A T T E N T I O N * E M B A R G O * P U B L I A B L E * 11H00 GMT-------------------------------------------------------------------------------------------
LONDRES, 3 mai (AFP) - Faute d'un leadership assez fort, le monde a "dérivé" au gré des événements et un "sentiment diffus d'impuissance" a caractérisé les affaires internationales au cours de l'année écoulée, estime l'Institut International des Etudes Stratégiques (IISS) dans son rapport annuel publié mercredi à Londres.
"Le monde a semblé faire du sur place tandis que beaucoup des avancées positives des 45 dernières années s'éloignaient. Trop souvent, on a pu se poser la question: 'qui est aux commandes?', sans obtenir de réponse", écrit l'institut dans son "Bilan Stratégique 1994-1995".
L'IISS constate que les dirigeants internationaux -- notamment le président américain Bill Clinton -- sont trop préoccupés par leurs problèmes intérieurs pour "prendre des initiatives fortes ou positives en matière d'affaires étrangères".
"Cette faiblesse de leadership a naturellement contaminé les organisations internationales et alliances, plus impliquées en 1994 dans l'élaboration de consensus - ce qui implique l'inaction pendant ce temps - que dans des buts stratégiques".
Même lorsque les gouvernants ont tenté de faire preuve de fermeté, ils se sont souvent trompés dans le dosage du recours à la force et de diplomatie, dit le rapport en citant en exemple l'intervention russe en Tchétchénie, la réaction de l'Algérie à son problème islamique, la politique occidentale en Bosnie ou celle des Etats-Unis en Haïti.
L'IISS note que l'action stratégique est plus compliquée qu'autrefois parce que "dans un monde de plus en plus pluraliste, la politique étrangère requiert ce qu'elle cherchait auparavant à éviter: se perdre dans des calculs sur les affaires internes des autres Etats."
Par ailleurs, il est difficile "de poursuivre des buts communs quand il n'y a plus un unique ennemi puissant à contrer".
Mais pour l'IISS la "globalisation des problèmes" (commerce, crime, communications transnationaux...) joue un rôle majeur dans cette situation "en rendant tout gouvernement plus difficile": "les chefs d'Etat de cette fin de vingtième siècle sont faibles parce que l'Etat-Nation, en tant qu'institution, est faible".
Cette situation a eu une conséquence sur des Etats comme "la Chine et, d'une façon différente, la Corée du Nord" qui ont senti que "la peur du recours à la force donnait une liberté d'action inattendue à ceux qui mettraient au défi les attitudes timorées": ces pays "ont senti leur pouvoir de marchandage s'accroître", selon le Strategic Survey.
Il y a eu une exception à cette faiblesse générale: le Golfe où "au moins les puissances anglo-saxonnes étaient unies et où les propos durs se sont assortis d'action dures", par exemple dans les sanctions contre l'Irak, ajoute le rapport.
Faiblesse et inaction n'ont pas été l'apanage des Etats-Unis. Elles ont aussi caractérisé les gouvernements du Proche-Orient -- où cela "a jeté des doutes considérables sur la possibilité de faire avancer davantage le processus de paix" -- et d'Asie de l'est, désormais condamnée, estime l'IISS, à repenser "son approche des questions de sécurité régionale".
"L'Asie s'en est toujours remise au consensus en ce qui concerne sa sécurité mais rien n'est fait si un pays ignore le consensus, comme la Chine l'a fait en occupant une des îles Spratley revendiquée par les Philippines", explique l'institut. Pour sa part, l'Union Européenne n'a pas su combler le vide laissé par les Etats-Unis sur la scène internationale, "son attention se portant peu au-delà de l'horizon européen lui-même".
"Même dans les frontières physiques de l'Europe il n'y a pas eu beaucoup de nouvelles idées ni d'actions nouvelles et efficaces", ajoute l'IISS en donnant en exemple la Bosnie-Herzégovine où les initiatives de l'UE et de l'ONU "sont restées lettre morte".
L'IISS conclut: "les seuls leaders en vue, dotés d'une vision et de conviction, ont une certaine forme d'idéologie fanatique. Pour la plupart des autres, s'en tirer tant bien que mal paraît le seul style de leadership possible".
-------------------------------------------------------------------------------------------
A T T E N T I O N * E M B A R G O * P U B L I A B L E * 11H00 GMT
-------------------------------------------------------------------------------------------
La Bosnie, une "tache" sur la conscience de l'Occident
La guerre de Bosnie "reste une grosse tache sur les états de service de l'Occident pour résoudre les crises de l'après guerre froide", estime l'Institut International des Etudes Stratégiques (IISS) dans son rapport annuel publié mercredi.
Le Groupe de contact (Russie, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Allemagne) "na pas eu plus de succès" que les Nations unies ou l'Union européenne pour résoudre la crise, relève l'IISS.
Pour l'institut, "l'adoption, et l'application inégale par la communauté internationale (en ex-Yougoslavie) des principes du droit à l'autodétermination et de l'inviolabilité des frontières ont conduit à des souffrances jamais vues en Europe sur une telle échelle depuis la Seconde guerre mondiale".
"Tant que les puissances extérieures n'auront pas coordonné leurs politiques, elle seront fondamentalement incapables d'influer sur les guerres de la succession yougoslave. Pendant ce temps là, les antagonistes continueront d'exploiter les divergences entre les puissances, ce dont ils sont de plus en plus adeptes", estime l'IISS.
Sur un plan plus général, l'IISS pense que la défense figurera en bonne place au programme de la Conférence inter-gouvernementale de l'Union européenne de 1996 mais que toute réforme institutionnelle allant vers une plus grande coopération "risque de susciter tant de divisions que le statu quo sera maintenu".
En effet, l'IISS pense que les Etats neutres et le Danemark seront hostiles au renforcement de l'Union de l'Europe Occidentale, tandis que d'autres nations, comme le Royaume Uni, bloqueront une quelconque implication de l'Union européenne dans le secteur de la défense.
Moyennant quoi, l'IISS voit les Etats les plus motivés décider seuls d'une plus grande intégration.
Rayon d'espoir en Europe de l'Ouest: "les fusils se sont tus en Irlande du Nord depuis des mois et des pourparlers de paix à haut niveau pourraient commencer bientôt".
-------------------------------------------------------------------------------------------
A T T E N T I O N * E M B A R G O * P U B L I A B L E * 11H00 GMT
-------------------------------------------------------------------------------------------