anglais. (Dans un article de "Le monde" du 22.7.1965, on écrit, à propos de la Commission de la Communauté européenne: "Organisme transnational c' est le nouveau mot à la mode... ) Le Robert en donne la déf inition suivante: "Qui dépasse le cadre national, concerne plusieurs nations (en parlant notamment d' institutions non étatiques, non gouvernementales et non lucratives ) "
En revanche le mot "international" concerne, selon le même texte: "les rapports des nations entre elles", mais en tant que nations et sans transcender le cadre national ( "qui a lieu, qui se fait de nation à nation, entre plusieurs nations" ) .
(4) Le livre qui constitue la pierre de touche de ce groupe est l'ouvrage collectif: "Transnational Relations and World Polities" dirigé par R.O. KEOHANE cet J.S. NYE Jr, et édité aux Presses de l' Université de Harvard, en 1972 .
(5) Dans l'ouvrage de Keonane et Nye toute une série d'article sont dédiés, respectivement: aux multinationales, à la Fondation Ford, ou à l'église catholique . Quant à Marcel Merle, qui peut être considère comme le plus important représentant, en France, de ce courant de pensé, il étudie, lui aussi, le rôle du "Saint Siège face aux acteurs internationales", tout comme celui des "Organisations internationales non gouvernementales" ou les rapports entre "l'opinion publique et la paix" . (MARCEL MERLE op. cit. )
(6) J. B. BELL "Contemporary Revolutionary Organisations", in Keonane Nye op. cit. pag. 167
(7) Le terme internationalisme est entré dans le vocabulaire politique dans la seconde moitié du XIX siècle. Il a été utilisé à l'origine, pour caractériser des mouvements divers, qui s'accordaient tous sur la primauté à donner à la solidarité, à la coopération et à la communion d'intérêts entre les peuples, sur les considérations nationales.
Cette vision renoue avec l'héritage du "cosmopolitisme" des lumières et regroupe plusieurs courants: des aspirations "humanistes" à une "koiné" idéale des peuples dans un seul "consortium civile", aux efforts pour faire progresser la paix grâce à un système d'institutions et de règles supranationales aboutissant à des Fédérations d'Etats, en passant par l'utopie d'une totale libéralisation des échanges commerciaux dans un système mondial ou les intérêts de tous les peuples convergeraient en "harmonie"... Toutes ces formes "d'internationalisme" s'inscrivent dans l'univers idéal du libéralisme et accompagnent l'ascension sociale de la bourgeoisie. Elles sont toutes éprises de la conviction qu'on peut améliorer l'ordre politique et social existant d'une façon pacifique et graduel le .
Parallèlement à ces conceptions se développe la théorie opposée, de "l'internationalisme prolétarien" (voir infra à la note 68) qui fait de la solidarité de classe des masses de travailleurs opprimés, la base pour un bouleversement révolutionnaire et violent de l'ordre constitué . La première systématisation de cette théorie nous est donnée par le "Manifeste du Parti Communiste" écrit par Marx et Engels en 1848: "Les séparations et les antagonismes nationaux des peuples sont en train de s'ef facer progressivement avec la montée de la bourgeoisie, avec la liberté de commerce, avec l'uniformité de la production industrielle et des conditions d'existence correspondantes. La domination du prolétariat les fera isparaître encore plus " .
Cependant, dans une première période, qui va de la publication du "Manifeste" jusqu'à la fondation, en 1864, de la "Ière Internationale", il est difficile de séparer nettement l'internationalisme prolétarien de l'internationalisme libéral démocrate. Les associations secrètes de Mazzini, suonarroti, Blanqui, les groupes inspirés par Owen, l'Association démocratique de sruxelles, l'Association des réfugiés fransais de l'ile de Jersey etc.... ces mouvements sont tous, du point de vue idéologique, des agrégats de "socialisme messianique", d'internationalisme libéral et de radicalisme révolutionnaire. Ce n'est qu'avec "les internationales" en effet, que l'on assiste, progressivement, à la constitution d'un véritable "parti Mondial de la Révolution".
La Ière Internationale, toutefois, bien qu'organisée comme d'un "Parti international" accorde au principe d"'autonomie" des différents partis socialistes, une place très importante. La IIème, est davantage une "Fédération" de partis et syndicats, et seulement la IIIème est une organisation centralisée visant à la réalisation, dans le court terme, d'un projet révolutionnaire vu comme une garantie des conquêtes de la première révolution proletarienne victorieuse. Mais l'élément qui constitue sa force, c'est à dire la solidité et l'affirmation incontestée de son leadership, représentera aussi sa principale source de contradiction lorsque, il apparaîtra clairement, que les intérêts de l'Union Soviétique et de la "Révolution Mondiale", pouvaient ne pas être tou jours concordants.
(8) D.L. SEILER, "Partis et familles politiques", P.U.F., 1980, Pag. 3 7
(9) "Motion du XXXIIème Congrès du Parti Radical, Rome le 26, 27, 28 février et 1er mars 1987. Dans cette motion est affirmée, pour la première fois, que le Parti Radical doit se donner une dimension organisative non plus exclusivement italienne. Le mot "transnational", en revanche, fera son apparition, comme l'on a vu supra, dans la motion du XXXIVème Congrès.
(10) Du Journal "Le Parti Nouveau", n. 3 Aout 91, pag. 7
(11) In P. IGNAZI, A. PANEBIANCO, M. TEODORI, "I nuovi radicali", Milano, Mondadori, 1977.
(12) Ibidem
(13) Ibidem
(14) Le journal "Sinistra Radicale" publie à l'époque divers articles de Jacques Vergès, le défenseur des militants indépendantistes algériens (dans le n. 2 de la revue il présentait sa "Proposition d'un Nouremberg pour les crimes colonialistes"), de Vercor, l'écrivain et éditeur Jean Bruller qui s'était distingué pendant la résistance au nazifascisme (le n. 3 s'ouvre par un éditorial écrit par lui pour la nouvelle Revue "Partisans" interdite en France ) et de Francis Jeanson qui avait été le chef des réseaux d'insubordination pendant la guerre d'Algérie.
(15) In IGNAZI, PANEBIANCO, TEODORI, op. cit.
(16) Les radicaux défendent la graphie: "nonviolence" en un seul mot (plutôt que celle coupée par un tiret) en considérant la "nonviolence" comme une affirmation ethico politique et non comme une simple négation de violence.
(17) La désobéissance civile consiste dans la violation délibérée d'une loi considérée comme "non juste" selon son propre jugement morale. Cependant, le nonviolent s'engage à se soumettre aux consequences que le droit en vigueur lui impose. Le sien est un tèmoiniage dans l'espoir de changer la legislation, mais son respect de celle ci reste ferme. A ce propos dans le journal "Le Parti nouveau " d'aout 91 , on écrit: "La nonviolence radicale (..) a toujours obeit à une loi supérieure , premisse d'une obèissance à une loi juste ".
