2 Octobre 981/ Manifestation devant le Parti Socialiste : Communiqué des associations sur place.
Réponse du PS.
Commentaire de France-Tibet : Raison d'Etat et Droits de l'Homme
2/ Marche du tigre : appel à la mobilisation : Marche Lyon-Marseille du 2 au 24 octobre 1998
3/ LE VRAI TIBET , Par Jean-Michel Asselin.
1a/ Manifestation devant le Parti Socialiste : Communiqué des associations sur place:
Cinq membres d'associations de solidarité avec le Tibet se sont bâillonnés et enchaînés de 11 h à 12 h 30 le 23 septembre 1998 aux grilles du siège du Parti Socialiste rue de Solférino, à Paris. Ils entendaient ainsi montrer aux Français ce que le premier Ministre qui partait le jour même pour la Chine ne verrait pas au cours de son voyage : le peuple Tibétain et les militants démocrates bâillonnés et enchaînés.
François Hollande, Premier secrétaire du Parti Socialiste, est venu en personne s'entretenir avec les manifestants et leur a réaffirmé le soutien du Parti Socialiste aux militants démocrates chinois et au peuple Tibétain. Rappelant que le Dalaï Lama avait été reçu par Lionel Jospin, alors Numéro 1 du PS en 1996, ainsi qu'en Juin 1998 par Jack Lang à la commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée Nationale, il a exprimé son soutien à une solution pacifique et négociée de la question tibétaine.
Les manifestants lui ont réclamé une prise de position claire et publique du PS à ce sujet. François Hollande s'y est engagé.
Association France-Tibet,
Comité de Soutien au Peuple Tibétain,
Solidarité-Tibet, et
Association des étudiants Taiwanais en France
1b/ Réponse du PS :
"Le Parti socialiste, à l'occasion du voyage en Chine du Premier Ministre, tient à rappeler combien il est attaché à la protection des Droits de l'Homme dans ce pays, et à cet égard il note avec satisfaction que Lionel Jospin a abordé cette question lors de son entretien avec son homologue Zhu Rongji. Le PS n'a jamais considéré comme contradictoire le développement des relations économiques avec le rappel que la démocratie est la forme supérieure de toute organisation politique. En outre, le souci d'entretenir de bonnes relations avec la Chine n'empêche en rien de souhaiter que les autorités chinoises reprennent le dialogue avec les représentants de la région autonome du Tibet conformément aux engagements qu'elles ont pris devant la Communauté Internationale".
1c/ Commentaire de France-Tibet: Raison d'Etat et Droits de l'Homme :
Le travail en commun d'au moins 5 Associations à permis de sensibiliser d'avantage sur la question du Tibet (Association France-Tibet, Comité de Soutien au Peuple Tibétain, Solidarité-Tibet, Association des étudiants Taiwanais en France et M.A.B.B.H. international : May All Beings Be Happy).
Nous avons appris avec plaisir que le Premier Ministre Lionel Jospin avait transmis un message du Dalaï Lama à Jiang Zemin, nous saluons le courage dont il a fait preuve à cette occasion. Nous déplorons cependant qu'il ne se soit pas exprimé publiquement sur la question du Tibet. Cela nous semble être en effet le seul moyen de faire avancer efficacement ce dossier.
Nous saluons l'engagement du PS et de François Hollande pour la protection des Droits de l'Homme. Nous avons particulièrement apprécié que François Hollande ait rejoint les manifestants enchaînés aux grilles du PS. Nous comprenons que le PS se situe sur une même longueur d'onde que le Premier
Ministre Lionel Jospin sur l'absence de contradiction entre les relations économiques et la réaffirmation de l'intérêt supérieur pour la démocratie. Nous souhaitons seulement rappeler qu'il existe en Chine un système de Goulag (les Laogaï), où 10 millions de personnes travaillent dans des conditions inhumaines, y perdant leur santé et fréquemment la vie. Il existe à nos yeux des restrictions aux relations économiques, qui passent par l'examen scrupuleux des conditions de travail dans le pays avec lequel les relations économiques sont engagées. Rappelons également que Wei Jing
Sheng disait récemment que les gouvernements occidentaux ne perdront pas la face s'ils se montrent fermes par rapport aux règles démocratiques d'un état de droit, bien au contraire... Il nous semble en outre qu'un faux sens se soit logé dans la déclaration du PS : il ne s'agit pas que la Chine renoue le dialogue avec »les représentants de la région autonome du Tibet qui sont nommés par le pouvoir central de la Chine, mais avec le Gouvernement Tibétain en exil et le Dalaï Lama qui représentent toutes les aspirations de la très grande majorité des Tibétains en exil et au Tibet même.
