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Partito Radicale Centro Radicale - 29 agosto 1995
Tibet: L'histoire de Dawa RATOE

Des histoires ordinaires...

Interview à Dawa Ratoe (moine, âgé de 24 ans)

par Piero Verni

Mon prénom laïque est Dawa et mon prénom religieux est Gyaltsen Woser. Mon nom de famille est Zingkag. Je suis né à Chosur Nyethang Ratoe. Neytang est à une heure de voiture de Lhassa. Actuellement j'ai 29 ans. Mon père, âgé de 54 ans, s'appelle Konchok Tsering et ma mère, qui a 49 ans, Namgyal Dolkar. Notre famille est une famille paysanne qui s'est depuis toujours occupée des champs.

En 1983 je me suis fait moine dans le monastère de Ratoe.

J'ai passé les jours compris entre le 27 septembre et le 1 octobre 1987 à Lhassa, prenant partie à diverses manifestations pacifiques.

Le 5 mars 1988, pendant le festival de Monlam, organisé par le gouvernement chinois, nous moines nous avons pu constater que tout cela avait été organisé pour que le monde extérieur ait l'impression que la liberté de religion existait, mais en réalité c'était le contraire. C'est ainsi que certains moines parmi nous ont décidé de manifester leurs sentiments. Nous avons manifesté de façon pacifique pour la liberté de religion. En même temps nous avons commémoré tous les prisonniers politiques morts suite aux tortures subies à l'intérieur ou en dehors des prisons et nous avons demandé la libération immédiate de tous les prisonniers politique en criant "Liberté pour le Tibet" et "Chine, hors du Tibet".

Le 5 juin 1988. Quatre d'entre nous ont organisé un petit groupe et ont raconté dans trois textes différents les événements historiques. Nous sommes arrivés à écrire 200 pamphlets que nous avons affiché, la nuit, sur les murs de Neythang.

Le 25 août 1988 15 personnes environ, envoyées par le gouvernement chinois sont arrivées à notre monastère. Les Chinois les appellent "Lethon-mi-na", ce qui au pied de la lettre signifie "gens différents ayant des charges". Ils ne sont ni militaires, ni soldats ni policiers. Ils sont considérés comme des intellectuels dont la tâche consiste à rééduquer les moines et les Tibétains en général. Leur devise est "contester la clique du Dalaï-Lama et les démons étrangers qui complotent afin de diviser la mère patrie et de protéger et sauvegarder la religion". Ils invitent tout le monde, laïcs et moines, hommes et femmes, à une rencontre et où ils leur font répéter que le Tibet fait partie de la grande patrie chinoise et que la clique du Dalaï-Lama n'a aucun droit d'interférer, de protéger et sauvegarder les monastères et la religion et qu'il faut s'opposer aux séparatistes. Chacun est tenu à condamner les ennemis étrangers et les organisations qui appuient les séparatistes. Le Tibet, partie intégrante de la grande

patrie chinoise, ne pourra jamais en être séparé. Ils demandent alors à chaque moine et à chaque laïc si le Tibet est un pays indépendant ou pas. Cette rééducation forcée a duré deux mois, durant lesquels nos mouvements hors du monastère ont été fort limités, surtout en direction de Lhassa et, plus encore, si des cérémonies religieuses y avaient lieu.

Ils ont convoqué une réunion composée exclusivement de moines -il y en avait environ 70- où ils annoncèrent avoir réussi à les discipliner. Toujours au cours de cette réunion ils annoncèrent qu'à partir de ce moment là aucun moine ne pourrait plus aller à Lhassa ou crier des slogans tels que "Le Tibet est un pays indépendant" ou étaler quelque sentiment de regret que ce soit à l'encontre de la Chine. Le moine Tsering Dhondup s'est alors levé et a dit: "Le Tibet était un pays indépendant. Le Dalaï-Lama est notre maître politique et spirituel. Les Chinois doivent abandonner le Tibet. Longue vie à Sa Sainteté le Dalaï-Lama". Dès qu'il a terminé son discours les 70 moines ont répété ensemble ses mots. Ce jour là les Chinois n'ont rien dit ni rien fait.

Le 26 août 1988, à six heures de l'après-midi, Tsering Dhondup a été capturé et enfermé dans une petite base militaire locale. Les autres moines ont été invités à une rencontre. Quand on est arrivé là-bas on y a trouvé Tsering, à qui on avait passé des menottes. On nous a ordonné de garder notre calme car il ne devait subir qu'un interrogatoire.