(18) "Terminé le moment ou'ces batailles et leurs drapeaux avaient été nécessaires pour projeter des lois et un nouveau rapport entre les citoyens et les institutions, leurs dépouilles (les ainsi dits mouvements qui s'étaient agrégés autour d'elles ) étaient laissées derrière, comme du lest qui était aussi dangereux: aucun d'eux, abandonné à soi même, a généré autre chose que des petits groupes de défense corporative", ANGELO BANDINELLI, in "Marco Pannella. Un ritratto in fedele", préface au recueil d'essais du même auteur sous le titre "Il radicale impunito", Roma, Edizioni Stampa Alternativa, Juin 1 990 .
(19) "Aucun projet, même valide du point de vue stratégique, aucun drapeau, même noble, ne contient sens et valeur s'il n'est pas finalisé au but de fonder des lois et des institutions. Seulement les lois et les institutions sont en leur projectualité, libératrices". (A. BANDINELLI, op cit . ) . Pour appuyer leurs batailles, les radicaux vont activer un instrument qui était prévu par la Constitution mais, qui jusque lors, était resté sans application: l'institut du "référendum abrogatif " .
Le réf érendum sera le "pied de biche" avec le quel les radicaux vont essayer de forcer la structure "consociative" et "partitocrate" de la société italienne .
(20) Parmi le nombre considérable de déf initions existants, concernant les partis politiques, dans le cas du P.R., on retiendra celle "extensive" d'un Max Weber plutôt que celle plus restrictive de La Palombara et Weimer. Dans "Economie et Société" le sociologue allemand désigne ainsi les partis (ou les entreprises) politiques: "Des sociations reposant sur un engagement (formellement) libre ayant pour but de procurer à leur chefs le pouvoir au sein d'un groupement et à leurs militants actifs des chances idéales ou matérielles de poursuivre des buts objectifs, d'obtenir des avantages personnels ou de réaliser les deux ensemble". (MAX WEBER, "Economie et Société, Paris, Plan 1971, pag. 294, première éd.: 1921). En ce qui concerne la définition de La Palombara et Werner, deux des quartes critères déterminés par ces auteurs ne semblent pas pouvoir s'appliquer entièrement au P.R. Il s'agit, d'une part, du caractère de "organisation durable" ("c'est à dire une organisation dont l'espérance de vie politique es
t supérieure à celle de ses dirigeants en place") et, d'autre part, de la présence d'une "organisation locale bien établie (..), entrainant des rapports réguliers et variés avec l'echelon national" (J. La Palombara et M. Weimer "The Origin and Developpement of Political Parties" in "Political Parties and Political Developpement", Princeton University Press, 1966).
(21) "A notre facon, un petit peu comme des »soldats de venture de bonne venture, à chaque fois nous nous sommes précipités sur des fronts qui nous paraissaient, et étaient, dégarnis. Et nous nous sommes précipité, généralement, la ou nous semblait, à raison, que la très grande majorité des gens, le bon sens, était d'accord avec nous dans la bonne direction et que (..) le divorce entre raison et pouvoir, entre le raisonner et le décréter de la part des classes dirigeantes (..), devenait insoutenable ou, de toute manière, inutilement supporté autrement. MARCO PANNELLA intervention au Conseil Fédéral de Bohinj (Yougoslavie) les 2 6 janvier 1989.
(22) ANGELO PANEBIANCO, "Della società corporativa ai movimenti collettivi: natura e ruolo del Partito Radicale",in IGNAZI, PANEBIANCO, TEODORI, op cit.
(23) D'après une analyse classique de la science politique une des principales fonctions des partis politiques est de réunir les demandes "particulières" des différents groupes sociaux. Le Parti politique donc accomplit une oeuvre de "médiation" entre différentes demandes (qui peuvent aussi être en contradiction) en les encadrant dans un programme politique général. Il s'en suit donc que, dans la société contemporaine, le parti politique, même d'opposition est toujours une structure "de représentance" et en même temps de contrôle sociale.
(24) D'après l'etude de A. Panebianco, le Parti Radical assume la représentance des intérêts qui émergent de la société civile sans exercer aucune forme de contrôle sur eux, il n'en agrège pas les demandes, il les recueille et les propose directement à la société politique. Cela se vérifie, outre que pour les capacités d'intuition "de sa leadership, à cause du rapport qu'il peut entretenir avec les mouvements collectifs, grâce à sa structure fédérative et décentralisée.
(25) Ce qui distingue un parti d'un groupe de pression consiste essentiellement dans la »globalité ou, à l'opposé, dans la »sectorialité de leurs fins politiques: alors que le groupe de pression représente des intérêts particuliers, et opère pour obtenir des mesures en leur faveur, le parti, même lorsqu'il représente des intérêts sociaux bien définis opère délibérément (lorsqu'il gouverne) ou vise à opérer (lorsqu'il est à l'opposition) sur l'organisation et le fonctionnement de la société toute entière.
(26) En Décembre 81', dans un sondage effectué parmi les lecteurs d'un certain nombre de quotidiens de la région Rhône Alpes (tels que : "Le Dauphiné libéré" ou "Lyon Matin") intitulée "Faitez la »Une du 31 décembre", Marco Pannella figure en VIIème position parmi les personnalités internationales, juste après Lady Diana ... et bien avant le prince Charles, qui est IXème! (Le premier étant le Pape Jean Paul II, suivi de MM. Walesa, Sadat, Reagan et Mitterrand).
Parmi les interventions télévisées de M. Pannella, il faut rappeler, notamment, l'émission "Questionnaire" que J.L. Servan Schreiber lui dédia sur TF1 le 12 février 1981.
(27) Les Statuts des autres partis politiques italiens requièrent généralement, la citoyenneté italienne pour consentir l'inscription. Seul le Parti libéral admet (à l'art. 4 de son statut) l'adhésion de citoyens appartenant à d'autres Etats membres de la CEE (à condition qu'ils aient une résidence stable en Italie). Quant à la "Sudtiroler Volkspartei" (parti de la minorité de langue allemande vivant dans le nord de l'Italie) ils peuvent y adhérer seulement les habitants du "Haut Adige"! (cf. G. LA sELLA, "Immigrati e diritti politici", in "Aggiornamenti sociali", 6/91).