Nous souhaitons que les intérêts commerciaux à court terme ne se transforment pas en fiasco du fait de la récession qui arrive, et nous réaffirmons notre souhait d'entendre une déclaration en faveur d'intérêts à long terme prenant en compte les conditions de vie des personnes et qui seuls sont susceptibles d'entraîner une stabilité économique durable.
2/ Marche du tigre : appel à la mobilisation : Marche Lyon-Marseille du 2 au 24 octobre 1998
Le principe de la marche est celui de la non-violence et de la détermination, et c'est dans cet esprit que la marche du tigre entend rappeler la détresse du peuple tibétain et le caractère non-violent de sa
résistance à l'oppression. Dans le calendrier tibétain, 1998 correspond à l'année du Tigre de Terre, pressentie comme une année charnière pour l'avenir du Tibet. La marche ralliera Lyon, le 2 octobre (date anniversaire du Mahatma Gandhi, symbole de la non violence) à Marseille, le 24 octobre 1998 (date anniversaire d'Alexandra David Neel).
Elle traversera les villes de : Lyon (2-3/10), Vienne(5/10), Valence (9/10), Montelimar (12/10), Avignon (17/10), Salon-de-Provence (20/10), Aix-en-Provence (22/10), Marseille (24/10).
Le Vénérable PALDEN GYATSO, survivant de 33 années de prison au Tibet se joint dès le 2 Octobre à cet événement et pendant une semaine pour marcher et témoigner des violations des Droits de l'Homme au Tibet.
Ce soir, si les conditions météorologiques le permettent :
Mandala de 1000 Bougies en hommage au Mahatma Gandhi, place Carnot, devant la Gare de Lyon-Perrache.
Samedi 3 Octobre, 12h:
Réunion place Carnot, devant la Gare de Lyon-Perrache: discours et lancement de la première étape de la Marche.
Des membres de France-Tibet se joindront à la marche à différentes étapes. Marcelle Roux et Christophe Cunniet (Tél. mobile: 06 80 70 69 45 et 06 12 25 95 54)seront au départ de la Marche, Samedi et Dimanche Soyez nombreux à venir marcher pour encourager la lutte non-violente d'un
peuple pour sa liberté !!!
Pour tous contacts: http://perso.infonie.fr/lamarchedutigre
CFTL Lyon 04 72 77 56 73
CFTL Marseille 04 91 07 33 13
3/ LE VRAI TIBET , Par Jean-Michel Asselin :
J'aime les Tibétains. J'aime le Tibet. Pour des motifs peu avouables (même pas humanitaires puisqu'il s'agit de grimper sur des montagnes) je me rends régulièrement dans ce pays. Six voyages à ce jour. Je lis bien évidement tout ce qui s'écrit sur le Tibet. Je suis étonné de la confusion qui règne à ce sujet. Le Tibet dont on parle sur les plateaux de télévision me semble très souvent éloigné de la réalité. Peut-être parce qu'on mélange la religion et la vie réelle. Le bouddhisme de salon n'est pas la foi du charbonnier que pratique le dropka* perdu sur les hauts plateaux, plus prompt à en découdre avec les démons et le mauvais sort qu'à méditer sur la compassion. J'avais été agréablement surpris d'entendre le Dalaï Lama,
s'adressant à une assemblée de quelques milliers de personnes déclarer :
"Ne croyez pas que le bouddhisme soit la solution universelle aux problèmes du monde, je préfère que vous puisiez dans vos propres traditions religieuses". Il n'empêche, le bouddhisme est une mode et les Tibétains se trouvent investis de toutes les qualités du monde. Ils le méritent sûrement mais en bons bouddhistes ils savent aussi que leur karma collectif n'est pas le seul fruit du hasard et qu'on a malheureusement les Chinois qu'on mérite. Avant que le XIIIe Dalaï Lama ne prenne fait et cause pour son petit peuple dans les années trente, le Tibet n'a pas toujours été le symbole de sagesse et de non-violence qu'incarne si bien Sa Sainteté exilée, Tenzing Gyatzo XIVe Dalaï-Lama et prix Nobel de la paix. Je me suis toujours amusé de voir des touristes affirmer devant les ruines des forteresses semées sur tout le plateau "encore des dégâts de la révolution culturelle !". Ils oubliaient simplement que les morceaux de murs qui les navraient dataient du XIIIe ou XIVe siècles et n'étaient que des restes des
