STOCKHOLM, 2 mai (AFP) - La Suède doit revenir sur sa décision d'expulser quelque 5.000 réfugiés bosniaques vers la Croatie en raison de la reprise des hostilités dans ce pays, a estimé mardi la section suédoise de la Croix-Rouge.
Selon son secrétaire général, Peter Oern, "ce serait cynique de renvoyer (vers la Croatie) des hommes qui risquent d'être envoyés au front et d'expulser avec préméditation des femmes et des enfants dans une région où ils peuvent être exposés aux horreurs de la guerre".
Le Comité suédois des étrangers, chargé de se prononcer en appel sur les expulsions de réfugiés, devait étudier mardi après-midi le cas des Bosniaques à la lumière des événements en Croatie, a-t-on appris auprès de cet organisme para-gouvernemental.
Le gouvernement de Stockholm a décidé en février d'expulser vers la Croatie quelque 5.000 réfugiés bosniaques qui étaient venus en Suède avec des passeports croates achetés en Croatie, après que le pays scandinave eut fermé ses frontières aux citoyens bosniaques à l'été 1993.
Cette décision, qui n'a pour l'instant été mise en pratique que pour trois familles, avait été critiquée par des organisations humanitaires et l'Eglise luthérienne de Suède, craignant que les réfugiés ne soient contraints à retourner en Bosnie.
Après avoir reçu des assurances des autorités croates que cela ne serait pas le cas, le gouvernement a maintenu sa décision, poussant une trentaine de Bosniaques à trouver refuge dans deux églises du sud de la Suède.
Dans un communiqué, M. Oern ajoute que les combats entre l'armée croate et lesforces serbes de Croatie montrent que les Balkans s'enfoncent dans la crise, rendant "impossible" l'expulsion des réfugiés.