Vers 20 heures, alors que Dhondup n'avait toujours pas été libéré, tous les moines ont commencé à hurler en même temps en condamnant l'arrestation de Tsering. Ils nous ont alors claqué la porte au nez et ont gardé Dhondup avec eux. Nous n'avions vu que cinq membres de l'Armée. Mais ceux-là, au moment où nous avons commencé à crier, ont fait feu à l'aveuglette, sans heureusement que nul parmi nous ne soit blessé: nos moines ont dominé ces soldats.

Le 27 août ils ont appelé la Région Autonome du Tibet (RAT) de Lhassa, d'où sont arrivés deux camions pleins de soldats, d'armes et de munitions. Pendant la nuit les soldats ont entouré le village et le monastère. Les chinois ont convoqué deux rencontres différentes, toutes les deux composées de moines et de laïcs. Au cours de ces réunions ils ont condamné les activités des moines. En outre ils ont arrêté Chojor et Dorjee, âgés de 37 ans, Bu Ane et Lobsang, âgés respectivement de 25 et 27 ans, tous moines, et les ont enfermés dans la prison "Chushur zong" pendant six, sept mois. Lobsang a été condamné à huit ans de prison et transféré à Sangyip dans la cellule numéro 5.

Le 4 mars 1989, vers 22hOO, je suis parti avec quelques amis pour Lhassa. A minuit nous avons hissé sur la place principale le drapeau tibétain et nous avons collé autour de celui-ci des affiches invoquant l'indépendance du Tibet. Au-dessous du drapeau nous avons écrit un slogan qui disait: "Ceci est un drapeau tibétain, nul ne peut l'oublier car le Tibet fut et sera un pays indépendant". Du 4 au 7 mars le peuple Tibétain a donné vie à une grande manifestation à Lhassa. Au cours de celle-ci j'ai été rejoint par mon ami Namkha tandis que quatre autres moines nous ont rejoints le 7 mars.

Le vingt-huitième jour du quatrième mois du calendrier Tibétain 1989, j'ai été arrêté.

Le 17 avril 1989, à 17 heures, Tsering Norbu, abbé de notre monastère, Migmar Tenzin, Tsering Tempa, Phurbu, Nhama et moi-même avons été arrêtés au monastère de Ratoe. J'ai été renfermé à Sangyip pendant 5 mois, à Sigrung pendant 2 mois et à Drapchi jusqu'à au terme de ma peine. J'ai rejoint Palden Gyatso dans la cellule pour prisonniers politiques n.5 de Drapchi. J'y suis resté sans accusation formelle pendant plus d'un an.

Le 15 septembre 1990: La Justice populaire de Lhassa.

Les accusés sont assurés d'un délai pour faire appel devant la Cour du peuple et le Shibchoe Khang du peuple de Lhassa, afin que ces deux Cours vérifient la véracité des accusations et si l'accusé n'a pas subi de torts illégaux. Il s'agit d'une procédure prévue par la loi, mais il n'y a ni procès, ni avocat, ni possibilité de faire appel ou de dire la vérité ou encore de porter plainte, etc.

Le 20 septembre 1990, on nous a conduits devant la Cour supérieure où on nous a dit que, selon le verdict de la Cour du peuple de Lhassa, les accusés étaient coupables d'avoir incité à des attitudes moralement perverses et d'avoir distribué des pamphlets déclarant le Tibet pays indépendant, etc. Selon Trung-ha Mimang Chitue Gyalkhab section 102, j'ai été formellement condamné à 4 ans d'emprisonnement et mon amis Namkha à 3 ans en tant que mon assistant. J'ai été accusé en tant que leader. A ce point là nous étions censés avoir un délai de dix jours pour formuler toute objection contre le jugement et pour faire appel dans le cas où nous considérerions comme injustes les condamnations. Le dixième jour, ils ont toutefois écrit au verso de leurs rapports que les accusés n'avaient soulevé aucune objection, ni fait appel.

Le 5 janvier 1991, j'ai été transféré dans la cellule n.1 de Drapchi. Ma tâche consistait à planter des légumes. La Cellule n.5 a été créée dans le but d'héberger des prisonniers politiques, pour pouvoir les mettre sous surveillance sévère.

