Les chefs des diplomaties britannique et française, MM. Douglas Hurd et Hervé de Charette, ont insisté, en termes voisins, sur cette coopération à la fois militaire et diplomatique en Bosnie, dont l'une des dernières manifestation est la création de la Force de réaction rapide (FRR), projet commun aux deux pays.

"Depuis la Deuxième Guerre mondiale, les militaires français et britanniques n'ont jamais été aussi proches, travaillant aussi bien ensemble, et je suis sûr que cela continuera", a déclaré M. Hurd en raccompagnant son hôte.

MM. Hurd et de Charette se sont félicités des "propos encourageants" de leur homologue russe, M. Andrei Kozyrev qui, lors de sa visite à Londres mardi et mercredi, a notamment déclaré avoir été rassuré sur les objectifs de la FRR.

Celle-ci, forte de 4.à 5.000 hommes majoritairement britanniques et français, a été officiellement créée samedi dernier à Paris par les quinze ministres de la Défense de l'OTAN et de l'Union européenne.

Sa mission est de "permettre que la FORPRONU soit à même d'accomplir son mandat", humanitaire et d'interposition, a rappelé M. de Charette.

Le principe de cette force avait été arrêté auparavant à la Haye lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des cinq pays membres du groupe de contact (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Allemagne).

"J'ai expliqué à M. Kozyrev qu'il n'y a pas de changement du mandat (des casques bleus en Bosnie). Ce dont nous avons besoin, c'est d'accroître les plafonds" du nombre de soldats de la FORPRONU, actuellement environ 24.000, pour créer la FRR, a indiqué M. Hurd.

"La FORPRONU n'est pas là pour imposer un processus de paix" a renchéri le ministre français. "Nous sommes aujourd'hui dans une phase de mise en oeuvre de ces décisions, et pour l'instant je ne vois pas d'obstacles".

La France a pris l'initiative d'un projet de résolution qui sera soumis dans les prochains jours au Conseil de sécurité de l'ONU pour avaliser la création de cette force.

La FRR sera placée sous la direction des généraux français Bernard Janvier et britannique Rupert Smith, commandant respectivement l'ensemble des casques bleus en ex-Yougoslavie et en Bosnie. Elle sera ainsi dans le cadre institutionnel de l'ONU, qui devra également en assurer le financement, selon la règle de répartition propre à l'organisation internationale.

"Nous avons décidé de sortir de l'enlisement en Bosnie, a souligné le ministre français dans l'avion qui le ramenait à Paris dans la nuit de mercredi à jeudi. "Nous l'avons prouvé sur le plan militaire", en créant la FRR, "nous en avons la détermination politique".

L'ancien premier ministre suédois Carl Bildt, qui devrait officiellement succéder à partir de vendredi au Britannique David Owen en tant que représentant de l'Union européenne aux négociations de paix en ex-Yougoslavie, pourrait se voir également confier un rôle de médiateur plus important.

Paris souhaite en effet que M. Bildt puisse être à la fois le porte-parole et le médiateur privilégié de la communauté internationale auprès des différents interlocureurs de la scène yougoslave.

En tout état de cause, ont souligné MM. Hurd et de Charette, rien ne pourra se faire sans la libération "immédiate et inconditionelle" de tous les casques bleus encore retenus en otagespar les Serbes de Bosnie.