Le coût de l'Europarlement
Dernières Nouvelles D'Alsace, jeudi 16 décembre 1999
(Première page)
C'est sans doute l'attaque la plus importante jamais lancée contre le Parlement européen à Strasbourg. Dans un rapport, 207 eurodéputés accusent l'Union de s'offrir un » pied-à-terre inutile dans la capitale alsacienne. Selon les signataires, l'édifice coûterait environ 778 millions de francs par an au contribuable. Ces révélations ne devraient plus longtemps concerner de près la plupart des têtes de liste françaises au scrutin de juin dernier : elles abandonnent leur mandat à Strasbourg, contrairement à leurs promesses.
Les coûts du Parlement
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Jamais l'attaque contre Strasbourg n'était allée aussi loin : 207 députés européens, dans une étude comptable, accusent l'Union européenne de s'offrir » un pied à terre inutile dans la capitale alsacienne sous forme du Parlement européen qui coûterait plus de 778 millions de francs par an au contribuable.
Ce texte qui dénonce Strasbourg est scandaleux, non par les chiffres qu'il contient et qui sont difficilement contestables, plutôt par les buts qu'il poursuit. Il s'agit, sous formes de vérités comptables, de prouver que Strasbourg ne sert à rien, comme si l'Europe se réduisait à une question de gros sous.
400 millions par an
On apprend que le Parlement loue pour plus de 400 millions de francs le bâtiment » Louise Weiss et les autres immeubles » IPE , que 22 millions de francs sont dépensés par an pour le chauffage et l'électricité, 50 millions pour le nettoyage, 36 millions pour la surveillance et presque 7 millions pour le transport des documents administratifs entre Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg. En même temps, 90 millions de francs vont aux députés, 20 millions aux assistants, 67 millions aux fonctionnaires... Le but de ce document ? Prouver que Strasbourg, en tant que siège du Parlement, est » six fois plus chère que Bruxelles . Ainsi, selon le texte, » pour les seules dépenses de fonctionnement et de maintenance des trois immeubles occupés par le Parlement à Strasbourg, on paie un montant pratiquement analogue à celui payé pour les bâtiments de Bruxelles, et ce malgré le fait que la surface occupée à Strasbourg est inférieure de celle de Bruxelles et que le Parlement ne l'utilise que 60 jours par an... L'eau, le g
az, l'électricité, le chauffage, le nettoyage et l'entretien à Strasbourg coûtent 70% de ce que le Parlement paie à Bruxelles pour toute l'année... Les députés européens, du moins ceux qui s'opposent à Strasbourg, auraient-ils oublié qu'ils n'existent que par la volonté des États ? Et qu'un traité dûment signé à Édimbourg fait de Strasbourg le siège incontestable de l'assemblée plénière du Parlement ? Que faire de plus pour contenter ces » migrateurs ? Sans doute supprimer les » mini-sessions à Bruxelles car ce sont elles qui coûtent cher.
Maîtriser le siège
En réalité, le Parlement veut, parmi les multiples pouvoirs qui lui restent encore à conquérir, devenir maître de son siège, donc de ses lieux de réunions. Or, ce qui est caractéristique dans cette pétition pour que l'on abandonne Strasbourg, est la nationalité des signataires : 57 Italiens, 56 Britanniques, 11 Espagnols, 21 Néerlandais, 12 Belges, 14 Suédois, 4 Autrichiens, 7 Finnois, 7 Danois, seulement 7 Allemands... et deux français : les députés » Verts Hélène Flautre et Alain Lipietz. Le plus incroyable dans ce procès est qu'on a osé quantifier... en euros le temps que perdraient les chers élus en se rendant à Strasbourg. Par exemple 14 heures pour un élu de Barcelone ou de Rome... Tout cela coûterait très cher au Parlement européen. Le rapport a même quantifié les durées d'attente aux aéroports, bien sûrs tous défavorables à Strasbourg... On reproche surtout à la capitale alsacienne de n'accueillir que très peu de vols directs. C'est vrai, des erreurs ont sans doute été faites. Au lieu de subvention
ner les dessertes aériennes sur Strasbourg durant toute l'année, peut-être aurait-on mieux fait d'organiser des vols charters durant les sessions.
Travail de communication
Néanmoins, la conclusion de ce rapport reste scandaleuse. Affirmer que le Parlement de Strasbourg flambant neuf coûte par an presque un milliard de francs au contribuable européen est une stupidité. Malheureusement, cette idée fait son chemin. A chaque élection au Parlement, le nombre des » anti-Strasbourgeois semble augmenter. Qu'en sera-t-il demain quand l'Union comptera 27 ou 28 États membres ? Un sérieux travail de communication reste à faire.
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