in Quotidien de l'Alliance Civique

14 septembre 1991

de Sorin MARNA

Plusieurs observateurs et hommes politiques de l'étranger voient dans une repolarisation sur le principe anglosaxon de la vie politique et dans l'existence de deux grands partis une solution - au moins provisoire - pour résoudre la question de l'instabilité de la Roumanie. Selon des officiels américains, ces deux grands partis devraient etre le FSN et le PAC. Une telle hypothèse implique une correction du style politique de l'actuelle formation gouvernamentale dans la vie parlamentaire et partout ou il exerce son pouvoir. Une telle repolarisation devrait avoir, selon eux, l'avantage d'éliminer graduellement tous les éléments rétrogrades et compromis du FSN en donnant "main libre" au réformiste agité qu'est Petre Roman.

Une diminution du role joué par les "partis historiques", envers lesquels l'administration américaine ne s'est pas encore libérée de ses réserves, devrait s'en suivre quasi immédiatement.

Du point de vue occidental un dialogue avec des partis similaires à ceux de leurs pays - c'est à dire "manageable", élastiques, ouverts aux compromis politiques et aux réorganisation tactiques - serait préférable. Ce n'est pas par hasard que les partis occidentaux ont favorisé dans leurs relations les formations telles que celle du pragmatique Vaclav Klaus de Tchécoslovaquie ou la Fidesz hongroise qui semblent etre plus proches du style politique de l'Ouest.

Une polarisation FSN-PAC présenterait ainsi l'avantage d'exclure toutes les formes d'extrémismes politiques en menant à la neutralisation des communistes et des ultranationalistes.

Un seul élément est tout de meme ignoré dans cette vision quasi-idylique: les circomstances et les complicités qui ont conduit à l'arrivée au pouvoir du FSN. Volontairement ou non, on oublie précisément le fait que l'apparition et surtout l'option pour la prise du pouvoir par le FSN a agit comme une parapluie de protection pour ces éléments réactionaires ou seulement oportunistes. Un jeux dangereux qui ne peut plus etre caché par les actuelles déclarations de principe. La formation de messieurs Iliescu et Roman a utilisé d'une manière évidente la pression de toutes ces forces obscures, le magnétisme tentaculaire de la nomenclature de tous les niveaux.

Peut-etre que les analystes occidentaux ont raison en soutenant qu'une tyranie aussi sombre que celle de Ceaucescu ne pouvait pas etre suivie directement par une sociéte pluraliste et ouverte. Mais en Roumanie la période du gouvernement du FSN n'a meme pas apporté les prémisses d'une normalisation minimale.

Au contraire la réthorique démagogique a rempli les fissures superficielles et a continué à approfondir la crise.

Dans de telles conditions il devient plus facile de comprendre pourquoi le PAC hésite à devenir un adversaire politique loyal du FSN. Le passé récent du FSN rend difficile de le classer parmi les partis authentiquement démocratiques.

Pour les partenaires américains ou ouest-européens des négociations avec un seul partenaire principal de l'opposition démocratique roumaine - comme le serait le PAC - simplifieraient énormément les rapports avec le Marché Commun et Washington.

On peut tout de meme supposer que seuls les résultats des élections locales pourraient définir plus exactement des rapports de forces encore turbulents...

Si à l'intérieur du FSN autant que parmi ses sympathisants actuels une option claire en faveur de la démocratie n'apparaissait, il est possible que le climat politique devienne, en Roumanie, encore plus instable avec des conséquences imprévisibles et de nouvelles possibilités de restauration filo-communiste.

C'est justement pour cette raison qu'un regroupement et une solidarisation de l'opposition démocratique restent, selon nous, plus importants qu'aucun consensus illusoire avec un FSN oscillant et obsédé par un maintien au pouvoir à n'importe quel prix.