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Colombo Emilio - 11 ottobre 1995
Des juges contre la République
par Guy Coq (*)

(Libération, mercredi 11 octobre 1995)

Pour qui s'intéresse aux problèmes concrets de la laïcité, dans les établissements scolaires de la République, les décisions de certains tribunaux administratifs apparaissent comme des oukases, des décisions arbitraires, incompréhensibles. Dans le détail des jugements et de leur argumentation, on trouve de tout, parfois des choses cocasses, comme dans ce chef-d'oeuvre où un tribunal administratif estima, sans rire, que le voile islamique ne mettait pas en question la virilité des garçons... Il faudrait un Voltaire pour dévoiler l'involontaire humour, c'est-à-dire le ridicule de beaucoup de ces raisonnements juridiques consignés désormais dans les grands livres de jurisprudence.

Mais à peine vient-on d'évoquer le ridicule qu'il faut songer à l'autre face du problème. Les apologistes du voile islamiste se gardent bien d'aller voir les effets très pervers des désaveux infligés à nombre de collèges ou de lycées. Leur refus de traiter cette question et de peser les conséquences de leur approbation du voile intégriste dans nombre d'établissements signale l'ampleur de leur irresponsabilité. Admettre la légitimité du voile islamiste, c'est dans tous les cas connus déstabiliser la volonté d'intégration de la communauté de religion musulmane. Car c'est légitimer une minorité qui refuse l'intégration contre une majorité tout aussi croyante, mais prête à un compromis avec la société laïque. C'est aussi exposer la majorité des jeunes musulmanes au mépris sectaire des voilées.

Dans les arguments qui fondent bien des décisions, il y a ce parti-pris prôné en haut lieu et consistant à prétendre exclure la signification sexiste du voile islamiste du champ de la discussion juridique. Qu'on en juge. L'argument massue consiste à dire: oui, le voile est un symbole sur le plan religieux, mais il est impossible de considérer qu'il puisse avoir un sens symbolique quant au rapport des sexes, ou encore qu'il soit symbole d'un extrémisme politico-religieux. Constamment, au nom de cette incroyable incohérence, les décisions judiciaires ont pratiqué une intenable dichotomie: oui, le voile est symbole de religion; non, s'agissant de l'avilissement de la femme, il n'a pas de fonctionnement symbolique.

Dans une république, il importe que le "raisonnement" du juge soit un raisonnement. Sinon, on a affaire à une préférence individuelle et subjective déguisée en "argumentation" juridique.

Le résultat de cette incohérence est que vous ne trouverez jamais, dans les décisions concernant le voile islamiste, la moindre allusion à la Convention internationale des droits de la femme dont la France est signataire! Après cela, autant dire qu'on ne voit pas ce qui pourrait apparaître comme discutable dans l'éducation, en ce qui concerne ce sujet. Si vous admettez dans la classe, à longueur de journées, et comme légitime, un symbole d'abaissement de la femme, qu'oserez-vous dire là-dessus? Admettre le voile islamiste dans la classe, c'est s'interdire d'aborder le problème des discriminations sexistes...

L'évolution récente de ces "juges administratifs antirépublicains" ouvre la voie non seulement au voile, mais à l'affirmation d'un droit à ne pas suivre des enseignements qui déplairaient, au nom d'une conviction religieuse qui devient le paravent de n'importe quoi.

La conséquence qui s'impose est simple. L'école est une institution républicaine. Il devient urgent qu'on le rappelle. Il importe que les enseignants informent le président de la République qu'ils ne feront pas cours en présence d'un voile islamiste. Ils seront présents. Ils n'excluront personne. Ils feront jouer une clause de conscience. Il s'agit bien de cela après tout; l'institution de l'école républicaine ne saurait imposer à un éducateur de subir le symbole d'un refus de certaines valeurs essentielles. Oui, au stade actuel, seul un sursaut et un refus exprimé auprès du responsable principal de la République peut révéler l'alternative: si la République n'a plus de sens, alors qu'elle ose exclure les éducateurs républicains.

(*) Guy Coq est membre de la rédaction d'"Esprit". Auteur de "Démocratie, religion, éducation", Mame, 1993.

 
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