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Beres Katalin, Brendus Gyula - 12 giugno 1992
CHEZ LES RADICAUX
Interview à Gyula Brendus

propos recueillis par Katalin Beres

SOMMAIRE: Dans cette interview, Gyula Brendus, député au Parlement de Roumanie, membre de l'Union Démocratique des Hongrois de Roumanie (UDMR-RMDSz) et membre du Conseil Fédéral du Parti Radical, donne ses impressions sur la première session du 36ième Congrès du PR à laquelle il vient de participer, à Rome. Il s'étend, en outre, en tant que médecin, citoyen et homme politique, sur la question antiprohibitionniste en matière de drogues ainsi que sur la question - contreversée en Roumanie - de la fédéralisation de l'Europe.

(Romaniai Magyar Szo, Bucarest, le 12 juin 1992)

Le congrès du Parti Radical Transnational a eu lieu, cette fois, à son siège central, à Rome. Une délégation roumaine de 40 personnes y a participé aussi, dont le député dr. Gyula BRENDUS. Nous avons parlé avec lui de ses impressions, de ses expériences.

- En quoi réside le caractère transnational du PR ?

- Le parti a été fondé en Italie, durant la deuxième guerre mondiale, et s'est transformé, plus tard, en internationale, à l'initiative de Marco Pannella, son président actuel; il a

des membres partout, meme s'il les recherche principalement dans les parlements des différents pays. C'est ainsi qu'il veut réaliser ses buts stratégiques dans toute l'Europe, et meme dans le monde entier.

- Comment avez-vous pris contact avec le parti ?

- Son journal officiel, "Radical Letter", est publié en plusieurs langues, en roumain aussi, et arrive au Parlement ainsi qu'au Sénat, ou je peux donc le lire régulièrement. Non seulement comme parlementaire, mais aussi comme médecin j'ai été impressionné par la position nouvelle, vraiment radicale, à l'égard de questions graves, concernant l'Europe, le monde. Fidèle à son nom, ce parti a commencé à lutter en Italie contre la prohibition de la séparation (du divorce), et puis de l'avortement. Ces derniers temps, trois thèmes figurent à son ordre de jour: l'Europe comme fédération, l'élimination de la prohibition des drogues, et l'abolition de la peine du mort. Ces buts ont figuré aussi à l'ordre de jour du congrès.

- A première vue, le désir de légaliser la consommation des drogues est assez choquant. Quels sont vos arguments ?

- Le programme du Parti Radical parle un peu plus abstraitement: il demande l'abolition de la prohibition, et en particulier que l'Etat prenne sous son controle ce vice, ce qui aurait un double avantage: moins d'hommes mourraient et une énorme organisation criminelle serait éliminée. La base de l'argumentation est que la prohibition des vices n'a jamais donné de résultats. Prenez par exemple le tabac et la consommation d'alcool, et meme la consommation du café, qui ont été interdites à leurs débuts. On sait bien à quoi la prohibition de l'alcool a conduit entre les deux guerres mondiales. Le point de vue du PR est que nous devons accepter la réalité existante et, qu'au lieu de l'éliminer, la production et la vente du drogue doivent devenir monopole d'Etat et les profits doivent etre utilisés pour la contre-propagande, la prévention, pour le réseau médical spécialisé sur cette question, y compris les institutions de désintoxication. De cette manière, il serait possible de stopper le réseau criminel le plus ag

ressif du monde. En effet, tout le circuit de la drogue est de type criminel, à commencer par la culture du matériau de base, ou des criminels gardent les plantations le fusil à la main, en continuant par la production, le transport, ou l'intervention est aussi dangereuse. Le consommateur enfin: qui pour acheter une nouvelle dose contre une certaine somme d'argent, est capable d'un crime.

- Le PR a des alliés dans l'action-drogue ?

