PEKIN, 27 sept (AFP) - Les velléités d'indépendance de Taïwan constituent une véritable bombe à retardement pour les relations sino-américaines, ni Pékin ni Washington n'apparaissant en mesure d'influencer la situation politique dans l'île, a estimé samedi à Pékin le sinologue américain David Lampton, président du National Comittee on US-China Relations.

Par le passé, "Pékin comme Washington présupposaient que les Taïwanais se considéraient comme des Chinois et ne reconnaissaient qu'une seule Chine. Mais ce présupposé est en train de s'effondrer", a-t-il déclaré au cours d'un point de presse, au terme d'une série d'entretiens avec de hauts responsables chinois.

Une éventuelle déclaration d'indépendance formelle de Taïwan, prônée par une partie de l'opposition taïwanaise, serait considérée comme un casus belli par Pékin. Mais "ni Pékin ni Washington ne contrôlent l'issue des élections à Taïwan", a relevé M. Lampton.

Selon lui, "trop de gens à Taïwan semblent croire que les porte-avions américains sont des chèques en blanc que l'on peut signer avec le sang des Américains". Lors des tirs de missiles chinois à proximité de Taïwan au début de 1996, lors des élections présidentielles sur l'île, Washington avait envoyé deux porte-avions dans le détroit, en forme de mise en garde à Pékin.

La crise des missiles a permis aux dirigeants chinois et américains de réaliser que leurs relations ne se limitaient pas "au commerce ou aux droits de l'Homme", mais étaient une question "de guerre ou de paix", selon M. Lampton.

La visite fin octobre du président Jiang Zemin aux Etats-Unis doit selon lui donner au président Bill Clinton l'occasion de faire "son premier grand discours de politique chinoise en cinq ans de présidence" et d'instaurer un climat de confiance entre les deux pays. Pour le président Jiang, "50% de l'enjeu consistera à communiquer avec l'opinion publique américaine" pour qui "le facteur humain est important", a estimé M. Lampton.

Selon lui, le sommet pourrait déboucher sur "de gros contrats financiers", les observateurs attendant particulièrement des commandes pour Boeing. En revanche, peu de progrès sont à attendre à son avis sur la demande d'adhésion de Pékin à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et la visite officielle ne devrait pas donner lieu à des libérations de dissidents.

(in A.F.T.L. - Alliance Francophone pour le Tibet Libre)