(28) Dans le débat entre les experts de Droit Constitutionnel qui suivit cette décision du Président de la République, le Professeur Valerio Onida prit position contre l'action du Président en soutenant qu'il avait ainsi: "nié aux électeurs et aux citoyens italiens inscrits au P.R. la possibilité d'exercer leur propre droit de concourir à déterminer la politique nationale à travers leur parti" comme cela leur est garanti par l'art. 49 de la Constitution. Et il ajoutait que: "dans une époque où croissent les conditionnements internationaux sur la politique nationale, acceptés dans l'intention de donner vie à un ordonnement international qui assure la paix et la justice entre les nations (art. 11 Const.), il est ridicule de prétendre préserver l'indépendance de la vie politique nationale des interférences étrangères indues en laissant M. Jean Fabre à la porte du Quirinale (Résidence officielle du Président de la République italienne, ndr)". (V. ONIDA, "Si puo' consultare un Segretario straniero", in "Corriere
della Sera du 9/2/79". Voir aussi, dans le même journal, l'art. du Professeur BETTINELLI: "Il Segretario straniero", publié le 8/11/78). D'autres, comme les Professeurs Anzon et Biscaretti di Ruffia, en revanche, en s'appuyant sur une interprétation restrictive de l'art. 49 de la Constitution vont jusqu'à exclure purement et simplement la possibilité pour des étrangers d'être membres d'organisations politiques constituées sur le sol italien. (cfr. A. ANZON, "Le consultazioni dei Segretari dei partiti e l'esclusione di Fabre", in "Democrazia e diritto", 1979, n·2, p. 305; et P. BISCARETTI DI RUFFIA, "Cittadinanza, partiti e cariche dirigenti", in "Diritto e societa", 1979 p. 708). La controverse a été récemment clarifiée par l'intervention de la Commission des Affaires Intérieures de la Chambre italienne des Députés qui, le 5/2/87, a approuvé un projet de loi portant sur: "Nouvelles normes sur l'entrée et le séjour des étrangers sur le territoire de l'Etat". L'art. 6.4 de ce texte stipule que: "l'étranger ne
peut pas être interdit de l'exercice d'aucun des droits civils concernant la libre manifestation de la pensée, y compris l'appartenance à des partis ou syndicats". (in "Aggiornamenti sociali", art. cit.).
(29) Il est bien évident cependant, que toute schématisation est réductive et que tous ces thèmes peuvent s'entremêler les uns les autres au fil des ans... Et, en effet, l'attention à la vie politique italienne n'a jamais baissé, comme le démontre la bataille pour une "Justice juste" menée entre 1984 et 1987. Avec le slogan "pour le droit à la vie et la vie du droit", s'opérait, dans ces années là, une merveilleuse "transition sémantique" vers des engagements d'autre type et à nouveau principalement "nationaux".
(30) Dans l'accent mis sur la notion de "personne humaine" l'on retrouve l'inf luence qu'à exercé sur la "pensée radicale" l'oeuvre du philosophe francais Emmanuel Mounier, inspirateur du mouvement personnaliste. "La personne s'oppose à l'individu en ce qu'elle est maîtrise, choix, formation, conquête de soi. Elle risque par amour au lieu de se retrancher. Elle est riche de toutes ses communions avec la chair du monde et de l'homme, avec le spirituel qui l'anime, avec les communautés qui la révèlent". EMMANUEL MOUNIER, "Révolution personnaliste", Esprit, déc. 1934.
(31) Du "Manifeste des Prix Nobel" in "le Parti nouveau", n·l.
(32) Ibid.
(33) Grandes marches (notamment à Pâques et à Noël), manifestations, pétitions, tous les différents procédes de la "culture radicale" seront activés. Parmi ceux ci, le plus spectaculaire restera sans doute la grève de la faim que Marco Pannella mènera (avec une interruption de quelques jours) du 2 septembre au 18 novembre.
(34) L'organisation "Food and Disarmament" est créée, en septembre 1981, comme Secrétariat international de l'Appel des Nobel. (Encore active aujourd'hui, elle a acquis le statut de O.N.G. auprès des Nations Unies. Son siège est établi à Bruxelles). En même temps, plusieurs comités de soutien au jeune de Marco Pannella (voir note supra) se constituent dans un certain nombre de pays, et notamment en France où l'on en dénombre plus de 80! (C'était en France et en Belgique, à Nantes et à Bruxelles, que, à partir de 1979, s'étaient constitués les premiers groupements radicaux à l'extérieur de l'Italie).
(35) Lors d'une de ces manifestations, à Sofia, Marco Pannella fut arrêté avec d'autres militants radicaux pour avoir distribué des tracs. Dans l'interview donnée au journaliste yougoslave Dragos Kalajic (et reportée par l'Agence "Nouvelles Radicales" du ler janvier 1988) le leader radical raconte cet anecdote: à la demande d'un fonctionnaire de la police politique sur combien d'adhérents comptait le Parti Radical, "Je répondis six cents, mais le traducteur ne croyait pas à ce qu'il avait entendu et il traduisit six cent mille. Après quoi, soulagé, le fonctionnaire fit un geste méprisant avec la main: »seulement six cent mille? Bah! quel parti etez vous donc, lorsqu'il y a soixante millions d'italiens? " Le fonctionnaire n'avait assurément pas assez réfléchi au fait que, comme écrit Marcel Merle: "les hommes politiques savent que les minorités agissantes sont parfois plus efficaces que les majorités apathiques". (in MARCEL MERLE op cit. ) .
(36) Des interrogations parlementaires sont présentés à la Chambre des Lords, dans les Parlements fransais, belge, et hollandais; et, avec une exceptionnelle immédiateté, trois jours après la manifestation, le Parlement européen adopte, a l'unanimité (à l'exclusion des communistes qui n'ont pas participé au vote ), une résolution qui stigmatise le comportement des pays du "Socialisme réel" et exprime la solidarité du Parlement envers les mani f estants .
(37) Exemplaire de toutes ces actions fut la bataille conduite pendant six mois pour arriver à permettre aux deux enfants du couple de réfugiés bulgares M. et Mme. Filipov de rejoindre leurs parents en occident. En novembre 1985, Mme. Filipov pouvait annoncer, de la tribune du Congrès du P.R. à Rome, que ses filles avaient enfin obtenu l'autorisation de quitter la Bulgarie !
(38) "L'International Helsinky Federation" est une organisation qui, avec des sections dans plus de 20 pays se bat af in que la méthode et l'esFrit de la C.S.C.E., codifiés dans l'Acte d'Helsinky (logique de non confrontation et effectif respect des Droits de l'Homme et des principes démocratiques ) soient appliqués progressivement dans tous les "points chauds" de la planète . (Elle promeut, par exemple, la convocation d'une "Helsinki de la Méditerranée" étendue, en perspective, à toute l'aire du Moyen Orient ) .
(39) VLADIMIR BUKOWSKY, Communication à la Cour Militaire de sruxelles lors du procès d'Olivier Dupuis. Olivier Dupuis a été le premier "affirmateur objecteur de conscience total". En octobre 1985, il s'est livré à la justice belge et il a purgé une peine de 11 mois dans la prison de Saint Gilles (à Bruxelles) pour avoir refusé d'accomplir un service, tant militaire que Civil. Il voulait par ce geste manifester contre une politique de défense qu'il jugeait inadéquate à un double titre . Tout d'abord, parce que le cadre national n'est plus capable de garantir la défense de ses citoyens. "Seule une défense européenne" selon O.Dupuis "peut s'avère être le cadre dans le quel inscrire une politique de sécurité efficace.
Ensuite, parce que cette politique de défense ne prend pas en compte les autres dimensions de la sécurité qui sont représentés par "les guerres en acte, que ce soit celles par la faim, la malnutrition et le sous développement (..) ou celles par violation systématique (..) des droits de la personne dans les régimes totalitaires". Ces thèses ont été développées par O. Dupuis dans un mémoire de licence en sociologie politique qui fut publié, fin 1986, par le P.R. (avec une préface du député européen R. CICCIOMESSERE) sous le titre: "Alternatives de défense".
