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Conferenza Tibet
Partito Radicale Centro Radicale - 1 novembre 1996
Tibet/Visite du Dalaï Lama à Paris

JACQUES CHIRAC A TENU A ADRESSER DES MESSAGES D'AMITIE AU DALAI-LAMA

Condamné au silence par la real-politik, le Président de la République a dépêché de nombreux émissaires pour témoigner sa sympathie au chef spirituel tibétain

par Frédérick Bobin

Le Monde, vendredi 1 novembre 1996

ON ATTENDAIT un geste, un signe. on savait que ni l'Elysée, ni Matignon, ni le Quai d'Orsay n'étaient disposés à recevoir officiellement le dalaï-lama qui a achevé, mercredi 30 octobre, une visite de deux jours à Paris. Désireux de ne pas altérer les excellentes relations sino-françaises, confirmées par la prochaine visite de Jacques Chirac en Chine, pré-vue en mai 1997, le gouvernement français avait clairement fixé les limites de l'exercice: le séjour parisien du chef tibétain était purement pastoral. Dès l'arrivée en France du dalaï-lama, Pékin avait mis en garde Paris contre toute tentation de nouer avec lui un contact officiel. Pourtant, le président de la République ne pouvait en rester là. Il s'était jadis flatté d'avoir été l'un des premiers hommes politiques français à avoir rencontré le dalaï-lama. Et François Mitterrand lui-même avait reçu le dirigeant tibétain, certes à titre privé, dans la bibliothèque de l'Elysée lors de sa dernière visite en novembre 1993. Le geste tant attendu est finalement

venu. Mais faute de Pouvoir donner de sa personne, le chef de l'Etat a dépêché ses émissaires pour témoigner au dalaï-lama toute son amitié. Le ministre de la justice, Jacques Toubon s'est d'abord acquitté de cette tâche, mardi 29 novembre, en se déplaçant à titre privé à l'hôtel parisien du chef tibétain. Loin de se contenter d'évoquer la vitalité du bouddhisme dans le treizième arrondissement de la capitale dont il est le maire, le garde des sceaux était porteur d'un message oral de sympathie de M.Chirac. Mercredi, le ballet des messagers a continué. Après un entretien avec le maire de Paris, Jean Tibéri, à l'Hôtel de ville, le dalaï-lama a été reçu dans une salle du Palais Bourbon par un groupe de parlementaires sympathisants de la cause tibétaine qui lui ont remis un appel de 329 parlementaires soutenant l'action du chef tibétain et critiquant la politique chinoise sur le Toit du monde.

UN CHEF D'ETAT EN EXIL

C'est dans cette ambiance chaudement militante où l'on s'est gaussé de la thèse officielle d'une visite pastorale - le sénateur centriste de Meurthe-et-Moselle Claude Huriet allant jusqu'à saluer un chef d'Etat en exil - que Pierre Lellouche, proche du président de la République, est monté à la tribune pour assurer au dalaï-lama que l'amitié de M. Chirac ne s'est jamais démentie. comme si cela ne suffisait pas, le député RPR de la Cote-d'Or, Louis de Broissia, un des parlementaires français les plus impliqués dans le militantisme pro-tibétain, a convoyé au dalaï-lama un message de M. Chirac de la même teneur. Un dialogue impromptu avec Hervé de Charette aurait dû en principe donner un éclat final à tous ces témoignages d'uneamitié sous-traitée. Mais le ministre des affaires étrangères qui patientait dans les couloirs n'a pu approcher le dalaï-lama, retenu par un, Jean-François Deniau excessivement bavard: il est reparti bredouille au Quai d'Orsay. Toutes ces manoeuvres de coulisses d'un gouvernement réduit à

finasser pour contourner la dure loi de la diplomatie n'auront apparemment pas chiffonné le chef spirituel tibétain. Compréhensif, celui-ci a dit comprendre que le chef de l'Etat devait prendre en considération un grand nombre d'éléments et qu'il continuait néanmoins à le tenir pour un proche ami. Malicieux, il a ajouté : Ce qui est très encourageant, c'est le contact avec le peuple et avec les médias. J'apprécie que le public et la presse critiquent leur propre gouvernement lorsqu'il se montre un peu trop froid à mon égard.

De tels propos résument à eux-seuls la tonalité de ce sixième séjour parisien du prix Nobel de la paix 1989. Si à l'issue d'une réunion publique au Palais des Sports, mardi, des militants pro-tibétains ont déroulé une banderole fustigeant les courbettes devant le gouvernement chinois, le dalaï-lama est resté très pondéré dans ses propos, rappelant qu'il ne réclame pas l'indépendance et qu'il est résolument opposé aux recours à des méthodes de lutte violentes. Désireux d'amener Pékin à la table des négociations, il a rendu des hommages appuyés aux dissidents chinois qui ont récemment préconisé l'ouverture d'une dialogue sur le Tibet. L'objectif de son déplacement était surtout de capitaliser un soutien de l'opinion que ses proches jugent croissant. Avant, on demandait au dalaï-lama: que se passe-t-il au Tibet ? résume un membre de son entourage parisien. Maintenant, on lui demande: que peut-on faire pour le Tibet !. La question qui est posée aux autorités françaises semble, elle, autrement délicate : comment

faire avec le Tibet.

 
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