- Malgré ces arguments, il est seul face à des points de vue universellement acceptés. Cela ne veut pas dire que le temps ne va pas donner raison aux radicaux: comme médecin je vous dis que leur mentalité est plus humaine que la pratique d'aujourd'hui, parce qu'elle est conforme aux intérets de la victime.

- Ce parti est-il radical aussi dans ses manières de lutter ?

- Sur ce terrain il est moins radical. Sa pratique est la lutte parlementaire: thèses, arguments, discussions. Il est contre la violence.

- En dehors des trois thèmes, quelles autres questions ont figuré à l'ordre du jour du congrès de Rome ?

- On a parlé aussi de la langue comune, c'est-à-dire de la langue officielle de l'Europe fédéralisée dans le futur. Ils croient que cela peut etre réalisé au moyen de l'esperanto. On a parlé aussi des deux points de conflict: la Yougoslavie et l'Ex-Union Soviétique, et, en liaison directe, le problème des minorités nationales.

- Quelle est la position du parti sur cette question ?

- Nous n'avons pas été préparés pour cela, parce que cette question a été mise à l'ordre du jour, durant le congrès meme, à la suite des nouvelles qui nous sont parvenues à propos des bombardements sur Sarajevo. Le congrès a adopté immédiatement un programme d'action pour discuter de cette question avec le gouvernement italien et quelqu'un a proposé également une manifestation. Le premier ministre a rencontré la nuit meme trois représentants du congrès - suite à quoi la manifestation a été suspendue - et le gouvernement italien ainsi que la CE ont adopté une position sur le problème de la Bosnie-Herzégovine.

- Combien de membres le PR a-t-il en Roumanie ?

- Les chiffres sont publiés dans toutes les éditions de la Radical Letter, il n'y a donc pas de secret: dans le monde entier il y a environ 5400 membres, en Roumanie environ 70, aussi que 23 parlementaires. Il est intéressant de noter qu'il y a, chaque année, renouvellement des inscriptions.

- Quelle est, selon vous, l'explication au fait que la presse roumaine soit aussi agressive à l'égard du PR ? Qu'elle insinue qu'il poursuive une sorte de conspiration ...

- Selon moi, l'agressivité s'explique par une mauvaise compréhension. Quand le parti a proposé la fédéralisation de l'Europe, quelques-uns parmi nous ont dit que, de cette manière, la Roumanie allait disparaitre, pensant ainsi plus loin. Il y a des gens qui ne sont pas très heureux au vu du procesus de fédéralisation qu'affronte l'Europe, malgré les discussions sur ce thème à Bruxelles ou à Strasbourg. Chez nous quelque-uns disent que l'Europe a organisé une conspiration contre la Roumanie et qu'elle veut la tailler en pièces. C'est faux, sous cette forme le problème n'est pas apparu au congrès du PR. On parle d'une maison commune européenne, d'une intégration économique, de la coopération au sein d'un espace de plus en plus grand, ou les pays développés économiquement hausseraient les pays pauvres à leurs niveaux. Nul ne parle de faire disparaitre la Roumanie, mais de faire mieux vivre son peuple.

- Qu'est-ce qui vous a impressionné le plus au congrès de Rome ?

- Avant tout, le respect face au congrès, comme lorsque le premier ministre a recu immediatement Marco Pannella, le président du parti au sujet du Sarajevo. La gravité du congrès, sa discipline m'ont impressionné aussi: comme parlementaire, il était très curieux pour moi de voir que les travaux duraient de 9 heure du matin à minuit, mais les quelques mille délégués ont résisté comme si c'était un samedi soir, ils ont été attentifs aux discours, ils ont applaudi ou contredit. Mais cette perfection et cette activité est caractéristique aussi du parlement italien que notre délégation a visité, et dont les travaux peuvent durer jusqu'à 16 heures. Par cette précision et cette discipline le Parlement exprime son respect pour l'institution la plus importante de la démocratie et pour les électeurs.

 
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