REPONSE D'ERIC DERYCKE, MINISTRE BELGE DES AFFAIRES ETRANGERES, A L'INTERPELLATION DE MME MARTINE SCHÜTTRINGER, DEPUTEE ECOLO, SUR LE MOUVEMENT SATYAGRAHA TIBETAIN
1. Je vous rappelle d'abord que pour la Communauté internationale
dans son ensemble et donc aussi pour la Belgique, le Tibet fait
partie intégrante de la Chine. La question de l'indépendance du Tibet ne se pose par conséquent pas, je vous confirme a cet égard que le Dalaï Lama lui-même ne demande plus l'indépendance du Tibet, mais qu'il négocie avec les autorités centrales de Pékin une forme d'autonomie, qui pourrait s'apparenter à la formule adoptée pour Hong-Kong, selon le principe "un pays, deux systèmes".
2. La question qui se pose à propos du Tibet est celle des droits de l'homme et de la culture tibétaine en danger. La question des droits de l'homme fait partie de la problématique générale de l'absence de respect des droits de l'homme en Chine; le problème particulier du Tibet se situe au niveau des tentatives d'assimilation forcée:
- immigration massive de Chinois de race Han
- importants établissements militaires
- disparition progressive de l'enseignement en langue tibétaine au profit du chinois
- destruction du patrimoine architectural et de la culture tibétaine en général
- intimidations, emprisonnements, tortures des opposants
3. La situation du peuple tibétain a fréquemment fait l'objet des préoccupations de la Communauté internationale; c'est ainsi que de nombreuses résolutions des Nations-Unies demandent à la Chine de respecter la culture tibétaine et les droits de l'hommeau Tibet, ainsi que l'identité nationale du peuple tibétain dans le sens d'une plus grande autonomie.
Le Parlement européen s'est également prononcé, à plusieurs reprises, en faveur du peuple tibétain et particulièrement à propos des abus en matière des droits de l'homme.
Le Parlement belge lui-même a adopté, en 1994, une résolution sur l'autonomie du peuple tibétain de même que les droits de l'homme et la culture tibétaine.
J'ajoute qu'un dialogue institutionnel sur les droits de l'homme entre l'Union Européenne et la République Populaire de Chine, complément à toutes les déclarations et démarches faites par l'Union Européenne en faveur des droits de l'homme, existe depuis le début de 1995 et permet aux représentants de l'Union Européenne de manifester son inquiétude sur la situation des droits de l'home en général, et en particulier au Tibet.
4. Enfin, je vous rappelle que le Dalaï Lama s'est rendu à plusieurs reprises dans des pays occidentaux et il y a rencontré des personnalités officielles. En Belgique, il a été reçu par mes prédécesseurs en 1991 et en 1994. Lorsqu'il se rend dans des pays occidentaux et qu'il y rencontre des personnalités officielles, c'est en tant que Chef spirituel de la communauté tibétaine et Lauréat du Prix Nobel de la Paix qu'il est reçu.
Annexe: avis du Service Historique du Département sur la question de l'indémendance du Tibet.