(40) ROBERTO CICCIOMESSERE, in O. DUPUIS op. cit. pag. 15
(41) Dans l'article "Democrazia e sistema internazionale" (publié in "Il futuro della Democrazia", Torino, Einaudi, 1991) N. BOBBIO fait l'histoire de la fortune de l'idée qui attribue a la République, une plus grande volonté de paix par rapport aux grands Etats monarchiques: "les républiques, on disait, étaient plus expertes dans l'art du commerce que dans celle de la guerre". Montesqieu, par exemple, soutenait que l'esprit des Monarchies est celui de la guerre et du désir de grandeur, tandis que le propre des Républiques est l'esprit de la paix et de la modération. Justement à cause de leur plus grande faiblesse les Républiques avaient toujours eut, selon Montesqieu, une tendance à se réunir en des Confédérations ou des Ligues comme les anciennes cités grecques ou les Provinces Unies de Hollande et les Cantons Suisses. Et il était contraire à la nature des choses que, dans une constitution fédérale, un Etat en conquière un autre. L'auteur de "l'Esprit des Lois" louais, ainsi la création de celles qu'il app
elait "sociétés de sociétés".
(42) Marco Pannella fait partie, dès 1979, de la délégation du Parlement européen pour les rapports avec ce pays.
(43) In "Le Parti nouveau", nr. 5, février 1992.
(44) "Nous répondons par l'amour et l'espoir aux agressions de ceux qui veulent en faire des agresseurs, des opprimés des assassins ou des victimes", déclare Marco Pannella dans la conférence de presse qu'il a tenu le 31 décembre à Osijek (voir infra).
(45) Une délégation du Parti Radical composée de quatre parlementaires (Marco Pannella, Roberto Cicciomessere, Alessandro Tessari et Lorenzo Strik Lievers) et de quatre membres du Conseil Fédéral du parti (Olivier Dupuis, Sandro Ottoni, Lucio Berté et Josip Pinesik) a effectué, du 27 décembre 1991 au 3 janvier 1992, une mission en territoire croate, à Zagreb et à Osijek. Cette action était conduite: "dans l'idée de préfigurer de nouvelles »brigades internationales de la nonviolence et d'appeler au dialogue avec les militaires serbes, qui se sont réduits à tuer et à etre tués" (du "Journal de guerre" de LORENZO STRIK LIVERS, in "Le Parti nouveau", nr. 5,.de février 1992).
(46) Ibidem .
(47) Sur ERNESTO ROSSI voir les livres, récemment parus: "E. ROSSI, un'utopia concreta" sous la direction de PIETRO IGNAZI, Milano, Comunità, 1 991; et C. BARILLI "Un uomo e une donna . Vita di Ernesto e Ada Rossi", Manduria, La Caita editore, 1991.
(48) M . Pannella avait f inalement récusé la proposition en estimant que cette organisation ne jouissait pas de l'autonomie et de la solidité organisative adéquate pour mener un si lourd comba t .
(49) Spinelli rappelle comment "au moment du divorce il y avait au parlement une ma jorité en faveur du divorce" . Mais il a joute que: " .. si vous n'étiez pas présents avec votre action, cette majorité n'aurait jamais pu se constituer, parce qu'elle aurait trouvé dix autres priorités avant de s'occuper du problème du divorce" . Le texte intégral de cette intervention est publié in, "Pour un Parti transnational, les Etats Unis d'Europe, la nonviolence, le droit à la vie et à la liberté", brochure éditée en août 87 par le P.R.
(50) Après les élections législatives de juin 1987, les 13 élus radicaux à la Chambres des Députés, constituent le "Groupe fédéraliste européen". Au Sénat, les 3 représentants du P.R. vont former, avec deux autres sénateurs élus dans les listes socialistes, "Le groupe fédéraliste européen et écologiste".
(51) La Résolution contient aussi un paragraphe demandant la mise à disposition de 2% des bilans de la défense des Douzes dans un fond destiné à promouvoir une action communautaire pour "la défense des droits civils et humains en Europe et dans les autres partis du monde, prévue par les Accords d'Helsinki (III corbeille). Cette résolution recevra aussi l'adhésion de plus de 200 parlementaires européens qui dans un télégramme expriment "leur" vif et public soutien à la notion".
(52) C'est ainsi qu'en 1989 le professeur français MAURICE DUVERGER a pu etre élu au P.E. sur les listes du "Parti Communiste Italien".
(53) A. BANDINELLI, op. cit.
(54) Il s'agit, en particulier de:
La Commission internationale Nord Sud" créée par Willy Brandt. En 1980 elle présenta un premier rapport sur le sous développement et quelque temps après un deuxième ("Une crise commune"), centré sur les problèmes de la dette et de l'énergie.
"La Commission indépendante sur le Désarmement et la Sécurité" fondée en 1980 par Olof Palme.
"La Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement", crée dans le cadre des Nations Unies et présidée par Mme G.A. Brundtland. En 1987 elle présenta son rapport sous le titre "Notre Avenir à tous" ("Our future comun").
"La Commission Sud" crée à la fin des années" 80 avec à sa tete J. Nyerere qui produit le rapport "Le défi du Sud en 1990".
(55) Le document sur "le Gouvernement et Sécurité Globale est un texte qui a été signé le 22.04.1991, à Stockholm, par des personnalités, au plus haut niveau, appartenant à 29 Etats et à différentes Organisations Internationales. (Il est publié intégralement, avec la liste des signataires, dans le n. 2 du journal "Le Parti nouveau").
(56) Cette attention particulier des radicaux au "monde de la culture" est une constante dans l'histoire d'une parti qui, née dans un cercle d'intellectuels réunis autour du Journal "Il Mondo", compta, parmi ses premiers Présidents, l'écrivain sicilien Elio Vittorini. Plus près de nous Leonardo Sciascia et Pier Paolo Pasolini mani f estèrent une sympathie marquée pour le P . R . Le premier fut élu député en 1979 sur la liste du P.R. et plus tard fut fermement associé, à la bataille radicale "pour une justice juste" (cette lutte conduite avec les partis socialiste et libéral, porta en 1 987 à la victoire du Référendum sur la "Responsabilité civile des Magistrats" ) . C'est au second, Pier Paolo Pasolini, qu'on doit cette communication pour le Congrès du parti cle 1975, dans laquelle, quelques jours avant de mourir, il exhortait les radicaux à "ne rien faire d'autre, que continuer à être vous mêmes, ce qui signif ie être continuellement méconnaissables . Oubliez dès maintenant les grands succès et continuez à
revendiquer, imperturbables, obstinés, éternellement opposés; continuez à être agressifs, à vous identifier à la différence. Ne cessez pas de scandaliser et de blasphémer".
Et puis les prix nobel et toutes les personnalités qui soutinrent la bataille contre la famine dans le monde... jusqu'à l'écrivain et drammaturge américain Gore Vidal qui dans le n . 2 de "Le Parti nouveau", écrit un vibrant article contre le prohibitionnisme en matière de drogue. Marco Pannella a, en effet, toujours affirmé que "la politique ou elle est culture, ou elle n'est pas".
