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Partito Radicale Centro Radicale - 28 aprile 1997
Chine/Kazakhstan/Turkestan oriental

OUIGHOURS: LES EMPIRES CONTRE-ATTAQUENT

par Romain Franklin

Libération, vendredi 25 avril 1997

Barakholka, dans la banlieue de la capitale kazakhe, est le marché le plus bouillonnant de toute l'Asie centrale. Dans ce caravansérail poussiéreux, vaste dédale de centaines de conteneurs bruns agencés en boutiques où l'on parle l'ouzbek, le kazakh, le kirghiz, le ouïghour, le turc, le russe, le chinois et parfois même le coréen et l'allemand, s'opère le gigantesque chassé-croisé entre les cargaisons provenant des anciennes Républiques soviétiques et d'intarissables cascades de produits chinois débordants de camions aux ridelles fatiguées. Le fret chinois est le plus souvent négocié par des Ouïghours, musulmans turcophones de la »région autonome ouïghoure du Xinjiang , en Chine. Au loin, le ruban de bitume cahotant qui mène au poste frontière d'Orgos, au pied des majestueuses Tianshan (8000 m), est raviné par le passage des nouvelles hordes commerçantes. Profitant de la chute de pire soviétique, en 1991, l'antique »route de la soie a repris du service. Elle a désenclavé l'immense Xinjiang et réveillé acc

essoirement l'irrédentisme de ses 8 à 12 millions de Ouïghours (1), que Pékin entend mater. Un premier accord frontalier signé le 26 avril 1996 (complété hier, lire ci-contre) entre la Chine, la Russie et trois républiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan), vise entre autres à contenir la rébellion ouïghoure, pour qui les pays voisins sont de Possibles sanctaaires. Lem inistre chinois des Affaires étrangères, Qian Qichen, avait à cette occasion parlé d'une »clme dont l'un des objectifs est de combattre les activités »terroristes, séparatistes etfondamentalistes . Trafic d'armes. Au milieu du tohubohu des marchands, Abdul prend un air méfiant. Recherché par la Police chinoise, ce mollah de Kashgar (Chine) a passé clandestinement la frontière voilà quelques mois. Il ne veut pas en dire trop, mais on comprend qu'il n'est pas étranger aux envois d'armes automatiques qui passent subrepticement en Chine depuis le Kazakhstan, et surtout du Kirghizistan voisin, pourvenir en aide aux »frères o

uïghours qui se battent de l'autre cô té . Aux dires de commerçants informés, plusieurs centaines de Kalachnikov dissimulées dans un chargement de vêtements de cuir ont été découvertes début mars par la douane chinoise. A l'évocation de l'émeute antichinoise de Yining, qui aurait fait plus d'une centaine de morts, chinois et ouïghours, début février (Libération du 2l mars 1997), Abdul ferme les yeux en signe de recueillement. »Le temps du jihad (guerresainte) est venu , tranche le mollah, d'obédience sunnite, comme tous les Ouïghours. »La répressioni chinoise est telle qu'un point de non-retour a été franchi... Les Ouïghours doivent choisir entre mourir ou être assimilés. Abdul loue le combat de ceux qu'il appelle les »Moudjahidin ouïghours qui se battent contre l'»occupant chinois . Les bombes qui ont explosé dans trois bus d'Urumqi le 25 février? »Quel choix avons-nous? Elles arrêteront peut-être l'afflux de Chinois sur nos terres ... Pékin, qui a démantelé nombre d'écoles coraniques »illégales , crain

t une résurgence du panturquisme et du panislamisme, deux »fléaux qui menacent sa mainmise sur le Xinjiang (et ses richesses pétrolières) depuis près de un siècle. Influence turque. Ce n'est qu'en 1884 que le Xinjiang est déclaré province chinoise. Avec l'indépendance des Républiques ex-soviétiques, la diaspora ouïghours se prend à rêver du rétablissement du »Ouïghourstan , qui a existé sous le nom de »république islamique du Turkestan oriental en 19331934, puis en 1944-1949 sous l'appellation de »république du Turkestan oriental . Pékin se méfie de la Turquie, qui brigue un leadership en Asie centrale turcophone. L'extrême droite turque a pris fait et cause pour l'indépendance du »Turkestan oriental , et une partie des indépendantistes ouïghours voient leur salut dans Erkin Alptekin. Son père, Asai Yusuf, est l'un de leur héros. Décédé en décembre 1995 en Turquie, où il était réfugié, il occupait de hautes fonctions dans la République de 1944-1949. Président de l'Organisation des peuples sans Etat (Unpo)

, en passe d'être reconnue par les Nations unies, Alptekin visite régulièrement Almaty. Certaines organisations islamiques plaident la cause du Ouïghourstan. Rakhmatulla Turkestani, un Ouïghour responsable des »relations extérieures d'Al Arabita, un mouvement prosélyte basé à Djeddah (Arabie Saoudite), où vivent de nombreux commerçants ouïghours, rencontre également fréquemment les militants indépendantistes d'Almaty. Intérêts communs. Mais Pékin comme Almaty ont un intérêt commun à bâillonner la rébellion ouïghoure. Le jeune Etat (indépendant en 1991 ), où les Kazakhs (6,5 millions) sont moins nombreux que les autres populations (les Russes sont 6,2 millions), »a pour priorité nationale d'attirer les Kazakhs de l'extérieur , explique un diplomate occidental. Plusieurs milliers ont ainsi immigré depuis peu de Mongolie et d'Iran. Or, de son côté, la Chine - dont la politique à long terme consiste à rendre les Han (chinois de souche) majori-taires au Yinjiang, dispose d'une minorité de 1,1 million de Kazakhs

quelle écrémerait volontiers. »Il existe un accord tacite entre Pékin et Almaty, avance Khamit Kharmaïev, un historien ouïghour, par lequel le Kaza khstan met la bride aux indépendantistes de la communauté ouighoure (200 000 personnes), tandis que la Chine promet d'inciter les Kazakhs de Chine à émigrer au Kazakhstan. »Les Kazhaks disposent désormais d'une liberté totale d'aller et venir , reconnaît un journaliste chinois basé à Almaty. Opposition étouffée. L'accord frontalier de 1996 a eu pour effet d'étouffer les activités des trois principales organisations indépendantistes ouïghoures au Kazakhstan. L'organisation de libération du Oiüghourstan (OLO, 7 000 membres) a dû suspendre voilà trois mois la publication de son bulletin. Les manifestations devant l'ambassade de Chine sont désormais proscrites. Le Front national uni révolutionnaire du Turkestan oriental (Fnur, créé, en 1979, à Moscou), qui abreuve les agences de presse de communiqués sur la situation au Xinjiang, semble de moins en moins toléré, alo

rs que le président kazakh, Nursultan Nazarbaïev, se rapproche de Pékin. Le Fnur est »dirigé depuis un petit trois pièces d'Almaty par Yusup beg Moukhlissi. Ce propagandiste professionnel de 77 ans a pris le maquis contre le Kuomintang en 1943. Il collabore avec le pouvoir chinois qui s'impose en 1949, échappe à la purge massive opérée par Mao (la majorité des hauts fonctionnaires est exécutée entre 1952 et 1954 pour »panturquisme ou »panislamisme ), puis finit par s'échapper en URSS. La brouille sino-soviétique aidant, il se verra confier la rédaction d'un bulletin indépendantiste ouïghour en 1979. Les attentats à la bombe, qui ont fait plusieurs morts à Urumqi le 25 février, sont »le début de la lutte finale , tonne Moukhlissi en ajoutant: »Les vrais terroristes, ce sont les Chinois. D'autres sources expliquent que les organisations ouïghoures basées au Kazakhstan ont peu descendance sur la rébellion ouïghoure. »En vérité, dit un ancien fonctionnaire de l'admninistration chinoise en exil, les Ouïghours

du Xinjang n'ont pas confiance dans les Ouïghours de la diaspora. C'est sans notre aide qu'ils ont constitué des réseaux et s'approvisionnent en armes ... Ce n'est pas Abdul, le mollah, qui le démentira.

(1) Selon le derbier recensement, 47% de la population du Xinjiang (17 millions d'habitants) est Ouïghoure. De moins de 5% en 1949, la proportion de chinois au Xinjiang est passée au début des années 90.

 
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