LE PE, QUI DEMANDE QUE PEKIN OUVRE UN DIALOGUE AVEC LES PARTIES CONCERNEES PAR LA QUESTION DU TURKESTAN ORIENTAL, INVITE LES PAYS DE L'UE A SOUTENIR A GENEVE LA RESOLUTION DANOISE SUR LES DROITS DE L'HOMME EN CHINE
Strasbourg, 11/04/1997 (Agence Europe)
- Le Parlement européen a adopté jeudi une résolution des groupes du PPE, libéral, des Verts et de l'Alliance Radicale dans laquelle, se disant profondément préoccupé pour la montée de l'instabilité dans le Turkestan oriental (région de Xinjiang), il demande aux autorités chinoises d'ouvrir un dialogue politique avec toutes les parties concernées par la question du Turkestan oriental, "de façon à trouver une solution négociée aux diverses revendications formulées par les Ouïgours". Le PE condamne la politique chinoise "visant à éliminer la culture du peuple ouïgours et à réprimer la pratique de sa croyance islamique", y compris par "une politique des naissances visant à modifier la composition ethnique de cette région". Le PE, qui invite le Conseil et la Commission à faire pression sur la Chine pour qu'elle respecte les droits de l'homme aussi bien sur le territoire chinois que dans les "territoires annexés", déplore que l'UE ne soit pas parvenue à s'entendre sur la présentation d'une résolution commune sur
les droits de l'homme en Chine à la Commission des droits de l'homme de l'Onu à Genève, et invite les Etats membres à appuyer la résolution présentée entre-temps par le Danemark. Au cours du débat, le libéral néerlandais Bertens a estimé que les menaces chinoises contre le Danemark devraient être pour l'Europe une raison de plus pour adopter une ligne dure en ce qui concerne le respect des droits de l'homme en Chine (selon lui, il faudrait aller jusqu'à un embargo sur les exportations d'armes vers la Chine). Karl Habsburg-Lothringen (PPE autrichien) a renchéri dans ce sens, ce qu'a fait aussi Olivier Dupuis, de l'Alliance Radicale européenne. En revanche, le social-démocrate autrichien Swoboda, tout en regrettant que l'Union européenne ait été incapable d'adopter une attitude commune sur les droits de l'homme en Chine, a annoncé que son groupe s'abstiendrait lors du vote, car la résolution était formulée d'une manière telle à ne pas permettre, selon lui, la poursuite d'un dialogue avec Pékin. Et le communist
e grec Ephremidis a estimé qu'il s'agissait-là d'accusations pour lesquelles aucune preuve n'était apportée, et que l'adoption d'une telle résolution nuirait à la crédibilité du PE.
Appel du président de l'Alliance des peuples du Turkestan oriental, de Mongolie, de Mandchourie et du Tibet
Erik Alptekin, président de l'UNPO (Organisation des nations et des peuples non représentés) et président de l'Alliance des peuples du Turkestan oriental, de Mongolie, de Mandchourie et du Tibet, a lancé un appel, à l'occasion d'une conférence de presse à Strasbourg, afin que le PE plaide la cause des peuples de cette région auprès des autorités. M. Alptekin a dénoncé la politique de transferts massifs de populations organisée par la Chine au Turkestan oriental, et a rappelé que, selon une résolutionadoptée par l'Onu en 1992, un transfert de population comme celui des Ouïgours (200.000 personnes ont été exilées) équivaut à un génocide. Selon M. Altpekin, les peuples concernés n'ont que le choix entre une lente disparition suite à une assimilation forcée ou la lutte contre les autorités de Pékin et, si cette dernière option était retenue, cela pouffait engendrer un conflit régional, car des Ouïgours et représentants d'autres nationalités résidant dans des pays voisins (comme le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le T
adjikistan ou l'Afghanistan) pourraient franchir la frontière et lutter contre les autorités chinoises.