(57) NORBERTO BOBBIO "Il problema della guerra e le vie della pace", Il Mulino, 1979.
(58) "Rapport sur le Développement humain 1991", édité par le Programme des Nations Unies pour le Développement, des extraits de ce rapport sont publiés dans le n. 2 de "Le Parti nouveau".
(59) Marco Pannella, lettre de convocation du III Congrès italien.
(60) in "Le Parti nouveau" n. 3, Août 1991.
(61) Ibidem .
(62) Norberto Bobbio note à ce propos: "Aux origines de la démocratie représentative Guizot, auteur de la "Histoire des origines du gouvernement représentatif" (1821 22) écrivait que la publicité des débats de la Chambre des Représentants soumettait les pouvoirs à l'obligation de chercher la justice et la raison sous les jeux de tous, afin que chaque citoyen soit convaincu que cette recherche était faite en bonne foi". Et le philosophe de Turin soutien que: écrit que "le principe de la visibilité est un principe révolutionnaire, car il contraste avec la tendance naturelle du pouvoir, de chaque forme de pouvoir, à se cacher", (in NORBERTO BOBBIO, "Democrazia e sistema internazionale", in "Il futuro della Democrazia", Torino, Einaudi, 1 99 1 .
(63) JEAN PAUL DELEAGEC, "Histoire de l'écologieé, Paris, Editions de la Découverte, 1991.
(64) Interview reproduite in, "Notizie Radicali" du 9 janvier 1988.
(65) MARCO PANNELLA, interview au quotidien "Il Giorno", du 26 février 1987.
(66) Extrait publié in, "Le Parti nouveau", n. 3, Août 91.
(67) Ibidem.
(68) "L'internationalisme prolétarien" est une doctrine née dans la seconde moitié du XIX siècle à l'intérieur du "Mouvement Ouvrier". Elle se réfère à la solidarité de classe des travailleurs opprimée par l'ordre social en vigueur, et voit dans l'élimination, avec des moyens révolutionnaires, de la société divisée en classes, la prémisse au dépassement des antagonismes nationales . L'histoire de l'I. P. est longue et complexe on en schématisera ici, les phases les plus importantes: En 1864, à Londres, Marx et Engels créent la "Ière International".Sa dissolution advient, officiellement, en 1976 (mais elle était déjà effective depuis le transfert, en 1872, de son Conse i l Généra l à New York ) . En 1889, Engels fonde, à Paris, la II Internationale, qui est à la source des principaux partis sociaux démocrates européens. Elle sera dissoute en 1914, à cause de l'adhésion de la grande majorité des partis socialistes à "L'union sacrée" de la Nation en déf ense de la patrie . La III Internationale (ou Komintern
) est créée par Lénine en 1919. Elle se constitue comme un "Parti mondial de la révolution" . Dans cette structure, les partis nationaux ne sont considérés que comme des sections locales dont, les principales décisions sont prises à Moscou. Dissous en 43 le "Komintern" sera partiellement remplacé de' 47 à' 56 par le "Kominform" (ou Informburo) qui réunissait les P.C. italiens et français avec ceux des pays des "démocraties populaires" et de l'URSS . A la suite de l'adoption, en 1920, des "21 conditions d'adhésion ou Komintern se produit la rupture entre la composante communiste et celle socialdémocrate de l'Internationale. cette dernière constitue une "Internationale ouvrière socialiste" qui se proclame héritière de la IIe Internationale . Cependant elle ne sera qu'une Fédération (avec des liens très lâches) des partis socialistes de l'Europe occidentale qui s'éteindra avec la II guerre mondiale. En 1951, enfin, se reconstitue "l'Internationale Socialiste", mais son rôle ne dépassera jamais, là aussi, ce
lui de un organisme de consultation entre les partis socialdémocrates européens. Aucune fonction de coordination systématique de l'action de ceux ci n'est prévue en fait, dans ses tâches. L'Internationale Socialiste est composée, à l'heure actuelle, de 57 partis membres (appartenant à 54 pays), plus 17 partis admis à titre d'observateur . Son Siège est f ixé à Londres .
(Pour être tout à fait complets il faut a jouter qu'il existe, aussi une IV Internationale, fondée en 1938 par des groupes Troskistes en opposition à la III qu'ils jugeaient comme dominée par la bureaucratie stalinienne. Toutefois elle est rongée par les scissions internes et son inf luence réelle sera plutôt l imitée).
(69) La constitution d'une "Internationale blanche" fut envisagée dès 1920 par Don Luigi Sturzo (fondateur, en 1919, du "Partito popolare italiano", l'ancêtre de la "Democrazia Cristiana" ) . comme un moyen de coordination entre les différents partis d'inspiration catholique . En 1925, à l'initiative du "Parti démocratique populaire" français, fut crée un "Secrétariat permanent". Après la parenthèse du nazi fascisme (pendant laquelle les déchirements intérieurs privèrent l'internationale d'une quelconque influence) elle se reconstituera à la f in de la IIe guerre mondiale . Elle compte aujourd'hui des adhérents surtout en Europe occidentale et en Amérique latine ou elle a été un support important du mouvement de démocratisation. Cependant son inf luence sur l'orientation politique des partis membre est plùtôt faible (pour ne pas dire inexistante.. ) .
(70) Une internationale libérale a été constitué, à Oxford, en 1947, avec l'adhésion des partis libérales de 19 pays, en grande partie européens. Elle compte aujourd'hui 28 membres (plus 6 "membres observateurs" ) . Son siège est établi à Londres.
Depuis 1984 il existe aussi une "Coordination des Verts européens" qui réunis 24 partis de l'Europe occidentale et orientale. Elle se réunit deux fois par an, et elle est dirigée par un Secrétaire politique et cinq "co secrétaires". Cependant, le stricte respect de la règle de l'unanimité, empêche cet organisme de prendre des véritables décisions et d'engager des actions politiques communes. Il se réduit donc à un forum d'echange et de confrontation de points de vue. Toutefois plusieurs voix se sont exprimées, ces derniers temps, en faveur d'une réf orme des statuts dans le sens d'une plus grande efficacité. Une réforme de ceux ci sera discutée par l'Assemblée Générale de la Coordination qui se tiendra en juin 1992 à Dubl in .
(71) DANIEL LOUIS SEILER, "Partis et familles politiques", P.U.F., 1980.
(72) "L'organisation des élections pour le Parlement européen, donne aux unions internationales de partis une importance que certaines, n'ont jamais connue auparavant", D.L. SEILER op. cit. pag. 3 7 .
