Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
gio 17 lug. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Conferenza Partito radicale
Partito Radicale Centro Radicale - 19 settembre 1994
Conférence à La Haye sur la reconstruction du Rwanda.
APPEL A LA HAYE POUR UN TRIBUNAL INTERNATIONAL

par Colette Braeckman

(Le Soir, 19-9-94)

Les corps des victimes du génocide n'ont toujours pas reçu de sépulture, les réfugiés qui ont repris le chemin du pays sont moins de 10 % du total. Faute d'assistance autre qu'humanitaire, la reconstruction du Rwanda n'a pas encore pu commencer, les blessures trop fraîches saignent encore, de tous côtés... C'est pourquoi la conférence organisée, à La Haye, à l'initiative du centre Nord-Sud, du Comité hollandais pour l'éducation au développement et du Conseil de l'Europe était à la fois ambitieuse, porteuse d'espérance et prématurée.

Ambitieuse, car elle souhaitait examiner les conditions de la réhabilitation morale et matérielle du Rwanda, et elle a réussi à rassembler quelque 150 acteurs et observateurs proches du Rwanda, le président rwandais Pasteur Bizimungu, trois ministres de son gouvernement, un grand nombre de diplomates, de membres d'organisations humanitaires et non gouvernementales mais aussi des représentants de l'"autre Rwanda", celui de la société civile en grande partie exilée, des hommes politiques comme Dismas Nsengaremye, l'ancien Premier ministre, ou James Gasana, ancien ministre de la Défense.

La conférence qui avait pour ambition d'examiner les bases de la reconstruction du Rwanda était peut-être prématurée, deux mois après la fin de la guerre, alors que le temps des procès d'intention, de la méfiance est loin d'être révolu. Alors que les vainqueurs sont tragiquement seuls et les vaincus amers et désemparés, alors que, face à cet échec généralisé que représente la tragédie, aucune des parties en cause, y compris les acteurs étrangers, ne semble encore prête à l'autocritique...

DIALOGUE

La conférence a cependant été un signe d'espoir car en marge des séances de travail, des contacts se sont renoués, des dialogues ont repris, des manoeuvres aussi, afin d'élargir la composition de l'équipe au pouvoir à des personnalités capables de convaincre les réfugiés de rentrer au pays. Même si d'un groupe à l'autre on ne se parlait pas beaucoup, la conférence avait parfois allure de retrouvailles.

Il est clair que si la guerre est terminée, malgré les rumeurs faisant état de la réorganisation des anciennes forces armées qui pourraient même passer par le Burundi, le conflit politique se poursuit et qu'il représente le noeud du problème des réfugiés. Pour qu'ils rentrent, soulignèrent plusieurs intervenants, dont la représentante du Comité international de la Croix-Rouge, "il faudrait que soit desserrée l'emprise qu'exercent sur eux les anciens dirigeants et surtout les forces armées du régime déchu. Cependant quelque 800 anciens membres des Forces armées rwandaises sont déjà rentrés au pays.

Le président Pasteur Bizimungu exprima son amertume de voir son gouvernement être mis sur le même pied que ceux qui avaient naguère planifié et mis en oeuvre le génocide, car ils refusaient de partager le pouvoir. "Nous comprenons difficilement que le monde puisse hésiter entre eux et nous qui avons clairement montré que nous étions attachés au respect des droits des gens."

DES VOLONTAIRES DES DROITS DE L'HOMME

Une justice, claire, transparente est également une condition fondamentale du retour, de la réconciliation. Sur ce point, le gouvernement du Rwanda a fait appel depuis le début à l'aide internationale. Les diverses interventions et promesses exprimées à La Haye permettent d'espérer que cette assistance va enfin se débloquer : M. Ibrahima Fall, au nom de la Commission des Nations unies pour les droits de l'homme à Genève, assura qu'un premier budget, de 2.100.000 dollars avait été voté pour six mois, qui devrait permettre d'envoyer dans les communes du Rwanda 147 moniteurs des droits de l'homme, au lieu des 26 observateurs initialement prévus, et jamais arrivés sur place, par manque de moyens, pléthore de bureaucratie et absence de volonté politique.

En outre, des organisations privées, comme Amnesty International se sont également engagées à envoyer au Rwanda des "volontaires des droits de l'homme", des magistrats retraités qui pourraient épauler un système judiciaire défaillant. Auparavant en effet le Rwanda ne comptait, sur 700 magistrats, que 48 diplômés en droit et ces derniers sont aujourd'hui soit morts soit en exil...

Le ministre de la Justice, Alphonse-Marie Nkubito sollicita l'aide étrangère pour pouvoir constituer le plus rapidement possible un tribunal international chargé de juger les auteurs du génocide. L'appel qui clôtura la conférence de La Haye insista sur la nécessité de créer ce tribunal pour que soient jugés pour crime contre l'humanité les coupables du génocide et des massacres.

Mais ici aussi, bien des confusions persistent, alors qu'aucun des commanditaires du crime n'a encore été arrêté, nulle part dans le monde : qui juger, à partir de quand peut-on être considéré comme responsable ? Le chiffre de 30.000 acteurs potentiels n'est qu'un ordre de grandeur, que le ministre de la Justice refusa de confirmer. Ceux qui ont tué sont probablement plus nombreux encore.

Alors que certains suggèrent que ne soient jugés que les commanditaires, au sommet de la pyramide, que le rapporteur des Nations unies pour les droits de l'homme, M. Degny Segui, propose que le procès de ces quelques-uns soit exemplaire et très médiatisé, le nouveau pouvoir à Kigali pose des questions troublantes : "Pourquoi voudriez-vous que nous soyons exemptés de la responsabilité individuelle", demande le président Bizimungu, "c'est aux tribunaux qu'il appartiendra, en tout équité, de tenir compte des circonstances atténuantes et des manipulations et de la coercition dont certains exécutants ont été l'objet..."

Par ailleurs, les représentants du nouveau pouvoir de Kigali, confrontés aux informations de plus en plus nombreuses et précises faisant état de tueries perpétrées par des hommes en armes semblant appartenir au FPR, reconnurent que des cas de vengeance aient pu se produire, mais ils insistèrent sur le fait que le nombre de ces victimes est dérisoire par rapport au millions de morts lors du génocide. La libération en france n'a-t-elle pas entrainé de 60 à 100.000 exécutions claires, rappela le président Bizimungu.

Outre l'urgence de la constitution d'un tribunal international, l'appel de La Haye insista sur la nécessité de désarmer les militaires se trouvant dans les pays voisins, en application des conventions de l'OUA et de l'ONU, et proposa la convocation d'une conférence régionale consacrée au problème des réfugiés dans la région.

Colette BRAECKMAN

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail