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Partito Radicale Centro Radicale - 31 agosto 1995
conférence des femmes

CHINE: 42 HECTARES DE LIBERTE SURVEILLEE

par Jean Leclerc Du Sablon et Jean-Jacques Mevel

(Le Figaro, le 31 août 1995)

Nous allons chanter, nous allons danser, sans oublier nos larmes, célébrons le pouvoir des femmes ! : à ces mots, plus de 30 000 femmes du monde entier se sont levées hier soir dans un stade de Pékin pour applaudir l'ouverture officielle du Forum des organisations non gouvernementales, prélude à la conférence de l'ONU, le 4 septembre. Ces paroles d'espoir et de combat, prononcées en anglais, ont été reprises en arabe, en swahili, en espagnol, en mélanésien et chinois par des femmes des cinq continents. Mais le couplet pékinois était le moins combatif.

Vieille militante maoïste, Chen Muhua, présidente de la Fédération des femmes de Chine, a lu d'une voix terne un discours

d'accueil vantant la prospérité de la Chine, sa croissance, sa stabilité économique et les résultats encourageants

des efforts déployés dans le monde pour l'égalité des sexes. Mais, dans ce texte d'une authentique langue de bois, pas un mot sur les injustices qui continuent de frapper la moitié de l'humanité, objet du Forum.

Percée diplomatique

Vibrant aux accents de l'Hymne à la joie et devant la grâce de 6 000 danseuses chinoises, l'assistance affichait par des embrassades et des danses le bonheur d'être ensemble. Et composait un tableau somptueux des modes vestimentaires de la planète. Dans ce festival de couleurs, les nombreux policiers chinois, en uniforme ou en civil, étaient facilement repérables, mais il n'y a eu aucun heurt. Les rues voisines du stade étaient interdites aux Pékinois. Imposante et sous bonne garde, la cérémonie au Stade olympique reflète l'ambivalence de Pékin : abriter la Conférence des femmes, le plus grand rassemblement organisé par l'ONU, est une incontestable percée pour une diplomatie en quête de reconnaissance. Mais c'est aussi un casse-tête pour un État, policier, toujours sur la défensive dans le domaine des idées.

Une controverse publique l'a confirmé hier. La responsable du Forum des femmes à fait savoir-qu'elle résistera aux tentatives de Pékin d'étouffer la contestation anti-chinoise durant la conférence : La liberté de parole est essentielle au succès du Forum , affirmait la Philippine Irène Santiago, qui exerce aussi des responsabilités au sein de l'ONU.

Diplomate, mais aussi journaliste et surtout féministe, Irène Santiago répondait aux empiétements annoncés la veille par le vice-ministre chinois de la Sécurité, Tian Qiyu. Ce responsable de la police entendait interdire, sur le site du Forum, les atteintes à la souveraineté de la Chine et les attaques ou les injures contre ses dirigeants . Un accord' signé au printemps par Pékin et par l'ONU stipule que seules les règles des Nations unies - et non pas la loi chinoise - s'appliqueront sur le site du Forum des femmes. Il s'agit d'un espace de liberté de 42 hectares clairement délimité et gardé par la police dans la ville de Huairou, à 60 kilomètres au nord de Pékin. Levice-ministre de la Sécurité ne se contentait pas de remettre en cause cette extra-territorialité temporaire : il exigeait aussi que toute manifestation de femmes soit circonscrite à un unique terrain de sport, déjà encombré de centaines de tables et de parasols...

Aucune instruction

Interrogée hier, Irène Santiago a précisé n'avoir donné aucune instruction allant dans le sens voulu par Tian Qiyu aux 2 000 associations de femmes présentes pour le Forum. Elle ajoutait : Il n'y en aura d'ailleurs jamais. Visiblement sou-cieux d'apaisement, un représentant du ministère chinois des Affaires étrangères à Huairou assurait que la Chine s'en tiendra scrupuleusement au texte qu'elle a signé. Il en faudrait sans doute plus pour rassurer les militantes. Dans la petite ville chinoise, l'atmosphère est certes détendue. L'arrivée de délégations de toute la planète,, souvent en tenue traditionnelle, donne à Huairou des airs de fête. On attend Hillary Clinton, Winnie Mandela, Bernadette Chirac ou Jane Fonda...

Mais il ne faut pas longtemps aux arrivantes pour constater que l'endroit manque de convivialité et que la police chinoise est omniprésente. Passer d'une salle de réunion à une autre oblige à d'interminables contrôles de sécurité. Dans les hôtels, les visites sont réglementées Faute d'annuaire, téléphoner est un cauchemar. La liberté de parole, c'est bien, dit ironiquement une militante. Encore faudrait-il réussir à se rencontrer...

 
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