LES ETATS-UNIS ACCENTUENT LA PRESSION SUR LES SERBES BOSNIAQUES
Pour le négociateur américain Richard Holbrooke, le gouvernement de Pale est le principal obstacle à la paix
(D'après AFP, 28 août 1995)
A la veille de la reprise de l'initiative diplomatique américaine et de la visite à Paris du président bosniaque, Alija Izetbegovie, la pression s'accentue sur les Serbes de Bosnie pour les amener à accepter le nouveau processus de paix. Le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Richard Holbrooke, qui sera lundi et mardi à Paris pour une réunion du groupe de contact avant de se rendre dans l'ex-Yougoslavie, a affirmé avant son départ que, si les Serbes de Bosnie restent intransigeants, ils devront en subir les conséquences. Mais il s'est bien gardé de préciser sa menace.
Les Serbes de Bosnie, a déclaré Holbrooke, sont le principal obstacle à la paix. Il a exclu pour le moment de rencontrer les dirigeants de Pale et affirme compter sur le président de Serbie, Slobodan Milosevic, pour faire pression sur eux. Sans trop y croire lui-même: Les Serbes de Serbie continuent de soutenir qu'ils ne peuvent pas agir ou parler pour les Serbes de Bosnie, a-t-il précisé. De fait, il a jugé plutôt minces ses chances de convaincre Belgrade, Zagreb et Sarajevo.
A Belgrade, un spécialiste des questions militaires, Miroslav Lazansky, a toute fois invité, dans le dernier numéro de l'hebdomadaire Nin, les dirigeants de Pale à tirer les leçons de la victoire des forces de Zagreb en Krajina, début août. Selon lui, l'année serbe bosniaque n'a plus l'avantage, ni sur le plan technique ni sur le plan des effectifs . Si les forces de Pale étaient incontestablement supérieures, il y a un an, à l'armée du président Izetbegovic et au HVO (milice croate de Bosnie), aujourd'hui ce n'est plus le cas, relève ce commentateur. Une menace supplémentaire existe avec les concentrations croates vers la Slavonie orientale (est de la Croatie), d'où une opération est possible vers le corridor de Brcko (nord-est de la Bosnie), zone stratégique pour les Serbes de Pale, car ce couloir permet la liaison entre les régions est et ouest de la Bosnie. La Slavonie orientale est le dernier bastion de la République serbe de Krajina (RSK), dont le reste a été balayé, début août, par les troupes croates
, découvrant 250 kilomètres de front supplémentaire pour la RS de Bosnie. Zagreb est décidé à la récupérer par tous les moyens, a affirmé samedi le président Franjo Tudjman. Mais le numéro un croate a écarté, dans l'immédiat, un recours à la force qui pourrait jeter Belgrade dans la bataille. Tout en promettant à ses concitoyens de leur rendre Vukovar, Tudjman a donné trois ou quatre mois quatre mois aux médiations internationales qui reprennent cette semaine avec le retour dans la région d'une mission américaine. Ce laps de temps constitue la première indication précisé de la longueur du délai que Zagreb est prêt à accorder à une solution diplomatique. Par ailleurs, sur les hauteurs de Sarajevo, le dispositif d'artillerie de là Force de réaction rapide, est désormais complet avec l'ai-rivée des derniers canons lourds surle mont Igman: quatre AUF1 de 155mm qui accroissent considérablement la puissance de feu de la FRR.