----Ci dessous la lettre que les députés Vasile Diacon, Anton Nicolau et Ioan Ietcu, membres du Parti Radical, ont envoyée au Directeur du quotidien de Bucarest, Azi, en réponse à la publication, le 20 novembre 1991 par ce même quotidien d'un article intitulé "Parlementaires roumains dans le parti de Cicciolina". Cette lettre a été publiée dans l'édition de AZI du 20 décembre 1991.
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Monsieur le Rédacteur en Chef,
Les sous-signés, Vasile Diacon, dr. Anton Nicolau et dr. Ioan Ietcu, au nom des 31 deputés qui ont adhéré au Parti Radical Transnational, vous prient respectueusement, sur base de la législation en matière de droit de réponse, d'avoir l'amabilité de publier les précisions suivantes relative à la parution dans le numero du 20 novembre 1991 du quotidien "Azi", d'un article intitulé "Parlementaires roumains dans le parti de Cicciolina" (sic!).
Lorsque un article se veut dénigrant déjà dans son titre, laissant aux lecteurs une fausse image quant à l'activité des parlementaires cités, quelques précisions s'avèrent nécessaires à la clarification du problème. Alors, pourquoi des parlementaires roumains dans le Parti Radical Transnational ?
Parce que c'est le parti de représentants renommés du Parlement Européen, avec parmi eux, la distinguée madame Adelaide Aglietta, vice-présidente de ce Parlement, co-rapporteur pour la Roumanie, par trois fois en visite dans notre pays; de lauréats bien connus du Prix Nobel dans différentes disciplines, comme Vasily Leontieff, Rita Levi Montalcini, George Wald, Mairead Maguire Corrigan, lauréate du Prix Nobel pour la paix, et beaucoup d'autres personnalités de la vie culturelle.
Parce que c'est un parti de facture gandhienne, nonviolent, démocratique, écologiste, fédéraliste-européen, anti-autoritaire, antimilitariste, etc. Eugène Ionesco, le renommé dramaturge roumain d'expression française, déclara, quant à lui, au moment de son adhésion au parti: "Les buts et les idées de ce parti s'adressent à mon coeur: je suis nonviolent le plus violemment possible. Si ce parti devait disparaitre, ce serait une chose désastreuse parce qu'existent en lui les germes d'une spiritualité qui peut être infiniment bénéfique pour l'homme".
Parce qu'il est ouvert à tous les parlementaires du monde. Parce qu'en font partie des parlementaires qui appartiennent à une zone géographique qui va de Bakou à Madrid. L'adhésion à ce parti, à ce forum international, ne signifie pas avoir une activité dans deux partis, au sens de la loi roumaine. Ce parti n'a aucune connection avec la vie politique et économique de la Roumanie.
Si pas par la force, au moins numériquement, le Conseil Fédéral de ce parti concurencera dans un proche délai le Parlement Européen qui est basé sur les mêmes idées. Aux conférences de ce parti nous pouvons discuter, avec les autres parlementaires, de nos problèmes, nous pouvons constituer un lobby important pour la Roumanie, chose qui a déjà commencé d'ailleurs.
Les Conseils Fédéraux et les congrès de ce parti sont organisés dans différentes villes d'Europe. Pour le prochain congrès, les villes proposées sont Prague, Yalta, Lubiana et Bucarest. Même si, en ce qui nous concerne, Yalta nous a le plus plu, nous avons prié le président Marco Pannella de choisir Bucarest parce que trois jours de congrès représentent environ un milion de dollars et nous avons considéré que ce serait très avantageux pour Bucarest, vu sa faim de devises et étant donné que cette somme correspond à trois jours d'hospitalité seulement. Un congrès de ce parti à Bucarest signifierait aussi la présence en Roumanie des très nombreux parlementaires, hommes de culture, journalistes de toute l'Europe, qui pourront se convaincre personnellement de la réalité roumaine et porter plus loin la vérité sans aucun cout et sans qu'ils en soient aucunement obligés.
