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Conferenza Tibet
Partito Radicale Centro Radicale - 15 novembre 1995
Tibet/panchen-lama

LA CHINE INTERVIENT BRUTALEMENT DANS LE CHOIX DU PANCHEN-LAMA

Par Francis Deron

Le Monde, le 14 novembre 1995

La direction chinoise vient de se livrer à une spectaculaire opération coup de poing dans la crise tibétaine, qui aura pour effet de repousser aux calendes grecques toute amorce de rapprochement avec le dalaï-lama, voire d'aviver encore la tension sur le Toit du monde. Pékin a convoqué à Pékin, sans préavis, du 5 au 11 novembre, la quasi-totalité des religieux et dirigeants du Tibet - un groupe de 75 dignitaires dont aucun membre n'avait été autorisé à se faire porter pâle - pour une réunion dans une résidence milita-ire, sous bonne garde, afin de contraindre ces personnalités à s'incliner devant sa décision de récuser le choix fait par le dalaï-lama pour la réincarnation du panchen-lama, et à exprimer leur soutien à l'alternative offerte par la Chine: trois jeunes candidats tibétains ont été sélectionnés, parmi lesquels le choix final sera opéré par tirage au sort à partir d'une urne d'or. Il s'agit là de la remise en service d'un rite politico-religieux datant de l'époque mandchoue. C'est, note-t-on, la pr

emière fois qu'un régime communiste se présente ainsi en ordonnateur d'un rite religieux dont on voit mal en quoi il cadre avec la doctrine de Lénine. Il est vrai que l'entière direction chinoise s'est impliquée, à en juger par la photo publiée en première page, lundi 13 novembre, des journaux : les dignitaires tibétains, debout, posent derrière les plus hauts représentants de l'Etat, du parti, de l'armée, de l'économie et de la façade de bourgeoisie nationale inféodée au régime, autour du président Jiang Zemin. Il s'agit de démontrer que les ordres de Pékin sont l'expression de l'implacable volonté de la nation, et non pas seulement du parti. Publicité M. Jiang a,en outre, annoncé que la phase ultime de recherche d'une réincarnation selon les volontés chinoises serait expéditive. C'est, pour le régime, une manière de confirmer qu'il regrette de s'être fait prendre de vitesse par le dalaï-lama, qui avait annoncé son propre choix en mai dernier en la personne de l'enfant Gedhun Choekyi Nyima. Les autorités ch

inoises n'ont pas fourni l'identité des trois enfants devenus candidats imposés - que les Tibétains en exil ont cependant publiée -, mais ont explicitement indiqué que le panchen choisi par le Prix Nobel de la paix 1989 n'était pas de la partie. Les conséquences de l'action de Pékin peuvent se révéler lourdes. La question religieuse au Tibet est d'une subtilité de boutique de porcelaine dans laquelle le gouvernement chinois fait figure d'éléphant. Certains Tibétains, pas seulement ceux qui vivent en exil, ont exprimé la crainte voir une scission spirituelle entre deux panchens d'obédiences opposées. Une telle situation serait bien plus grave pour la permanence culturelle tibétaine que la relation complexe, pas toujours très conciliante, entre le dalaï-lama et le panchen-lama, qui a dominé les sentiments de ce peuple depuis la mainmise pékinoise en 1950. Surtout, on peut s'étonner de voir la Chine commettre l'apparente erreur de donner à la réincarnation choisie par le dalaï-lama une publicitéofficielle risqu

ant de lui conférer une légitimité symbolique. Certes, on tient que l'enfant, âgé de six ans, est entre les mains du gouvernement chinois (de même que, probablement, sa famille), qui peut en jouer. Mais la connaissance de la psychologie tibétaine n'est pas le fort de Pékin. Ce que la Chine semble jouer, ici encore, est un jeu politique simple, qui a nom diviser pour régner. Il est pourtant de notoriété publique que l'unanimité de façade dont fait preuve le régime chinois quant à la question tibétaine est circonstancielle : certains ont été conscients de la nécessité d'une politique moins brutale au Royaume des neiges si la Chine veut s'y maintenir sans recourir épisodiquement à une répression violente, mal vue au plan international.

 
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