Depuis trois ans, humbles ou puissants, nous subissons, au quotidien désormais banalisé d'une guerre où les cibles sont des femmes, des enfants, des vieillards, délibérément visés par des snipers inaccessibles ou fauchés par des obus de mortiers venus de nulle part.

Il y aura donc fallu trois ans et, surtout, une prise d'otages de Casques Bleus sans précédent dans l'histoire de la communauté internationale pour que leadership politique et medias européens reconnaissent qu'il y a dans cette guerre, des agresseurs et des agressés, des criminels et des victimes.

Trois ans d'une politique inutile de "neutralité" qui nous a privé de toute crédibilité auprès des Bosniaques et de tout respect de la part des agresseurs.

Aujourd'hui nous sommes arrivés à un point de non-retour.

Soit nous tirons les conclusions qui s'imposent et nous renforçons notre présence - mandat des casques bleus, prise de position nette face aux agresseurs - et, en définitive, nous refusons d'être complices de la stratégie d'épuration et d'homogénéisation de la population de Bosnie, soit nous cédons au chantage intolérable des forces serbo-bosniaques, nous retirant de Bosnie, infligeant par là aux Nations-Unies sa plus grande humiliation à l'heure où l'on célèbre le cinquantième anniversaire de sa création.

Aujourd'hui plus que jamais, nous devons nous armer de dignité et de valeurs. Et, surtout, répéter ce "jamais plus" qui résonna dans toute l'Europe à la fin de la seconde guerre mondiale.

Aujourd'hui plus que jamais, nous devons nous défendre, en Bosnie, contre ceux qui prôent la purification ethnique et religieuse comme idéal politique et l'imposent en perpétrant des crimes contre l'humanité.

Si la situation actuelle est le résultat des politiques désordonnées, lâches et contradictoires de nos gouvernements, l'Union européenne, en tant que telle, est restée muète, absente.

IL FAUT QUE L'EUROPE TEMOIGNE ET AGISSE.

Il faut qu'à travers elle l'intégrité du territoire bosniaque et la sécurité de ses frontières soient finalement garanties. Mais cela n'est pas, cela n'est plus suffisant. Pour récupérer un crédit très largement entamé, l'Union européenne doit aujourd'hui faire preuve d'un courage et d'une imagination politique sans précédent dans son histoire. Non seulement elle le peut mais elle le doit. Aux bosniaques autant qu'à elle-même. Car c'est la condition de sa propre renaissance.

SOYONS DONC DES MILLIERS D'EUROPEENS, CITOYENS ET PARLEMENTAIRES, A VENIR MANIFESTER A CANNES, LE 26 JUIN PROCHAIN, POUR INVITER LES CHEFS D'ETAT ET DE GOUVERNEMENT A FAIRE ENTENDRE LA VOIX DE L'EUROPE DE LA DEMOCRATIE ET DU DROIT.

Nous serons nombreux à réaffirmer que:

- les résolutions du Conseil de Sécurité, en particulier celles qui garantissent le libre accès de l'aide aux victimes, doivent être appliquées;

- les sièges de Sarajevo et des autres villes et enclaves, doivent être levés, et les zones de sécurité effectivement protégées;

- les Casques bleus ne peuvent être retirés ni leur mandat limité. Au contraire la présence internationale en Bosnie doit être renforcée;

- face à une politique de soi-disante neutralité, nous prenons parti pour les agressés, pour les victimes.

- dans l'esprit de solidarité qui doit animer l'Europe que nous voulons, la République - internationalement reconnue de Bosnie-Herzégovine - soit invitée à adhérer pleinement et immédiatement à l'Union européenne.

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