Quelques-uns ont dit de ce parti qu'il a Budapest derrière lui. Nous savons par contre qu'il est controlé par des italiens. Et même si c'était comme ça, si Budapest s'était infiltrée là ou l'on parle de l'avenir de l'Europe, il deviendrait d'une nécessité absolue que nous soyons là aussi. On a dit de quelques-uns de nos collègues de l'UDMR qu'ils ont fait, lors de leur sortie du pays, des déclarations dénigrantes à l'adresse de la Roumanie. Si quelques-uns l'ont fait, alors nous ne savons pas pourquoi nous ne devrions pas être là pour prévenir des situations de ce genre. A Zagreb, le député Laszlo Zsigmond a parlé comme un roumain. Nous le félicitons pour la position adoptée.
On a dit de ce parti qu'il s'occupe d'espionnage. Nous ne croyons pas que ceux qui sont en face s'occupent de tels problèmes. Et de toute façon, il existe un organisme spécialisé, précisément payé pour réprimer de telles activités. Ce n'est pas à nous de nous mêler de ça.
On a dit que ce parti milite pour enlever la Transylvanie. C'est faux. Il milite pour les Etats Unis d'Europe. Quelques-uns ont parlé d'une confédération européenne, d'autres de la Maison commune européenne. Quel qu'en soit le nom, c'est, à notre avis, une nécessité de cette étape historique. Nous tenons à mentionner par ailleurs que cette idée a une tradition dans la pensée roumaine. Alexandru Papiu Ilarian voulait une confédération européenne, dans laquelle il aurait été possible de lutter pour un Etat roumain completé par toutes les provinces habitées par des roumains. Au nom d'Alexandru Ioan Cuza (le seigneur de la Moldavie de l'époque, ndt) il discuta avec le général Tuerr, émissaire de Kossuth Lajos, un plan de confédération danubienne, en la conditionnant à l'égalité nationale et à l'indépendance de la Transylvanie face à la Hongrie. Nicolae Balcescu préconisait une fédération et des droits égaux pour toutes les nationalités: "Qui dit fédération, dit solidarité des intérêts, des droits, des buts et de
s bénéfices.". Plus tard, O.C. Taslauanu parlait des Etats Unis de l'Orient, D.V. Barnoschi de l'Union des Etats Européens, sans oublier de mentionner l'idée européenne de Titulescu.
Si ce souhait se réalisait, une possible entrée de la Roumanie dans cette fédération, ne signifierait pas la modification de ses frontières, mais qu'elle ait, à ce moment-là, récupéré tous les territoires qui lui ont été arrachés. Ainsi, à l'occasion des réunions des parlementaires du Conseil Fédéral, nous pourrions faire connaitre notre différent territorial avec l'Ucraine.
Quant à la motion sur la Yougoslavie, quels que soient les termes utilisés, elle ne vise que l'arrêt d'une guerre non souhaitée, la neutralisation d'un foyer dangereux pour toute l'Europe. Quant à la reconnaisance de l'indépendance de l'une ou l'autre des républiques yougoslaves, nous soulignons que les textes de droit international garantissent le droit de tous les peuples à l'autodétermination, et nous ne pouvons rien faire d'autre que ce que va faire toute l'Europe. Nous ne pouvons pas nous mettre nous-même en dehors d'elle ! Nous considérons aberrant tout rapprochement, dans la tête de qui que ce soit, entre la situation de la Yougoslavie et celle de la Roumanie.
Depuis la date de la publication de l'article, le numéro des parlementaires roumains inscris, membres de ce Conseil Fédéral, est passé à 31, comprenant des parlementaires du Front de Salut National, Parti National Libéral, du Parti d'Union Nationale Roumaine, Mouvement Ecologiste de Roumanie, Parti Ecologiste Roumain, Parti Social Démocrate Traditionnel, Union Démocratique des Hongrois de Roumanie et de représentants d'autres minorités nationales.
Nous vous remercions pour votre amabilité de publier ces lignes.
Vasile Diacon
Dr. Anton Nicolau
Dr. Ioan Ietcu