de Marco PANNELLA
Député au Parlement Européen
QUE L'ON ARME TOUTE DE SUITE ET OFFICIELLEMENT LES BOSNIAQUES, EGALEMENT AVEC DES MOYENS LOURDS DES ARMEES EUROPEENNES. CHIRAC EST D'ACCORD. QUI D'AUTRES ?
QUE L'ON ACCUEILLE IMMEDIATEMENT LES ETATS DE L'EX-YOUGOSLAVIE, SERBIE EXCEPTE, DANS L'UNION EUROPEENNE.
QUE L'ON PRIVE DE TOUTE RECONNAISSANCE, MEME SEULEMENT DE FAIT, MILOSEVIC.
QUE L'ON CHASSE DE PARTOUT SES "DIPLOMATES".
IL FAUT QUE LES FUREURS DES IMPUISSANTS NE PRENNENT PAS LA PLACE DE L'INDOLENCE.
"Les fureurs après l'indolence; c'est un classique du virilisme impuissant. Il ne s'agit pas de passer du torticolisme clérical à l'interventionisme romantique. L'intervention militaire, de par soi, n'implique aucune amélioration. Ce n'est pas avec des saccades neurasténiques que l'on peut sauver la situation en ex-Yougoslavie, en Europe, dans nos consciences démocratiques et civiles. En politique, ce qu'il faut surtout c'est une politique. Et une politique est chose complexe, durable, déterminée, claire, responsable; ou n'est pas. Ce qu'il faut avant tout c'est armer les bosniaques qui veulent se défendre et combattre: il faut le faire officiellement et sans attendre. En accord avec l'ONU ou contre l'ONU, avec l'OTAN ou contre elle, avec ou contre l'UE. Dans les prochains jours, dans les prochaines heures.
Les Serbes ferment les aéroports et l'ONU les laissent les fermer ? Beau thème d'exercices militaires. Je ne doute pas que nombre des responsables militaires des pays membres de l'Union européenne pourraient l'accomplir avec succès. Que l'on parachute des moyens lourds, mais que l'on envoie également, aux populations paysannes qui le demandent, des fusils, des mitraillettes, de la dynamite, des moyens de défense. Le Gouvernement bosniaque pourra ainsi montrer-démontrer que les armes ne serviront pas à accomplir des atrocités, mais à se défendre, en premier lieu en dissuadant sur le terrain. Mais, plus encore, il faut que l'on accepte immédiatement dans l'Union européenne tous les Etats ex-yougoslaves, dans le respect des normes démocratiques et des droits de toutes les minorités. A l'exception des territoires sous juridiction milosevicienne: la Serbie et le Montenegro. Il faut accueillir aussi l'Albanie. On trouvera sans peine, si on le veut, une forme d'adhésion qui contienne des clauses de sauvegarde écono
mique vis-à-vis de cette montagne d'abstractions qu'est le Traité de Maastricht. Mais que l'on commence immédiatement avec la Bosnie-Herzégovine. Que l'on prive de toute reconnaissance de fait et que l'on interdise tout comportement munichois de la soi-disante République Serbo-Monténegrine.
Que chacun réfléchisse bien avant d'utiliser les arguments et d'adopter des comportements qui furent ceux des Daladier et des Chamberlain. A tout le moins, par réalisme politique. Milosevic ne doit pas être confondu avec un interlocuteur valable et nécessaire mais combattu comme quelqu'un qui refuse de l'être, et ne peut l'être. Que l'on donne tout de suite au Tribunal ad-hoc contre les crimes de guerre commis en ex-Yougoslavie l'argent et les 'inputs' nécessaires pour que son travail soit accompli avec force et rapidité. Annoncer le mandat de capture international contre les lieutenants de Milosevic, à Pale, ne peut plus suffire.
Si l'on décide de faire et que l'on fait ces choses ainsi que beaucoup d'autres, l'intervention militaire contre les forces armées serbo-bosniaques peut et doit commencer, rapidement et massivement. Que l'on élimine immédiatement les positions et les avant-postes à partir desquels l'on tire; que l'on libère les rues occupées et barrées. Que l'on réponde au feu par le feu. Mais que l'on n'en prenne pas l'initiative. Que l'on explique aux Serbes que la guerre qui a eu lieu jusqu'à présent n'était pas une guerre avec deux belligérants: si cela avait eu lieu, celle-ci se serait manifestée également à Belgrade et dans les territoires serbes. Il s'agit de leur honneur, de leur légitimaté à être considérés comme victimes d'une oppression, d'une dictature, d'un mensonge, et non comme des bourreaux polpotistes, nazi-communistes. Il y a cent autres choses à faire. Nous voudrions pouvoir les faire.