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Partito Radicale Centro Radicale - 11 ottobre 1996
Chine/nationalisme/succession

LA NOUVELLE MORALE DE CHINE

Le Président Jiang Zemin joue sur le nationalisme pour asseoir son pouvoir

Par Caroline Puel

Libération, le vendredi 11 octobre 1996

Le Parti communiste chinois veut inventer une nouvelle idéologie. Les débats du VIe plénum du parti, la grand messe des trois cents membres du comité central, qui se sont achevés hier à Pékin, ont été consacrés à cet objectif. Notre tâche stratégique est la construction d'une civilisation spirituelle socialiste, précise le communiqué final du plénum. Après le maoïsme des années 50 à 70, puis le socialisme à la chinoise de l'ère Deng Xiaoping, la civilisation spirituelle est le nom de code donné par la propagande à la nouvelle idéologie que sont censés véhiculer les dirigeants communistes de la troisième génération. La recherche d'un nouveau concept est apparue voilà environ trois ans, mais n'a pas encore trouvé de forme définitive. La direction collégiale installée au pouvoir depuis 1993 a tout d'abord voulu ré-, pondre empiriquement à la disparition de l'idéologie communiste et aux excès du culte du veau d'or (la course à l'argent), en lançant plusieurs campagnes patriotiques, comme lors de la candidature c

hinoise aux jeux Olympiques, rejetée en septembre 1993, Mais les thèmes sont devenus de plus en plus nationalistes, avec la commémoration de la guerre l'an dernier, la tendance se poursuivant dans la campagne anti-américaine toujours en cours. Les autorités, qui doivent affronter une période de transition économique et politique difficile, espèrent cimenter l'opinion grâce à cette résurgence du nationalisme et la détourner des graves problèmes structurels et sociaux que masque la croissance spectaculaire, comme la corruption ou le sous emploi. Mais ces opérations de façonnement de l'opinion génèrent des risques de dérapage. Les premières alertes ont eu lieu au mois de septembre avec la forte montée de tension avec le Japon à propos d'un archipel, connu sous le nom de Diaoyu en chinois et Senkaku en japonais (voir Libération d'hier). Ces flots, anciennement chinois, ont été cédés au Japon en 1898. Le débarquement, cet été, de quelques extrémistes nippons qui voulaient édifier un phare sur ces des inhabitées a

suscité les foudres de la propagande communiste et un mouvement de protestation dans le monde chinois (Hong-kong et Taïwan) soutenu discrètement par Pékin. Mais aujourd'hui, le gouvernement s'inquiète des risques de manifestations antinippones sur le continent, craignant de perdre le contrôle de la situation ou de ranimer la vieille question des réparations de guerre, classées par le parti en 1972. Le 18 décembre, anniversaire de l'entrée des troupes japonaises en Mandchourie, le quartier diplomatique autour de l'ambassade du Japon avait reçu d'importants renforts de police afin de dissuader toute Mobilisation. Après

avoir joué avec le feu en réveillant les haines ancestrales contre le Japon, le gouvernement chinois redoute que les protestataires critiquent le parti communiste, explique un diplomate occidental. De même, une circulaire du Parti vient d'être envoyée dans les médias officiels pour demander de cessertout commentaire sur le best-seller publié au printemps, la Chine peut dire non. Ce livre, lance une série de critiques au vitriol

contre les Etats-Unis et un appel au réveil du nationalisme chinois. Mais la marge de manoeuvre des autorités est étroite. La carte du nationalisme s'est développée sur un terrain fertile, flattant la population qui rêve de surpasser l'Occident sur le plan économique pour être digne de sa grande civilisation et de sa longue histoire. La Chine a subi depuis un siècle et

demi une série de chocs et traverse une énorme crise d'identité, explique l'historienne Chen Yan, dans la revue Perspectives chinoises. Le premier choc a eu lieu avec les guerres de l'opium et l'ouverture forcée des concessions par les occidentaux, qui ont ébranlé le sentiment de supériorité de la culture chinoise. Les années maoïstes avaient fourni une alternative, mais aujourd'hui, poursuit Chen Yan, au désenchantement du communisme, après la répression du mouvement de Tian Anmen en 1989, s'ajoute la désillusion du modèle de "l'occident idéal': avec la crise de l'ancien bloc de l'Est. La vague nationaliste actuelle est une expression de la quête d'identité nationale.

La civilisation spirituelle, terme volontairement vague, permettrait ainsi aux autorités de continuer à jouer sur le thème du nationalisme, qui reste le plus porteur, tout en l'équilibrant avec des valeurs prélevés dans la tradition antique et confucianiste, dans l'héritage maoïste et même dans l'économie de marché. Il faut concilier la pensée et la morale socialistes, les valeurs communistes et le progrès, en encourageant tout ce qui est favorable à l'unité du pays et au développement économique, précisait le communiqué du plénum. Il faut réveiller l'esprit collectif, l'idée que l'intérêt national est supérieur à l'intérêt particulier, le concept de grand pays et le culte de l'élévation spirituelle, énumère le professeur Luo Guojie, président de l'Institut de recherche sur l'éthique et la morale, qui a ouvert ses portes fin mai dans l'université du peuple. Mais au-delà du réveil des grandes valeurs morales, le calcul est éminemment politique. En Chine le dirigeant suprême marque toujours son installation au

pouvoir par la mise en place d'une nouvelle idéologie, explique un intellectuel chinois. Alors que se profile le XVe congrès du parti, à l'automne 1997, qui devrait constituer l'étape ultime du processus de transition politique dans la succession au patriarche Deng Xiaoping, âgé de 92 ans, l'homme qui parviendra à associer son nom à la nouvelle idéologie risque de marquer des points dans la course au pouvoir. C'est le pari de l'actuel chef d'Etat, Jiang Zemin. Dans le langage codé du Parti communiste, quelques phrases laissent penser que le chef d'Etat a marqué des points lors de ce plénum. Jiang a joué un rôle important dans la construction de la "civilisation spirituelle", soulignait le communiqué final. Signe intéressant, c'est Jiang Zemin qui a préfacé avant-hier le premier ouvrage de connaissance élémentaire du système juridique socialiste, un domaine normalement réservé à son principal rival, Qiao Shi, le président de l'Assemblée. Jiang a ordonné aux responsable du parti à tous les niveaux, de lire at

tentivement ce livre afin de rester informés des rapides changements du système légal dans le pays, a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle... .

 
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