châteaux détruits par le temps et les guerres féodales. Les Chinois ont envahi le Tibet. Tout le monde sait cela, tout le monde sait qu'ils n'ont pas été spécialement tendres. Ils ont torturé, emprisonné. Ils ont
contribué à ce que l'intelligentsia religieuse et les fortunes tibétaines (dans un premier temps) fuient leur propre territoire. La diaspora tibétaine a su et c'est tout à son honneur, susciter la sympathie dans de nombreux pays. Les autorités religieuses les plus éminentes sont devenues des persona grata dans les milieux d'affaires et du show-biz. Ce n'est pas le cas de tous les réfugiés. Si nous prenons le cas du Népal où vit une forte communauté tibétaine on y trouve des commerçants repus mais aussi
beaucoup de pauvres gens qui se contentent d'un artisanat de fortune avec pour toute échoppe une simple marche sur l'escalier géant qui mène au stupa de Swayanbunath. On trouve aussi à Jawlakhel dans un camp de réfugiés près de Kathmandou, une fabrique de tapis où des ouvrières tibétaines
travaillent onze heures par jour et six jours par semaine pour des salaires maigrelets. Une partie de la vente des tapis revient aux instances religieuses. Au Tibet, le vrai, celui des plateaux et de l'oxygène rare que se passe-t-il en 1997 ? Jean-Jacques Annaud eut raison de tourner son film en Argentine, Lhassa ne se ressemble plus. Sous prétexte de réhabilitation toutes les vielles maisons sont rasées. Au pied du Potala, une place monumentale bordée de boîtes de nuit, avec néons géants fut inaugurée en
1995. Un avion Mig grandeur nature et des fontaines avec jets d'eau éclairées de toutes les couleurs trônent à la place des anciennes demeures.
La ville possède son lot d'embouteillages, les chaussées sont encombrées de 4x4 (japonais bien sur). Plus grave, les prostituées. Trois ans en arrière, elles étaient apparues au seuil de petits bars discrets. Maintenant dans toutes les rues de la ville, y compris autour du vieux temple du Jokhang, on ne voit qu'elles. Certains observateurs parlent d'arrivage de plus de 5 000 prostituées dans cette seule ville. Certaines rues sont ainsi faites :
un commerçant, un bordel, un commerçant, un bordel, etc. Les filles assez dés uvrées passent leur temps devant la porte de leur boutique, assises en train de tricoter. Elles viennent de toute la Chine et l'on trouve parmi elles quelques Tibétaines aux prestations moins coûteuses (environ 20 F). Les filles ne se protègent évidemment pas et ont comme clientèle les militaires Chinois mais aussi la nouvelle "high society" tibétaine vivement encouragée à les fréquenter. SIDA ? Seuls les grands hôtels vendent des préservatifs, à côté d'une vitrine de moulins à prières et de gadgets sexuels. L'ambiance est chaude. A côté du Jokhang, sur le tracé du Barkhor, un grand magasin vend toutes les babioles chinoises possibles. Sexe et marchandises sont les deux choses les plus évidentes à Lhassa, même les militaires et la police se font discrets, les nouvelles armes ont les yeux faits et les talons hauts. Les Tibétains se font aussi très discrets. On en voyait encore beaucoup de ces gens des steppes, chuba* sombre et grand
chapeau. Ils sont désormais concentrés autour du Jokhang et parfois ils visitent avec les touristes le musée du Potala. Plus une photo du Dalaï-Lama ne traîne sur les autels de »akyamuni ou d'Avalokiteshvara*.