Le 27 avril 1991, cinq prisonniers politiques, Tempa Wangdak, Gyalthar, Lobsang Tenzin, Tenpa Phuljung, Penpa ont été secrètement conduits à la prison de Kangpo Tamo. Tsering Rinchen et Pema Rinzin, deux tibétains fameux par leur rudesse étaient chargés de la cellule n. 5. Quand les cinq susmentionnés sont arrivés, tous destinés à la cellule n.5, 80 d'entre nous ont demandé où ils avaient été conduits et pourquoi. Les deux tibétains chargés du contrôle de la cellule n.5 nous ont répondu que ce n'était pas notre affaire. A notre tour on a répondu que ça nous concernait, vu qu'ils étaient tibétains et qu'on était là pour des raisons politiques. A cette réplique deux sentinelles ont appelé 20 soldats armés de carabines dirigées contre nous. On a ensuite été réunis dans une salle, convoqués un par un et interrogés. Quand mon tour est arrivé, j'ai dit que oui, que je faisais partie de ceux qui demandaient des nouvelles quant au sort de nos cinq frères, les raisons pour lesquelles ils avaient été pris et pourquoi

cela avait eu lieu secrètement. Il y a une petite pièce dans la prison, réservée à la torture. C'est moi qui y ai été conduit le premier. Dès que ma tête est apparue à la porte, trois soldats qui m'attendaient m'ont donné un coup de pied, des gifles et m'ont frappé avec le manche de la carabine. Deux hommes me tenaient par les mains tandis qu'un troisième m'a donné des coups de pied jusqu'à ce que tombe, le visage par terre. Aussitôt après Pema Rinzin, le surveillant de la cellule, est arrivé, m'a attaché les mains dans le dos, et ensuite a utilisé un bâton électrique au bout extrêmement aigu. Ils m'ont frappé dans les parties les plus sensibles, la bouche et le corps. Ils ont frotté contre mon corps ce bâton, dont la pointe aiguë a fait saigner plusieurs parties de mon corps. Quand ils ont arrêté de me frapper, ne pouvant me lever par la douleur, je suis resté agenouillé dans un coin. La pièce est vraiment petite. C'est alors qu'ils ont amené Yeshi Nawang, un moine à qui ils avaient passé les menottes. Il a

été battu de la même façon que moi auparavant. Douze personnes au total sont passées par la chambre de torture où je me trouvais. Nous avons été battus encore pendant une heure. Il y a douze cellules de deux mètres sur deux où ils ont renfermé douze d'entre nous après nous avoir passé les menottes. Ils ont utilisé deux paires de menottes: les unes nous étaient enlevées pour manger; l'autre paire de menottes nous restait jour et nuit. La cellule n'a pas de fenêtres, si bien qu'il n'y entre ni air frais ni soleil. L'une de ces douze cellules est particulièrement horrible: celle où a été enfermé Lobsang Bumdu, âgé de 70 ans. Dans cette cellule particulière le petit lit mural se trouve deux doigts sous l'eau. Ce truc servait de lit. Ils lui avaient aussi passé les menottes. Dans cette cellule de deux mètres sur deux on devait évacuer, manger et dormir, sans fenêtre. J'ai été renfermé dans cette cellule pendant un mois, d'autres y sont restés pendant 15 jours. Pendant un mois entier j'ai évacué, dormi et mangé d

ans cette cellule sans air, les menottes toujours autour des poignets. On m'apportait à manger deux fois par jour, le matin et à l'heure du déjeuner. La nourriture consistait en une tasse d'eau bouillie et deux petits morceaux de pain dur. Le pain pouvait être même vieux de deux ou trois jours. Ils diminuaient la qualité de la nourriture quand Paljor, le chef de la prison, rendait visite à la cellule n.5. Certains de mes amis y sont même restés pendant deux mois. Quelle que fussent les conditions de vie, je n'ai jamais accepté de compromis ni reconnu ma culpabilité.

Quand l'hiver arrive ils organisent des sessions de rééducation. Les prisonniers politiques ont un âge compris entre les 14/16 ans et les 70. Mais au cours de ces sessions de rééducation aucun d'entre nous n'a jamais vu sa certitude ébranlée quant au fait que le Tibet est un pays indépendant.

Après la libération de Palden Gyatso un nouveau type de travail a été expérimenté. Ils l'avaient programmé alors qu'il était encore emprisonné. Il s'agit de serres en plastique. La plus grande doit produire des légumes pour une valeur de 16/18 mille yuans par an; la plus petite, de 13/14 mille yuans par an; la moyenne, de 16.000 yuans par an. Le salaire des prisonniers qui travaillent dans ces serres est de 35 yuans par mois, mais il n'est pas payé au comptant. Avec ces 35 yuans par mois les prisonniers doivent se payer la nourriture, l'électricité, l'eau, les vêtements et même le sel, et cette somme ne leur permet absolument pas d'acheter de la viande. La serre en plastique de Wangdu s'est cassée une fois à cause du vent et Wangdu a été accusé d'avoir une mauvaise attitude vers le travail. Sa peine a été augmentée, ce qui fait qu'il est toujours en prison.