(73) Seul le Parti Populaire Européen (P.P.E. ), fondé en 1976 par les partis "démocrates chrétiens" de la Communauté, représente un premier tentatif de construction d'une véritable structure partisane . Il s'est donné des structures qui en font la fédération de partis nationaux dont l'intégration est la plus poussée: bureau politique mensuel, secrétariat permanent, Congrès bi annuel, réunion sommet des chef s de gouvernement . Avec la décision prise, en avril 92, de faire entrer dans son groupe au Parlement européen les conservateurs britanniques (et danois) comme "membres apparentés", le P.P.E. renforce et élargi l'assise du centre droit dans l'hémicycle de Strasbourg. Selon Valéry Giscard d'Estaing, (qui avait rallié, lui aussi, le groupe en janvier de la même année): "Cette entrée va changer la carte politique du Parlement européen où, face à un groupe socialiste dominant de 180 députés, un puissant groupe de centre droit de 162 élus apparaît" (de l'interview accordé au journal "Le Figaro", publié le
10 avril ) Les radicaux, fidèles à leur conception "bipolaire, bipartitique, anglosaxone" (Voir supra) considérant positivement cette simplification de l'échequeir politique du Parlement européen.
Les socialistes sont en train d'emprunter la même voie que le P . P . E . L'Union des Partis Socialistes de la Communauté a été fondée en 1974. Elle est actuellement composée de 16 partis appartenant à tous les pays de la Communauté (plus l'Autriche) auxquels s'a joutent 5 partis associés de pays de l'AELE et 4 partis observateurs de pays méditerranéens. L'Union est dotée des mêmes structures que le P . P . E . ( le Congrès, le Bureau et le Secrétariat ) même si le niveau d'intégration est peut etre moindre (notamment en ce qui concerne la fréquence des réunions et des prises de position.
Quant aux libéraux, ils ont créé, le 26 mars 1976, à Stuttgart, une "Fédération de Partis libéraux et démocrates de la Communauté européenne". Cette organisation (qui s'appelle au jourd'hui: "Fédération des Partis Libéraux, Démocrates et Réformateur européens", ELDR) est composée de 17 partis de pays communautaires. Leurs représentants, qui se réunissent quatre fois par an au minimum, adoptent des programmes communs pour les élections européennes et des résolutions sur des sujets politiques spécifiques.
(74) GUILLAUME DEVIN, "Les élections européennes de 1989: entre rétrospective et prospective", in "Pouvoirs", n. 56, 1991.
(75) Cependant, dans le cadre de l'approf ondissement du processus d'intégration européenne, qui à trouvé dans le Conseil européen de Maastricht une étape fondamentale, ces groupes politiques seront amenés à jouer, dans le futur, un rôle de plus en plus considérable. Le texte du "nouveau traité", signé dans la ville hollandaise, en effet, stipule, en son article 138A, que: "Les partis politiques au niveau européen sont importants en tant que facteur d'intégration au sein de l'Union. "Et il continue par l'affirmation que "Ils contribuent à la formation d'une conscience européenne et à l'expression de la volonté politique des citoyens de l'Union" .
(76) C'est ainsi que, par exemple, pour la France, l'inscription ammonte à 1090 FF.
(77) Normalement les Congrès du P.R. se tiennent tous les ans. Cela est stipulé par le statut qui dispose aussi que: "Le Congrès est l'organe délibérant du Parti, dont il établit les orientations politiques, en fixant les objectifs spécifiques et en précisant les secteurs d'activités". Les motions du Congrès sont considérées comme contraignantes lorsqu'elles sont adoptée à la majorité des 3/4. Suite à la situation extrêmement difficile, (sur le plan, à la fois, organisationnel et financier) générée par le "choix transnational", depuis celui de Budapest en juin 1989, il n'y a pas eu de Congrès du parti. Une prochaine assise est prévue à Rome du 29 avril au 3 mai 1992.
(78) "La rose au poing" avait substitué, lors de la première présentation aux élections, en 1976, la "Marianne" portant le berret frigien de la révolution française. Ce premier symbole voulait témoigner de l'attachement du P.R. aux valeurs de 1789. Au moment de la bataille contre la famine dans le monde, en 1981, le cercle contenant "la`rose au poing" avait été marqué par une bande noire en signe de deuil pour toutes les victimes de ce fléau.
(79) L'expérience existentielle elle même de Gandhi concerne trois continents: l'Asie (il naquit en Inde en 1869), l'Europe (il séjourna à Londres de 1888 à 1891 pour obtenir l'habilitation à exercer la profession d'avocat) mais aussi l'Afrique (il vécu de 1893 à 1914 en Afrique du Sud ou il se dédia à la défense de la minorité indienne opprimée, avant de revenir dans son pays pour être à la tête de la lutte de libération nationale selon les méthodes de la nonviolence).
(80) The "Oxford Advanced Learner's Dictionary of current english" définit ainsi l'adjectif radical: "favouring thorough political or social reform; holding extreme views" (Oxford University Press, 1989). Voir par exemple "l'écologie radicale" d'un Ivan Illich ou d'un Wolfgang Sachs...
(81) "Dans l'ensemble, le développement des partis paraît lié à celui de la démocratie, c'est à dire à l'extension du suffrage populaire et des prérogatives parlementaires", M. DUVERGER, " les Partis Politiques", Paris, A. Colin, 1951 (celle de M. Duverger est l'approche dite "institutionaliste" de l'origine des partis politiques; cf. D.L. SEILER, " Les partis politiques en Europe", Que sais je? Puf, 1982).
(82) Le choix de non présentation électorale en tant que P.R. n'empeche pas, bien évidemment, à ses membres de se porter candidats dans d'autres listes existences ou à créer . C'est ainsi, par exemple, que les trois représentants du P.R., présents au Parlement de Strasbourg ont été élus respectivement dans une liste "libérale républicaine fédéraliste" (M. PANNELLA), chez les Verts (A. AGLIETTA) ou dans une liste "antiprohibitionniste" crée à cette occasion (M . TARADASH ) .
(83) De la motion générale du XXX Congrès du P.R., Rome 31 Octobre, 1,2,3 et 4 novembre 1984.
(84) Les radicaux ont à ce propos, documenté comment une grande partie de la législation locales soit adoptée avec des majorités presque absolues. Les querelles entre partis suscitées au moment des consultations électorales cachaient donc, selon eux, un "unanimisme consociatif " de fait .
(85) R. CICCIOMESSERE, "Transnational comment?", Relation au colloque: "1992: l'Europe des peuples, au delà des frontières, des partis, des Etats nationaux".
(86) ALTIERO SPINELLI intervention au XXXI Congrès du P.R. à Florence.
(87) In, "Le Parti Nouveau", n. 3
(88) "Radio Radicale" est une station qui émet sur tout le territoire italien. Son rôle de "Service public d'information" a été récemment reconnu par une Loi, de juillet 90, disposant (pour la première fois, dans l'histoire de l'émittence radiotélévisé italienne) un financement extraordinaire, ad hoc, de 20 milliards lires à son profit. Elle s'intéresse exclusivement à l'information en rendant compte en outre, bien évidemment, des activités du Parti Radical, des principaux rendez vous de la vie politique et institutionnelle du pays. Tous les Congrès de tous les Partis, les séances de la Chambre des Députés et du Sénat, ainsi que les principaux moment de l'activité du pouvoir judiciaire (audiences des procès de réunions des plus Hautes juridictions) sont régulièrement retransmis par cette station. Quant aux télévisions il s'agit exclusivement de quelques antennes locales comme "Tele Roma 56" ou "Canale 66" qui, dans une programmation similaire à celles des innombrables "télévisions commerciales" italiennes (i
l y en a plus de S00 dispersées sur tout le territoire national) réservent quelques heures de leurs émissions aux activités du P.R.
