par Milan DRAGOVIC BELGRADE, 30 mai (AFP) - La communauté internationale a lancé une nouvelle offensive diplomatique pour obtenir une reconnaissance de la Bosnie-Herzégovine par le président serbe Slobodan Milosevic, espérant ainsi mettre au pied du mur une direction serbe bosniaque chaque jour plus irréductible.
L'Occident mise plus que jamais sur Belgrade pour arrêter l'escalade militaire en isolant les Serbes de Bosnie, dont la Russie elle même --allié traditionnel des Serbes-- a dit "ne plus pouvoir tolérer la barbarie".
Une reconnaissance de la Bosnie-Herzégovine dans ses frontières internationales apparaît comme un des derniers moyens de pression que Belgrade pourrait encore exercer sur Pale, fief des Serbes de Bosnie près de Sarajevo, estime-t-on de source diplomatique.
L'Occident attend aussi de la RFY qu'elle rende parfaitement étanche sa frontière avec la Bosnie, afin qu'aucun produit stratégique, notamment du pétrole, ne soit plus livré aux Serbes bosniaques.
Jusqu'à présent, les appels à la raison lancés par M. Milosevic au numéro-un serbe bosniaque, M. Radovan Karadzic, n'ont fait que creuser le fossé entre deux hommes dont les stratégies sont désormais diamétralement opposées.
Le chef de la diplomatique yougoslave Vladislav Jovanovic a exclu lundi sans équivoque une unification entre la RFY et les territoires de Bosnie et Croatie sous contrôle serbe, estimant qu'elle serait la meilleure "recette pour une catastrophe nationale" car elle aurait pour conséquence inéluctable d'étendre le conflit à la Serbie.
Le soir même, M. Karadzic lançait un nouveau défi au monde en proclamant "nuls" les ultimatums de l'OTAN et les résolutions des Nations Unies et en "interdisant les vols non autorisés", allusion à ceux des avions de l'OTAN, au dessus de sa "république" autoproclamée.
La communauté internationale n'est cependant guère prête pour le moment à offrir à M. Milosevic, en échange d'une reconnaissance de la Bosnie, plus qu'une simple suspension des sanctions décrétées il y a trois ans, jour pour jour, contre la RFY.
Les cinq pays du Groupe de contact (Allemagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), réunis lundi à La Haye au niveau ministériel, ont convenu qu'une reconnaissancepar la RFY de la Bosnie-Herzégovine "devrait déboucher sur une résolution du Conseil de sécurité sur une suspension des sanctions" contre Belgrade.
La Russie, qui insiste depuis des mois sur une levée pure et simple des sanctions, semble avoir quelque peu infléchi sa position. Elle "mènera une politique active visant à une reconnaissance mutuelle entre la RFY et la Bosnie-Herzégovine, à condition que le régime des sanctions frappant Belgrade soit considérablement affaibli", a dit lundi le chef de la diplomatie russe Andreï Kozyrev.
Le secrétaire au Foreign Office britannique, Douglas Hurd, a affirmé mardi que la rencontre de La Haye avait permis de "rapprocher la Russie et les Etats-Unis, ainsi que les Allemands, les Français et les Britanniques".
En même temps, les Etats-Unis se sont déclarés prêts à poursuivre les négociations avec M. Milosevic. M. Robert Frasure, représentant américain au sein du Groupe de contact va entamer prochaînement une nouvelle mission à Belgrade au nom des cinq pays du groupe "y compris la Russie", a indiqué M. Hurd.
Pour l'heure, rien n'indique que M. Milosevic soit prêt à accepter ce qu'il avait refusé la semaine dernière, à l'issue d'une semaine de discussions avec M. Frasure. Le médiateur américain lui avait alors proposé, au nom du Groupe de contact, une suspension des sanctions commerciales pour une période de 200 jours, en échange d'une reconnaissance de l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine.
La RFY "s'attend que la communauté internationale lève les sanctions" qui lui sont imposées, a déclaré mardi M. Milosevic au cours d'un entretien avec l'émissaire russe Alexandre Zotov, selon un communiqué officiel.
Lundi, M. Jovanovic avait déclaré que la RFY "laisse la porte ouverte à la reconnaissance" des ex-républiques, mais considère que les conditions ne sont pas réunies pour une telle décision.
Il faudrait, a-t-il précisé, que "les problèmes politiques issus de la sécession des ex-républiques (...) soient réglés ou que le processus de leur règlement entre dans sa phase finale".
Le ministre a tenu à souligner qu'"une reconnaissance serait exclue sans compensation adéquate dans le règlement du problème global" de l'ex-Yougoslavie. Il faisait ainsi allusion aussi bien à la levée des sanctions qu'à la reconnaissance de la RFY comme héritière juridique de l'ex-fédération yougoslave.