Le 27 avril 1993, heureusement pour moi, car cela ne se passe pas toujours comme ça, ma peine a touché à son terme: comme vous pouvez le constater, j'avais été condamné à quatre ans d'emprisonnement et mon année de prison préventive a été incluse. Pour beaucoup d'autres les choses se passent d'une autre façon car le temps de la peine est calculé à partir du jour où l'on est formellement accusé. Ce jour-là j'ai été libéré. A la sortie de la prison j'ai eu mal au nez. Pendant les 4 années précédentes beaucoup de choses avaient changé. Il y avait davantage de garnisons militaires et de maisons chinoises et on pouvait voir beaucoup plus de Chinois. Sur la route qui conduit à mon pays, les terrains libres avaient tous été occupés par des constructions chinoises ou des unités militaires. Aucun prisonnier politique ne peut, après sa libération, reprendre son ancien travail (ceci bien sûr s'il avait la chance d'avoir un emploi auparavant); s'il s'agit d'un moine, les monastères sont dissuadés de le réadmettre. Penda

nt ma détention des soldats chinois étaient allés dans mon monastère afin d'obliger les moines à jeter toutes mes petites propriétés. Ne pouvant pas retourner dans mon monastère, j'ai passé quelques temps chez mes parents, dans les villages voisins et à Lhassa à la recherche d'un quelconque travail, mais sans succès.

Le 25 février 1995, je me suis échappé de Lhassa sans prévenir ni mes parents ni mes amis. J'ai abandonné Lhassa, entre danger et peur, avec un groupe de quelques personnes.

Le 19 avril 1995, après presque deux mois de marche, nous avons rejoint le Népal, où la police nous a vite arrêtés. Nous étions 31, y compris un gamin âgé de six ans et les moines (mes compagnons de prison âgés de 70 et 65 ans).

Le 20 on nous a conduits au bureau de police de la frontière chinoise de Dham. Le 21, lors de notre rapatriement, après 10 minutes de route, j'ai sauté du camion dans un buisson épais et je me suis échappé en me frayant un chemin dans la forêt épaisse et les buissons, restant sans nourriture pendant deux jours.

Appel à la communauté internationale

Lors de mon arrivée ici j'ai été extrêmement et heureusement surpris et encouragé par la rencontre de beaucoup d'Occidentaux qui avaient fait beaucoup de recherches. Le peu d'informations qu'ils avaient recueillies étaient très soignées, comme par exemple les noms des prisonniers politiques, les années d'emprisonnement infligées: c'est le signe d'une profonde et dure oeuvre de recherche. J'en ai été vraiment encouragé car j'ai pensé: Moi, je suis Tibétain. Or, pourquoi ne pas lutter pour mon droit à la liberté? Mais ces gens du monde libre ont travaillé pour nous aider et leurs efforts sont tellement profonds.

Le bureau de la prison appelée Tru-yang Siphang Ting est accusé de filmer des vidéo en prison pour faire de la propagande. Ils montent ces images notamment lors des rencontres mensuelles des prisonniers avec leurs familles. Ces rencontres durent officiellement 15 minutes; en fait, elles ne durent pas plus de 5. C'est pourquoi les parents qui nous rendent visite préparent la nourriture, la mélangent avec du thé et mettent tout dans des tasses, afin de nous permettre de manger et boire le plus possible durant un si court laps de temps. Les Chinois en profitent pour filmer les prisonniers, leur ayant fait mettre au cou des "khatak", pour montrer à l'extérieur que les prisonniers peuvent rencontrer librement leurs parents et qu'ils aiment la vie qu'ils conduisent en prison.

Mi-wang (auto-détermination)

Le Tibet et la Chine sont deux nations différentes. A Drapchi, le 27 avril 1989, Sonam Wangu, âgée de 40 ans, a été battue avec une barre en fer si grande qu'elle aurait pu casser une autre barre de fer. Dawa Tsering e Migmar Tsering ont été exécutés. Lhakpa Tsering e Lobsang Tenzin seront exécutés dans deux ans. La peine de Tashi a été prolongée de 9 ans. Tant au cours des interrogatoires qu'en prison les Chinois utilisent des bâtons électriques de dimensions et formes différentes, des barres en fer et d'autres instruments de torture, ils donnent des coups de poing et de pied et des coups de crosse de fusil, spécialement sur les zones sensibles du corps humain. Il est difficile de trouver des prisonniers sans cicatrices.

 
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