LE TIBET BANNI DES COMMUNES
Le ministre Vande Lanotte se range à l'avis de Pékin
La Dernière Heure, le 9 et 10 mars 1996
BRUXELLES
- Ce dimanche 10 mars, dès 11 h, en face de l'ambassade de. Chine, à Bruxelles, doit démarrer une manifestation européenne pour la liberté du Tibet. Pour l'occasion, 300 communes d'Europe, dont 27 belges, avaient proposé de hisser le drapeau tibétain à la façade de leur maison communale. Voilà qui n'a pas plu à la Chine... qui a écrit aux communes concernées pour leur demander de ne pas procéder à une telle cérémonie !
Curieusement, le ministre de l'intérieur Johan Vande Lanotte se range à l'avis de Pékin, en rappelant que hisser un drapeau est un acte qui ne pouvait être réalisé que pour des Etats reconnus. Aurait-il eu peur de représailles ? A son cabinet, on nous répond que la décision a été prise par souci de faire respecter la loi !
Soutien
Les manifestants exprimeront donc dimanche leur soutien au peuple tibétain et à toutes les victimes de l'occupation chinoise, ainsi qu'aux efforts déployés par le dalaï-lama pour rétablir pacifiquement les libertés politique, culturelle et religieuse du peuple tibétain , et demanderont que a l'invasion de 1949 et l'occupation successive du Tibet par la République populaire de Chine soient reconnues par l'Onu.
Bruxelles, Chaudfontaine, Rochefort, Brasschaat, Wanze, Quarennon, Bastogne, Theux, Wellin, Schaerbeek, Ecausinnes, Auderghem Rixensart Péruwelz, Dilsen-Stokkém, Ixelles Sint-Katelijne-Waver, Knokke-Heist, Huy, Riemst, Herselt, Anhée, Estinnes, Anthinnes Wichelen, Vresse-sur-Semois et Woluwe-Saint-Pierre avaient prévu de soutenir cette manifestation en hissant le drapeau tibétain.
Le 23 février, M. Yuanhong Ding, ambassadeur extraordinaire
et plénipotentiaire de la République populaire de Chine, écrivait cependant aux bourgmestres concernés pour dénoncer ce qu'il appelle des activités antichinoises dont les démarches visant à escroquer de certains maires, qui ignorent la vérité du Tibet, le consentement à hisser le soi-disant drapeau national tibétain sur les sièges de leurs municipalités. Ces activités ont, en effet, pour but de soutenir la clique du dalaï-lama dans son dessein de scinder la Chine de perturber et de saper les bonnes relations entre la Chine et ces pays européens.
La vérité !
Et de rappeler la vérité du problème du Tibet et la position solennelle du gouvernement chinois. Le Tibet fait partie inaliénable du territoire chinois depuis le 13e siècle et les Tibétains constituent une des 56 communautés ethniques chinoises. Ce fait incontestable est reconnu par tous les gouvernements des pays du monde. Au mépris de la politiquebienveillante et conséquente poursuivie par le gouvernement central à leur égard le dalaï-lama et ses suivistes ont fomenté le 10 mars 1959 la rébellion armée qui s'est soldée par un échec. Ils ont pris la faite à l'étranger et y continuent à mener des activités visant à saper l'unité de la patrie
Des propos qui n'avaient nullement découragé les bourgmestres à vouloir arborer le drapeau tibétain. Cependant le 6 mars, raison leur était rendue grâce à une missive du ministre Vande Lanotte qui, via les gouverneurs, attirait leur attention sur l'arrêté royal du 5 juillet 74 qui dispose que, lors d'une visite officielle d'un chef d'Etat étranger, le drapeau national de cet Etat peut être arboré. Ce qui exclut tous les autres cas. Ainsi, dimanche, le drapeau tibétain ne flottera-til pas fièrement au faîte des maisons communales belges. Les démocrates apprécieront...