(89) Un premier référendum fut proposé aux électeurs italiens en 1978. Il fut repoussé avec une majorité de 56,2% de non contre 43.8% oui. Mais étant donné que le P.R. était le seul Parti favorable au "oui" contre tous les autres, on peut tout de même estimer que le résultat fut considérable. Aujourd'hui, dans la nouvelle campagne référendaire qui voit différentes forces du monde politique et de la société civile engagées dans la proposition pour juin 1993 de bien neuf référendums qui ont comme but de moderniser et moraliser la vie politique italienne contre la "partitocrazia", les radicaux posent à nouveau la question du financement public des partis.
(90) Depuis 1989, ils ont crée un système informatique de communication "interactive et plurilangue". Ce service, dénommé "Agora", peut etre utilisé en cinq langue (allemand, anglais, espagnol, français et italien) et permet non seulement de recevoir des informations mais aussi d'en transmettre et de participer à des conférences à thème ou à des "fils directs".
(91) Seulement est reconnu aux citoyens européens le droit d'adresser des pétitions au Parlement Européen.
(92) A vraie dire les Résolutions votées par le Conseil de Sécurité de l'ONU entre le 2.8. (la n. 660) et le 29.10 (la n. 672) ont donné lieu à deux différentes interprétations. Selon certains l'intervention de l'ONU aurait été un pas en avant dans le processus de formation d'un pouvoir commun "Super partes". Pour d'autres, en revanche, l'autorisation à l'utilisation de la force donnée aux Etats Unis et à leurs alliées aurait été une nouvelle épreuve de faiblesse de la part de l'Organisation Internationale face à la superpuissance d'un Etat: les Etats Unis. Il s'agirait donc, pour ces derniers, d'un pas en arrière, vers une situation d'hégémonie plutôt que d'une avancée vers un système de Sécurité collective stable.
Ce meme clivage on le retrouve à l'intérieur du P.R.
Pour R. Cicciomessere "aujourd'hui, pour la première fois dans l'histoire des Nations Unies (..), nous nous trouvons dans une situation d'actuation pleine de l'art. 42 de la Charte". F. Rutelli, en revanche, estime que: "la guerre amène des conséquences inacceptables au niveau humain (..), politique (..), juridique (..) et au niveau de la structure economico financière".
(93) Dans l'"esquisse philosophique": "Vers la paix perpétuelle", EMMANUEL KANT, organise sa problématique autour de trois "articles définitifs en vue de la paix perpétuelle", correspondant respectivement, au "droit civique" ou "droit des gens" et ou "droit cosmopolite". Pour commodité d'exposition ou se limitera aux deux premiers qui récitent ainsi: art. 1: "la constitution civique de chaque Etat doit être républicaine"; art. 2: "le droit des gens doit être fondé sur un fédéralisme d'Etats libres. A la f in du commentaire de ce dernier article Kant écrit: "Aux Etats, dans leurs rapports mutuels, la raison ne peut pas donner d'autre manière de sortir de cet état sans loi ne contenant que la guerre, que celle de s'accommoder, comme des particuliers qui renoncent à leur liberté sauvage (sans loi ), de lois publiques de contrainte et de constituer ainsi un Etats des peuples ( s'accroissant à vraie dire sans cesse ) et qui rassemblera f inalement tous f es peuples de la terre" . Mais tout de suite après il ajout
e: "Cependant comme ces peuples suivant leur idée du droit n'en veulent pas et, par suite, rejettent in hypothesi ce qui est juste in thesi, seul l'équivalent négatif d'une alliance permanente, protégeant de la guerre et s'étendant toujours plus loin, peut, à la place de l'idée positive d'une république mondiale ( si on ne veut pas tout perdre ), retenir l'inclination guerrière qui craint le droit mais présente le constant danger d'exploser" .
Voilà donc explicitée, par ces passages, l'utilisation du mot "utopie" dans notre texte. (Les extraits sont tirés de l'édition G.F. FLAMMARION aux pages 92, 93) .
(94) In le "Le Parti Nouveau", nr. 4, sept. oct. 1991.
(95) Ibidem .
(96) Et Roberto Cicciomessere (dans un article du n. 3 de "le Parti nouveau") souligne comment "la voie obligée, tracée par les grands internationalistes et fédéraliste" soit celle du "transfert des prérogatives de la défense militaire de l'Etat national à une institution supranationale, qui pourrait remplacer progressivement les armes militaires conventionnelles par les armes plus efficaces de la pression économique et politique, du soutien de la démocratie et de l'affirmation du »droit à la vie et à la vie du droit , comme, remède à la guerre et au désordre constitué".
(97) Les radicaux s'insurgent, depuis longtemps contre le droit de "noningérence". Ils préconisent, au contraire, un "devoir d'ingérence" dans les cas de violation des traités librement souscrits. En intervenant au colloque international de Luxembourg du 10 juillet 1985 sur l'objection de conscience. R. Cicciomessere rappelait la thèse de P. Leuprecht, chef de la direction des Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, selon lequel: "un des principes fondamentaux du Droit international (..) est que le respect des Droits de l'Homme est un devoir de l'Etat, non seulement envers son peuple, mais également envers la communauté internationale. Pour le professeur suisse "là ou les Droits de l'Homme sont en jeux, les exigences de la protection solidaire de ces droits par la communauté internationale doivent prévaloir sur les principes de la souveraineté nationale et de la non ingérence". (La totalité de l'intervention de Roberto Cicciomessere est conservée dans les Archives du Secrétariat des Non Inscrits du Parleme
nt européen).
(98) Le cas du Tibet tient particulièrement à coeur aux radicaux. Dans cette région du monde se perpétue, en effet, un "véritable génocide" de tout un peuple, de la part du gouvernement chinois qui occupe les pays depuis plus de 40 ans. Face à la violence aveugle de la police et de l'armée chinoise (six mille temples ont été détruits, quatre vingt pour cent des forêts rasées au sol; plus d'un million de morts, sans compter les détenus et les torturés.. ) s'oppose la voix nonviolente des autorités spirituelles du peuple tibétain: "inspirés par le message bouddique de la nonviolence et de la compassion, protégés par nos montagnes, nous avons décidé de respecter chaque f orme de vie et de ne pas recourir à la guerre comme instrument de politique internationale". (Extrait de l'allocution du Dalai Lama, devant le Parlement européen en 1989 ) . Le 4 mai 1991, le député radical, Giovanni Negri, qui faisait partie de la délégation parlementaire italienne en visite officielle en Chine, a remis au Ministre des Affaire
s Etrangères Quain Quichen et au vice premier Ministre Zhu Rong, une liste de plus de 150 détenus politiques tibétiens dont il demandait la libération . La même pression sur le gouvernement chinois était exercée par Mme. Adelaide Aglietta, député européen, pendant la visite, en octobre 1 99 1, de la délégation du P . E .
