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Conferenza Tibet
Rizzo Massimiliano - 9 dicembre 1994
Interview du Dalaï-Lama.

LE DALAI-LAMA: "L'EXIGENCE DES TIBETAINS POUR

L'AUTODETERMINATION VA CROISSANT"

INTERVIEW DU LEADER BOUDDHISTE

par Jean-Pierre Clerc

SOMMAIRE: » Je lance un appel aux acteurs de la communauté internationale, particulièrement aux Etats-Unis et à la France, afin qu'ils exigent de la Chine qu'elle ouvre des négociations avec nous. Arrivé lundi 5 décembre à Paris pour un séjour de trois journées en France - à l'invitation du recteur de la Mosquée, Dalil Boubakeur (qu'il a rencontré, en fin de matinée, en manifestation de sa conviction que » toutes les religions sont nécessaires, pour répondre aux besoins, divers, des êtres ), et de l'Association du Prix de la mémoire dont il a été le premier lauréat en 1989 -, le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains et leur leader politique en exil, a fait part, dans une interview exclusive au » Monde , de récents développements concernant la situation dans son pays. Le Tibet est occupé par la Chine depuis octobre 1950.

(Le Monde, 7-12-1994)

Tenzin Gyatso nous reçoit dans un discret hôtel de l'ouest de la capitale (1). L'homme est plutôt grand et massif dans sa robe violette de moine gelougpa, qui laisse les bras nus. En un geste familier, la main passe et repasse sur le crâne rasé. Un air de jeunesse maintenue frappe chez cet homme de soixante ans qui »règne depuis plus d'un demi-siècle sur six millions de ses compatriotes (2). Le sourire est affable, derrière les grosses lunettes de myope.

Le quatorzième dalaï-lama nous confirme avoir récemment fait connaître qu'il se donnait » un délai limité , peut-être un an » selon les circonstances -, pour obtenir satisfaction à la demande de dialogue qu'il formule depuis des décennies auprès des autorités de la Chine, afin de déterminer avec elles un avenir acceptable pour le Tibet. Faute de quoi, nous expose le leader, » (il lancera) un référendum auprès de (ses) compatriotes , afin de recueillir l'opinion dominante sur la grave question qui les agite désormais : autonomie ou indépendance ? » Compte tenu des conditions créées par l'occupation chinoise, précise-t-il, un tel référendum prendra certainement beaucoup de temps, de quelques mois à deux ans.

Ce durcissement de la position, de longue date exprimée par le leader exilé en faveur d'une "voie moyenne" (» les affaires étrangères sur le et défense à Pékin; reste que les Tibétains aient le plein contrôle ), s'explique par le fait qu'elle ne fait plus, désormais, loin de là, l'unanimité de ses compatriotes - dont certains, les plus jeunes au moins, sont même tentés, par désespoir, de prendre les armes pour libérer le Toit du monde.

» Je dois noter, admet sans fard Tenzin Gyatso, qu'il existe dans notre communauté l'idée croissante qu'on est une nation historiquement indépendante, qui a été envahie par la Chine, et qu'on doit dès lors exiger le droit à l'autodétermination, comme tant de peuples l'ont fait. Il ajoute : » J'exclus absolument, pour ce qui me concerne, l'option violente. Si elle devait prévaloir, il se démettrait de ses fonctions pour redevenir le bikhshou (moine) qu'il a toujours été.

» La position des Chinois se durcit

Le leader tibétain n'est, pourtant, visiblement pas très optimiste sur une éventuelle ouverture de Pékin : » J'observe que la position chinoise est plutôt en train de se durcir . Il explique : » Outre les transferts massifs de populations hans (chinoises), qui se poursuivent depuis des années et constituent le danger le plus terrible pour le Tibet, je note que, de plus en plus, les Chinois se réservent les positions-clés dans notre pays. J'observe aussi qu'ils ont, l'an passé, ordonné aux fonctionnaires tibétains dont les enfants étudient en Inde (au nombre de 8 000) de les rappeler sauf à perdre leur emploi. En outre, la répression qui, naguère, frappait les seuls activistes politiques est aujourd'hui dirigée aussi contre les militants culturels (poètes, artistes, écrivains), dont beaucoup ont commencé à être inquiétés, Il rappelle aussi que les autorités communistes ont récemment interdit la vente et l'exposition de photos de sa personne. » Mais, en organisant ainsi la rareté, ils vont faire monter la c

ote! , dit-il dans un de ces fameux rires dont il a le secret.

Existe-t-il, comme le proclament certains leaders sur son continent, demandons-nous à Tenzin Gyatso, une » forme asiatique , plus restrictive, de la démocratie ? Un » concept asiatique des droits de l'homme, qui serait plus soucieux des prérogatives de la communauté que de celles de l'individu ?

» Absolument pas, répond le leader. Il y a, certes, des héritages du passé, des différences de coutumes, d'organisation sociale. Mais tout cela ne convient plus aux temps modernes. Les droits de l'homme, la démocratie, ce sont des concepts universels. Si certaines conditions locales aboutissaient à priver certains hommes de droits égaux à ceux des autres, cela signifierait que l'on est encore dans un état de féodalisme. Ce serait tout à fait inadmissible et il conviendrait de changer d'état , dit fermement le dalaï-lama, à qui les Chinois ont si souvent reproché d'avoir présidé, dans sa jeunesse, aux destinées d'un pays où, précisément, régnaient des conditions féodales, mais qui promet désormais qu'il mettra en place un gouvernement démocratique pour le remplacer sitôt après son retour d'exil,

Qu'est-ce qui frappe le plus, dans les pays occidentaux, cet homme qui, désormais, y est très souvent invité, après un long temps d'ostracisme, lui demandons-nous in fine ? » Vous avez un immense désir de connaître, une inlassable curiosité; c'est le bon côté. Mais le corollaire, négatif est que vous tenez tout pour blanc ou noir, pas de voie moyenne ! Cela conduit volontiers à l'impatience voire à l'intolérance.

Jean-Pierre CLERC

(1) » Reconnu en 1937, sans doute à deux ans, par les autorités monastiques du Tibet comme successeur du XIIIe dalaï-lama, Tenzin Gyatso, fils d'une famille de paysans pauvres, a été intronisé en 1940, et déclaré souverain "règnant" en 1950. Le soulèvement de Lhassa, en mars 1959, contre l'occupation chinoise (lancée en

octobre 1950) l'a contraint à l'exil.

(2) Les Chinois n'admettent que 2,2 millions de Tibétains. Le chiffre de 6 millions se réfère, il est vrai, au Tibet historique, deux fois plus vaste que la » province autonome .

 
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