Olivier ROGEAU
Le Vif-L'Express, le 8 mars 1996
En 1996, plus de 7,5 millions de Chinois peuplent déjà le Tibet, pour seulement 6 millions de Tibétains. En l'an 2020, on prévoit que les Chinois seront 30 millions sur le "Toit du Monde"! "La lutte pour l'autonomie et la survie devient une urgence", explique-t-on à l'ASBL Les Amis du Tibet. Les maires de lieux aussi symboliques que Sarajevo, Vukovar ou Guernica et de capitales comme Prague, Rome et Bruxelles-Ville hisseront, le 10 mars, un drapeau tibétain sur la hampe de leur hôtel de ville. Au total, plus de 500 villes feront de même, tandis que des milliers d'Européens sont appellés à défiler dans les rues de Bruxelles pour commémorer, ce jour-là, la révolte de Lhassa contre l'occupation chinoise et sa sanglante répression en 1959. Au Parlement européen, un "intergroupe Tibet" tente de faire pression sur les gouvernements et les institutions internationales, dans l'espoir de voir Pékin se décider à accepter des négociations sur la question du Tibet. En Belgique, de plus en plus de parlementaires et bourg
mestres affichent leur soutien à la cause tibétaine. Seuls les socialistes - à part quelques électrons libres (Lizin, Moriau...) - répondent aux abonnés présents. Une façon de ne pas froisser la Chine, que l'on se plaît à présenter comme un grand "marché émergent"? Cette realpolitik rejoint, en tout cas, celle d'un Jean-Luc Dehaene, peu soucieux, au sommet euro-asiatique de Bangkok, de chatouiller ses interlocuteurs sur la question du respect des droits de l'homme dans certains pays d'Asie... dont la Chine.