CHINE: ZHAO ZIANG SORT DE L'OMBRE
Selon la presse de Hongkong, l'ex-dauphin, destitué après Tiananmen, à écrit aux dirigeants du Parti pour proposer de démocratiser le système politique.
par Jean Leclerc du Sablon
Le Figaro, jeudi 20 mars 1997
La trêve politique du deuil de Deng Xiaoping semble toucher à se fin. Son ex-dauphin, Zhao Ziang, déchu pour avoir sympathisé avec les manifestants du printemps de 1989, et maintenu depuis sous surveillance, envisage de remonter sur scène, selon deux quotidiens de Hongkong. Si la lettre qui lui est attribuée est authentique, elle est un défi pour son successeur à la tête du Parti communiste, Jiang Zemin, l'actuel numéro un. Grâce à ma bonne santé et à des mesures prises par le comité central, j'ai pu visiter récemment nombre de villes et de provinces, j'ai des connaissances politiques et économiques. Lorsque je pense au XV congrès du Parti, à l'automne prochain, je me dis qu'en tant que vieux camarade ayant longtemps travaillé, et comme serviteur du peuple ayant soutenu et appliqué les réformes de Deng Xiaoping, j'ai le devoir de consacrer ma modeste énergie au service du Parti. -Cette lettre de Zhao a été écrite aux milieux dirigeants le 5 mars, selon les deux journaux. Le premier, Apple, est une feuille à
sensation; mais il a été le premier à annoncer l'imminence de la fin de Deng, ainsi que le procès de hauts fonctionnaires pékinois. Le second est le très sérieux Hong Kong Economic Journal, bible des milieux financiers du territoire. Comme pour rassurer ceux qui redouteraient de le voir briguer un fauteuil impérial, Zhao, âgé de soixante-dix-huit ans, mais en excellente forme, selon des proches, cite Confucius: Passé soixante-dix ans, on se sent libre, mais dans les limites du raisonnable.
Humanitarisme révolutionnaire
L'ancien premier ministre (1980), puis secrétaire général du Parti (1987), exprime sa tristesse à la suite de la mort de Deng. Mais il regrette aussi, selon les deux journaux, que le Parti ait cédé aux vues personnelles du patriarche en acceptant un retour aux pratiques antidémocratiques. Deux exemples: la répression de la tempête de Tiananmen, en 1989, et la destitution, en 1987, de Hu Yaobang, dirigeant réputé intègre et libéral, premier dauphin de Deng. Zhao, qui avait pris sa place, reconnaît aujourd'hui sa responsabilité incontournable dans cette affaire. La mort de Hu, en avril 1989, avait soulevé la colère des étudiants. Mais c'est par humanitarisme révolutionnaire explique Zhao, qu'il s'est opposé à la loi martiale, en mai 1989, car il savait que le sang coulerait.
Le gant est jeté à la figure de l'homme qui a été propulsé au pouvoir après le rejet de Zhao, Jiang Zemin. Après avoir proposé de sauver les entreprises d'État par l'actionnariat, Zhao, indiquent les deux journaux, suggère de remédier au retard - dela Chine dans le domaine politique. Solutions recommandées; élection au suffrage des gouvernements de district, Constitution permettant aux citoyens de se protéger contre les actes illégaux des agents de l'Etat et amélioration de la démocratie dans le Parti. S'il n'est pas directement l'oeuvre de Zhao, mais de ses partisans, ce document publié via Hongkorig est peut-être le signal que, pour le clan des zhaoïstes, le moment est venu de relever la tête.