(99) GIANFRANCO DELL'ALBA, "Devoir moral ou obligation juridique", in "Quaderni Radicali", n. 8/9, janvier juin 80, pag. 246 251.
(100) Ibidem .
(101) Il faut souligner à vraie dire que les Etats se conforment, en ligne générale aux dispositions du Droit international. Un certain principe "d'honorabilité" et de réputation internationale joue en ce sen.. sauf, bien évidemment lorsque les Etats estiment que sont mis en question leurs "intérêts vitaux"... (cf. ANTONIO CASSESE, (Le Droit international dans un monde divisé", Paris, Berger Levrault, 1986).
(102) de l'éditorial d'ouverture de "Le Parti nouveau", n . 1, juin 1991 .
(103) Polonais, hongrois, allemand, roumain, espagnol, serbo croate, anglais, francais, tchèque et russe.
(104) Avec l'ajoute du portugais, du slovène et de l'albanais .
(105) Aux treize langues précédentes s'ajoute "l'esperanto" une langue supranationale, neutre et construite artif iciellement qui se propose d'être, grâce à sa rationalité et sa simplicité: "l'instrument de la communication universelle, (...) sans danger de mort pour les autres langues et cultures" ( in le parti nouveau, N. 4, pag. 11 )
(106) PAUL MORAND, "L'Homme pressé", Paris, Gallimard, 1941.
(107) A cet égard, M. Duverger, dans son texte sur "les partis politiques" (devenu un des grands classiques de la science politique) mettait en évidence, dès les années 50, que: "beaucoup de partis ont la plus grande dif f iculté à obtenir, de leur adhérents memes, qu'ils lisent leur presse!". (M. DUVERGER, op. cit. ) .
(108) Le P.D.S. (Partito Democratico della Sinistra) se substitue, à partir du XX Congrès (Rimini, Février 1991) au P.C.I.. Achille Occhetto reste à la tête du parti, ainsi que tous les "jeunes turcs" qui, depuis quelques années ont soutenu son "nouveau cours", sans que des ouvertures particulières aient été opérées vis à vis de nouveaux adhérents provenant de la société civile ou d'autres forces politiques. Les dirigeants de ce parti ont d'ailleurs, gentillement remercié M. Pannella, pour les offres de collaboration qu'il leur lançait avec son projet de "Constituante pour le parti démocratique de la Reforme". Seul ce processus d'ouverture aurait pu permettre, selon le leader radical, un véritable changement du panorama de l'opposition italienne et ouvrir enfin la perspective d'une alternance dans ce pays.
(109) Depuis le temps de la bataille contre faim, le P.R., se vante d'une présence importante dans ce pays d'Afrique, où, en 1991, il comptait 255 inscrits. Avec à sa tête Basile Guissou, ancien Ministre des Affaires étrangères du Gouvernement de Thomas Sankara (le Président assassiné par un coup d'Etat en octobre 1987) il s'est constitué, dans ce pays, l'A.R.E.D.A. (Association Radicale pour l'Etat de Droit en Afrique). Cette association, fédérée au P.R., milite pour l'établissement et le renforcement de la démocratie en Afrique et pour l'unification du continent.
(110) L'écrivain et scénariste américain Gore Vidal a été une des premières personnalité du monde de la culture à prendre position en faveur de la thèse "antiprohibitionniste" en matière de drogue du P.R.
(111) George Wald, prix nobel de médecine en 1967, citoyen des Etats Unis, a été parmi les premiers signataires du Manifeste lancé par le P.R. contre la faim dans le monde en 1981.
(112) Dans les P.E.C.O. on dénombre 70 inscriptions en Tchécoslovaquie (dont huit députés du Parlement national tchèque), 54 en Roumanie (dont 30 parlementaires) et 28 en Hongrie.
(113) Dans les Pays de la C.E.I. le P.R. compte: 553 inscrits en Russie (dont 5 au Soviet de Moscou, 3 en celui de Saint Petersburg), 245 en Ukraine, 115 en Azerbaidjan, 30 en Kazakhstan, 28 en Bielorussie et 18 au Kirghizstan.
(114) Une des premières batailles que ce parti transnational et transparti a entamée est celle pour l'abolition de la peine de mort partout dans le monde, avant l'an 2000. (A l'heure actuelle, selon Amnesty International, la peine capitale est encore prévue par 134 des 178 Etats de la Communauté internationale et appliquée par 92 d'entre eux). D'autres actions pourraient se mettre en place dans les domaines de l'antiprohibitionnisme en matière de drogue, de l'écologie (défense de la couche d'ozone) ou de l'affirmation des Droits de l'homme.
(115) MICHEL OFFERLE, "Les Partis Politiques, Paris, P.U.F., 1987.
(116) GEORGES PEREC, "La Disparition, Paris, Edition De Noel, 1969
(117) "Les problèmes posés sont si nouveaux et d'une telle ampleur qu'ils ne pourront être résolus sans un effort d'imagination collectif et un effort plus grand encore dans la remise en cause des comportements les plus profondément ancrés". ALBERT JACQUARD, "Voici le temps du monde fini", Paris, Editions du Seuil, Avril, pag. 178.
(118) Ibidem, pag. 177.
BIBLIOGRAPHIE ESSENTIELLE SUR LE "PARTI RADICAL"
A. BANDINELLI, S. PERGAMENO, M. TEODORI: "Libro bianco sul Partito Radicale e le altre organizzazioni della sinistra". Edizioni Radicali, 1 967 .
P. IGNAZI, A. PANEBIANCO, M. TEODORI, "I nuovi radicali", Mondadori, Milano, 1977.
"L'Antagonista radicale" . Actes du colloque du "Consiglio Federativo radicale", Edizioni Stampa Alternativa, Roma 1978.
"Il pugno e la rosa . I radicali: gauchisti, qualunquisti, destabilizzatori". Aux soins de V. Vecellio, Bertoni, 1980
MARCO PANNELLA, "Scritti e discorsi, 1959/1980", Gemmalibri 1 982 .
MARCO PANNELLA, "Dai diritti civili alla fame nel mondo", Edizioni Quaderni Radicali, Roma, 1 981 .
OLIVIER DUPUIS, "Alternatives de défense", Presses de l'ASBL 22 mars, Bruxelles, 1 987 .
CARLO ROSSELLI, "Socialisme libéral", IIème édition Presses de l'ASBL 22 mars, Bruxelles, 1987. (La première édition date de 1930).
Actes du colloque du P.R. "Transnazionale, come, con chi?", Roma Juillet, 1987 .
Voir aussi les collections des revues: "La prova radicale" (1972/1973); "Argomenti Radicali" (1977/1979); Q.R. Quaderni Radicali ( 1977/1985 ).
On peut également consulter les Archives du P.R. auprès du Secrétariat des "Non Inscrits", Parlement Européen, Rue Belliard, Bruxelles, les Archives de "Radio Radicale", Via Principe Amedeo 2, Roma, et du système télématique AGORA.