GENEVE TOUT FEU TOUT FLAMME POUR LE TIBET LIBRE!
(avec photo de la manifestation et sous-titre en première page)
Rassemblement, discours, marche aux flambeaux le long de la rade: plusieurs milliers de manifestants venus de toute l'Europe ont soutenu la cause de cette nation qui survit sous la botte de Pékin.
par Jean-Noël Cuénod
La Tribune de Genève, lundi 10 mars 1997
Tibet -Nation oubliée.
Dans un coin parmi des dizaines d'autres pancartes, ce calicot est démenti par la foule que s'est pressée, dimanche dès midi, pace des Nations, pour soutenir la cause de ce pays qui souffre sous la dictature capitalo-communiste de Pékin. Ils sont venus de partout, ces manifestants non-violents: de Suède, du Danemark, de Malte, d'Italie, de France, de plusieurses canton suisses, dont le Valais et plusieurses communes alémaniques, d'Allemagne, de Grande-Bretagne, de Croatie et de bien d'autres contrées que nous n'avons pas recensées. Les nombre des participants se situe aux alentours de 3000 personnes. Des moines bouddhistes en robe grenat, des Tibétains séculiers en tenue traditionnelle ou occidentale, des toques de fourrures finement brodées, des casquettes de base-ball marquées Freedom for Tibet, des babascools, des jeunes hip-hop, des politiciens européens en jeans ou en complet-cravate, de belles asiatiques en robes longues... La foule des amis du Tibet n'aime pas l'uniformité. Ni sans doute l'uniforme.
PAS DE HAINE
Les Genevois qui s'en vient faire le badaud peut y entendre des sons curieux qui lui rappellent quelque chose: c'est un tibétain qui souffle dans une sorte de cor des Alpes. Un Cor Himalayen, plutôt. Des chants retentissent. Des rires fusent. des ballons s'envolent. Aucun slogan haineux contre la Chine et le pouvoir pékinois est lancé. La manif se déroule dans une atmosphère chaleureuse et souriante. Pourquoi une telle démonstration à cette époque? Il y a trente-huit ans, jour pour jour, la capitale du Tibet, Lhassa, se soulevait contre l'envahisseur chinois qui s'était emparé du pays en 1950. Après ce soulèvement, le Tibet fut occupé militairement par l'armée communiste et le chef spirituel de la nation, le dalaï-lama, fut contraint à l'exile.
MASSACRES SYSTEMATIQUES
Selon les organisateurs du rassemblement de Genève, le pouvoir pékinois a mené des massacres systématiques contre le peuple tibétain: Le sixième de la population, soit un million de personnes, a été tué, des milliers de monastères ont été détruits. Pékin a transformé le Tibet en poubelle nucléaire. Il cherche à siniser la population, en empêchant la langue et la culture indigènes de se développer, en encourageant les avortements forcés, en usant de la torture pour provoquerl'exil.
LA SOEUR DE WEI
Au début de l'après-midi une quinzaine d'orateurs se succèdent sur l'estrade construite devant l'entrée du Palis de Nations. La plus applaudie est sans conteste Wei Shan Shan, la soeur de Wei Jingsheng, la figure de proue des démocrates chinois. D'ailleurs, les principaux dirigeants en exil de la Fédération pour la démocratie en Chine ont fait le déplacement de Genève. On remarque également la présence de responsables des mouvements de libération d'autres minorités en Chine (Turkéstan oriental et Mongolie intérieure), de députés au Parlement européen, de Tashi Wangdi, ministre des Affaires Etrangères du Gouvernement tibétain en exil et d'une représentante du Législatif genevois, Vesca Olsommer (Verts) qui a lu une résolution de soutien pour le Tibet qui a été déposée sur le bureau du Grand Conseil le 4 mars dernier. En début de soirée, les participants sont descendus vers les bains de Pâquis pour y entamer une marche aux flambeaux autour de la rade. Ce matin, dès 10 heures, les manifestants se rassembleront
encore une fois devant le Palis des Nations pour remettre un mémorandum et une pétition d'enfants au hautcommissaire des Nations-Unies pour les droits de l'homme.