Seules les photos de feu Panchen Lama ont droit de cité. De la même façon dans les taxis, ou simplement pendue au cou des moines on pouvait apercevoir des médaillons avec le Dalaï-Lama. Cette époque est révolue La pression doit être forte puisque même les gardiens de yacks dans les
espaces les plus reculés ne vous accostent plus en mendiant "Dalaï Lama-par !" qui veut dire "Une photo du Dalaï-Lama !". Les touristes eux-mêmes n'osent plus entrer au Tibet avec leurs lots de photocopies couleur de Sa Sainteté. Les guides officiels dans les temples ne mentionnent plus
l'existence de Tenzing Gyatso et pour cause, des caméras et des micros espionnent tous les faits et gestes. Dans la rue c'est le règne du portable (dernier chic à Lhassa) des bars karaokés, difficile à croire sur le Toit du Monde. L'alcoolisme est de bon ton et des bagarres éclatent entre ivrognes à toutes les sorties de boîte. Il existe toujours des moines qui pratiquent les joutes oratoires à Sera mais attention, la rumeur dit que la plupart sont des espions. Dans les autres grandes villes, à Gyantsé ou Shigatsé la situation est du même acabit. Les habitants de Gyantsé ne fréquentent plus ce merveilleux mandala en trois dimensions qu'est le temple de Khumbun. Aux portes du temple, les Chinois ont créé un non moins merveilleux parc de jeux doté de champignons en plastique du plus bel effet. Côté prostitution, ces villes de quelques milliers d'habitants, voire quelques centaines (à Nyalam) ne sont pas à plaindre. Même petits bordels avec vitres teintées en bleu et du carrelage blanc sur la devanture, et à l'
intérieur des "box" en ligne, pourvus de canapés défraîchis en velours rouge. Loin dans les terres, les Tibétains, les nomades continuent de vivre comme ils ont toujours vécu : pauvres, secrets, rigolards et roublards. Le vrai Tibet existe là, auprès des yacks, dans l'odeur des tentes, autour du foyer où brûlent la bouse et l'encens. Ces paysans qui errent cheveux défaits, incarnent nos rêves de nantis. Que savent-ils des Richard Gere qui les défendent ? Eux dont le souci est de boire du thé salé, de manger la tsampa quotidienne et d'avoir des enfants forts ? Ils continuent de déposer dans le vent les drapeaux de prière, sans rien connaître de la géopolitique. Ils passent le grand col du Nangpa-la à 5 600 mètres pour se rendre au Népal vendre du sel et de la laine. A leur retour, ils croisent ceux qui quittent leur pays pour grossir l'exil. Tous les jours, depuis le belvédère de notre village de toile au camp de base du Cho Oyu, nous pouvions voir les colonnes de marchands et de réfugiés sur la neige. Les Ch
inois ne les arrêtent pas, ne les arrêtent plus. Le Tibet se vide, il n'est plus qu'un rêve et seuls ses derniers pauvres le représentent, abandonnés de tous et de tout, sans jamais avoir besoin de personne. On dit que dans l'Est, les grandes étendues désertiques sont devenues des décharges nucléaires en provenance du monde entier. On dit que certaines femmes emprisonnées sont assises sur des pieux, on dit que tous les moines ont été rééduqués, on dit que des missiles sont enterrés près de Lhassa. On dit ces choses probablement vraies et dramatiques. On dit qu'il est une terre si haute que les nuages la frôlent, que le vent chante en
permanence. On dit que la lumière est unique, toute de beauté. Il faudra bien un jour qu'un tout petit peuple qui ne sait même pas fuir existe envers et contre tout, ni libre, ni heureux, ni triste, ni enchaîné. J'ai vu un guide (Français) répondre à un gamin de ce petit peuple : "Tu ne crois quand même pas que je vais serrer ta main pleine de vermine !" Cet homme expliquait à son groupe de touristes le panthéon bouddhiste et parlait de la compassion. Quel Tibet défendait-il ?
Jean-Michel Asselin
FRANCE-TIBET (Association Loi 1901) NOUVELLE ADRESSE : 10 rue Jean MACE 75011 PARIS
Contacts : Marcelle ROUX Tél. mobile: 06 80 70 69 45
Délégué Ile de France : Christophe CUNNIET 01 69 05 45 17 / 06 12 25 95 54
Site Web: http://perso.wanadoo.fr/france.tibet
e-mail: france.tibet@wanadoo.fr
"La Religion du futur sera une religion cosmique. Elle transcendera un Dieu personnel en écartant dogme et théologie. Rassemblant le naturel et le spirituel, elle sera basée sur un sens religieux qui survient de l'expérience de toutes les choses naturelle et spirituelle comme une unité pleine de sens. Le Bouddhisme répond à cette description. S'il y a une religion qui peut se distinguer avec les besoins du scientifique modernes, c'est le Bouddhisme ".
-ALBERT EINSTEIN, Idées et Opinions