par l'un des envoyés spéciaux de l'AFP, Peter Cunliffe-Jones La Force de Protection des Nations unies en Bosnie (FORPRONU) a exprimé lundi son inquiétude face aux éventuelles conséquences sur le fragile processus de paix en ex-Yougoslavie si les dirigeants serbes Radovan Karadzic et Ratko Mladic sont accusés de crimes de guerre.
Un porte-parole de la FORPRONU Alexander Ivanko a déclaré que la Force espérait que l'implication éventuelle des deux chefs n'aurait pas de "conséquences négatives sur les négociations" en cours pour l'extension de la trêve signée le 31 décembre et qui expire le 1er mai.
Le Tribunal pénal international sur les crimes dans l'ex-Yougoslavie (TPI) a confirmé lundi qu'il entamait une procédure pouvant conduire à la mise en accusation des leaders politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et le général Ratko Mladic, pour crimes de guerre.
Dans un communiqué, le TPI a affirmé qu'il avait l'intention de demander au gouvernement bosniaque de se dessaisir de deux enquêtes sur ces deux chefs serbes afin de les reprendre à son compte et mettre éventuellement les deux hommes en accusation.
"Il ne nous revient pas de commenter le calendrier des décisions", a déclaré M. Ivanko dans un point de presse à Sarajevo, mais "nous devons espérer que le processus de paix ne sera pas affecté", a-t-il mis en garde.
Il a rejeté une quelconque remise en question du processus de négociations mené par l'ONU avec Radovan Karadzic et le général Mladic.
"Nous continuerons à travailler avec les dirigeants serbes de Bosnie en tant que chefs de l'une des parties au conflit" bosniaque, a-t-il dit.
Nina Winquist, porte-parole du Comité international de la Croix Rouge a pour sa part souligné que l'organisation souhaitait prendre ses distances avec l'action du tribunal international. La Croix Rouge "ne fournira aucune information à l'exception des données publiques qu'elle a réunies lors de son travail auprès des prisonniers dans l'ex-Yougoslavie au cours des trois dernières années", a-t-elle dit. "Cela a été spécifié aux trois parties et aux prisonniers qui se sont enquis de la confidentialité de leurs propos", a-t-elle ajouté. "Le travail du Comité international de la Croix rouge est basé sur la confidentialité et la neutralité sans lesquelles il serait incapable de mener à bien son mandat", a-t-elle insisté.
Selon les représentants de l'ONU et les diplomates, la situation en Bosnie n'a jamais été aussi tendue depuis un an. Ils ont observé en particulier une augmentation des violations du cessez-le-feu à moins d'une semaine de l'expiration de la trêve.
Le week-end dernier, Radovan Karadzic a durci ses positions vis à vis de la communauté internationale. Méprisant totalement l'opinion mondiale, il a décidé de fermer l'aéroport de Sarajevo, pourtant vital pour l'acheminement de l'aide humanitaire, afin de montrer qu'il était sous son contrôle.
M. Ivanko a déclaré lundi que l'aéroport était encore contrôlé par l'ONU, mais a admis que les Serbes semblaient à présent en dicter l'usage.
Le leader séparatiste serbe a décrit dimanche soir le "groupe de contact" sur la Bosnie --un groupe de coordination réunissant cinq nations (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Allemagne)-- comme une stucture totalement inutile, et a menacé de s'emparer de Sarajevo si le gouvernement bosniaque n'acceptait pas une solution politique conforme à ses propres exigences.
Un porte-parole militaire de l'ONU a par ailleurs indiqué que les Serbes de Bosnie avaient tiré lundi matin quatre obus de mortiers de 120 mm avec des armes stockées dans un pointde rassemblement des Nations unies, prés de Sarajevo, en dépit de quatre tirs de semonce des Casques bleus.
Malgré la visite du représentant spécial de l'ONU Yasushi Akashi, la semaine dernière, les Serbes de Bosnie et le gouvernement bosniaque ont tous deux rejeté la prolongation de la trêve après le 1er mai, chacun craignant qu'elle ne profite au camp adverse.