LE XINJIANG,
Le Monde, vendredi 23 mai 1997
au nord-ouest de la Chine, est peuplé - 17 millions d'habitants au total, d'après les autorités chinoises - en majorité par des Ouïghours. Ce peuple turcophone, de confession musulmane, réclame la sécession de la province et a engagé une lutte contre le régime central chinois. Le mouvement armé le plus connu est le Front national uni révolutionnaire (FNUR) du Turkestan oriental, replié à Almaty, au Kazakhstan. Il est dirigé par Youssoupbek Moukhlissi, un ancien officier de l'éphémère République ouïghoure écrasée en 1949 par les troupes de Mao. Perçu comme un repaire d'aventuriers par les autres associations ouïghoures, davantage tournées vers la promotion de la culture turcophone, le FNUR entretient des liens étroits avec les groupes politiques et armés actifs de l'autre côté de la frontière. Deux d'entre eux, les Tigres de Lop Nor et l'Etincelle de la patrie, se sont illustrés par des déraillements de trains et des assassinats d'officiers chinois ou de traîtres . Annexé par les Chinois à la fin du XIX, siè
cle, le Xinjiang a connu deux Etats brièvement indépendants au XXe siècle, en 1933-1934 et en 1944. Depuis, il est source de préoccupation pour un régime chinois très sourcilleux sur son intégrité territoriale. Un accord de coopération signé, le 24 avril, entre la Chine, la Russie, le Tadjikistan, la Kirghiizstan et le Kazakhstan, lors de la visite à Moscou du président chinois Jiang Zemin, a consacré l'engagement des Républiques d'Asie centrale à ne pas servir de sanctuaire aux séparatistes ouïghours. Aujourd'hui, 350 000 Ouïghours vivent en exil, en Asie centrale.