LA CHINE A BOUCHE PLEINE AU FESTIN DIPLOMATIQUE
par Eric Meyer
Le Soir, lundi 17 novembre 1997
La Chine montre, ces dernières semaines, une incroyable fringale de missions diplomatiques. A peine le président Jiang Zemin de retour de sa tournée aux Etats-Unis, et du sommet avec son homologue Bill Clinton, le Premier ministre Li Peng à son tour se rend pour 5 jours à Tokyo, où il a vu son collègue Ruytaro Hashimoto avant de présenter ses respects au tout-puissant Keidanren, club des industriels nippons, puis (ce mercredi) à l'Empereur Akihito. Au programme de Li Peng figurent également une étape industrielle à Osaka (visite d'une chaîne - hi-tech de chez Matsushita), d'autres culturelles (les temples de Kyoto, les jardins et parcs de Nara) ainsi qu'une mission spéciale: préparer la visite officielle du président du Céleste Empire vers l'Empire du Soleil-Levant, mi-1998! Il se dit à Pékin, que la visite du ne 2 Chinois au Japon, fait pendant à celle du n 1 aux USA, aux termes des règles alchimiques complexes de la hiérarchie du parti. En clair: Li Peng serait sorti du pays juste après Jiang, afin de ne p
as maintenir trop longtemps le projecteur sur ce dernier. Curieusement, semblable rumeur circule à propos de la visite que Boris Eltsine vient d'effectuer -à la hussarde, lundi et mardi à Pékin et à Harbin (la plus russe des villes de Chine, à 1.000 km au nord de la capitale). Eltsine semble venu -à l'improviste-, pour bien peu de choses: les trois quarts des contrats projetés n'étant pas prêts, seule une lettre d'intention a pu être signée, portant sur un gazoduc d'un coût de 12 milliards de dollars et d'une longueur de 3.000 km (d'Irkoutsk aux ports chinois, vers la Corée et le Japon). La raison de fond à cette visite étant, dit-on, la crainte d'un flirt sino-américain - ne pas laisser Pékin trop longtemps seule à sa lune de miel avec Washington... En tout cas, ce mini-sommet sino-russe s'est révélé incroyablement amical et informel. CARNETS DE ROUTE Pendant ce temps, Washington venait de dépêcher à Pékin, en toute discrétion, un secrétaire d'Etat, M. Talbert, pour discuter en urgence d'affaires de sécurit
é, entendez de l'Irak et d'une réponse mondiale à apporter aux provocations de Saddam Hussein. Autres visites mineures attendues: celle d'une délégation taïwanaise en province, dans le but - très hasardeux - de relancer les négociations entre les deux frères ennemis de la Chine; celle d'un Premier ministre de Madagascar; celle du Yougoslave Slobodan Milosevic. Sans oublier le prochain nouveau départ de Jiang Zemin: ce sera pour Vancouver, du 24 au 26 de ce mois, où se tiendra alors le sommet de l'Apec, sommet des pays membres du club de la région Asie-Pacifique. Suite à quoi, tant qu'à se trouver au Canada, il se rendra à Ottawa en visite officielle, avant de se tourner, d'un quart de tour, vers le sud: destination Mexico, visite officielle à l'invitation du président Zedillo... Décidément, cette Chine qui donne le tournis, superstar économique de cette année 1997, montre bien qu'elle veut battre le fer pendant qu'il est chaud, et se faire reconnaître au plus vite comme un partenaire incontournable de la scè
ne diplomatique mondiale!