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Conferenza Partito radicale
Partito Radicale Paolo - 23 gennaio 1996
démocratie linguistique

EUROPE ELARGIE ET QUESTION DES LANGUES

Le Soir, mardi 23 janvier 1996

Lors des derniers sommets, les chefs d'Etat ou de gouvernement ont de plus en Plus Parlé du prochain élargissement de l'Union aux pays de l'Europe -centrale et orientale, y compris les pays baltes. C'est Par ailleurs dans cette perspective qu'une conférence intergouvernementale doit être convoquée, pour étudier si et dans quelle mesure cet élargissement exige des modifications dans les méthodes de travail ou traités des institutions européennes. Il s'agit de permettre à l'Union de décider et d'agir avec efficacité malgré le nombre accru de ses Etats membres. Mais, au cours de ce travail de réflexion, on risque de se baser sur l'expérience de l'Union européenne - ou des Communautés qui l'ont précédée - comme si elle était la seule expérience d'intégration qui eût lieu en Europe. En effet, on a tendance à traiter ces pays de l'Europe centrale et orientale, y compris les pays baltes, comme les pays qui ont participé aux précédents élargissements: le Royaume-Uni, le Danemark, la Grèce, la Suède, etc... On oublie

que ces pays faisaient encore hier Partie de l'Europe de l'Est et étaient intégrés dans un marché commun (le CAEM ou Comecom) et une alliance militaire (le Pacte de Varsovie) et qu'ils y ont mûri une longue expérience.

Or, s'ils se sont donné tant de mal pour sortir de cette forme d'Union, ce n'est sûrement pas pour entrer dans une Union du même genre. Une Union qui ne tiendrait pas compte de l'expérience qu'ils ont déjà vécue en matière d'intégration, et qui ne les interrogerait pas à cet égard, pourrait difficilement répondre à leurs attentes. L'adhésion est précédée par des négociations, à leur tour préparées par une stratégie appropriée. Evidemment, on parlera de convergence, monnaie unique, prix agricole... et on fera valoir les intérêts respectifs des parties, mais est-ce que cela suffira ? Car ce genre de discours avait lieu aussi dans l'ancien bloc communiste. C'est le type du rapport qui devrait être différent. Comment? Il faudrait, pour commencer, réfléchir au fait que ces Européens-là, ont lutté pour la, liberté - la leur et la nôtre alors que nous sommes toujours restés sous la protection des Gl Américains, qu'ils ont grandi dans un monde où les mots de démocratie, liberté, solidarité, travail, entreprise etc,

avaient une signification différente de celle à laquelle nous sommes habitués; que leur échelle des valeurs peut ne pas être identique à la nôtre. Peut-être, ce qui leur a fait vraiment défaut, et qu'ils attendent, c'est que l'Union leur donne la parole en les considérant comme des corps signifiants dont elle a besoin pour briser ses propres limites et devenir ainsi plus profondément européenne. Donner la parole sur le plan de la langue et de ses contenus, en sachant que -paradoxalement- le détour pour l'écoute et la diversité linguistique est le chemin le plus court pour l'unité recherchée. En effet, si l'anglais remplaçait le russe, si le credo ultra-libéral remplaçait le credo marxiste, si un rapport de force remplaçait un autre rapport de force, si un manque de considération remplaçait un autre manque de considération, s'ils n'avaient en définitive que le droit des'aligner et de parler le langage des autres, trouveraient-ils une Union vraiment différente de celle dont ils sont sortis ? Si une conférence

intergouvernementale est aujourd'hui envisagée, c'est précisément en vue de cet élargissement de l'Union aux pays de l'ancien bloc de l'Est. Et c'est cette perspective qui fait dire à un certain nombre de gens que la parité des langues au sein des institutions communautaires devrait être abandonnée. Pour des raisons d'efficacité.

Un même droit de parole

Or nul ne peut connaître ce à quoi peut conduire le souci de l'efficacité - au sens strictement économique du terme - mieux que ceux qui ont vécu les grands plans de la période stalinienne. Est-ce que la prospective de l'élargissement ne devrait pas, au contraire, nous amener a envisager un approfondissement de la démocratie linguistique à l'intérieur même de l'Union actuelle, en organisant le dialogue entre ses langues de telle façon que chaque groupe y dispose vraiment du même droit de parole et puisse participer sur un pied d'égalité à la marche de l'Union? Chaque langue porte en elle quelque chose que les autres langues n'ont pas et ne pourront jamais avoir. Et seulement l'ouverture à ce quelque chose est le commencement - et la base - d'une véritable union.

Prof. JOSÉ LAMBERT Katholieke Universiteit Leuven

Prof. MARCO DE MARCO, Università cattolica del Sacro Cuore, Milan

RAINER DUMONT du VOITEL, secrétaire général de la FFPE, section Conseil de l'Union européenne pour le comité Parité des langues.

 
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