SELON LE PRESIDENT DU CONSEIL, LES REPONSES
DONNEES PAR LA CHINE A L'UE NE SONT PAS SATISFAISANTES
Strasbourg, 19/03/1996 (Agence Europe)
Parmi les résolutions qui auraient dû être adoptées la semaine dernière par le Parlement européen à Strasbourg et qui, vendredi matin, ont été reportées, pour manque de quorum, à la session des 27 et 28 mars à Bruxelles (voir EUROPE d'hier, p.5) en figurait une sur la 52ème session de la Commission des droits de l'homme de l'ONU. Le débat à ce sujet a porté avant tout sur la Chine et dans une moindre mesure sur la Russie.
Lors du débat, Leonie Van Bladel (socialiste néerlandaise) avait souligné que "la lutte pour les droits de l'homme est une lutte contre l'oubli de la vérité". La recherche de la vérité permettra d'aplanir la voie vers la liberté, a-t-elle ajouté en parlant de la Chine. Jan Willem Bertens (libéral néerlandais) a souhaité que le Conseil n'oublie pas d'examiner la situation en Chine et s'est demandé si les informations selon lesquelles le Conseil a l'intention de ménager la Chine lors de la réunion de la Commission des Droits de l'homme de l'ONU sont fondées. Noël Mamère (radical français) a souhaité une position forte et courageuse de l'Union (qui, si elle avait un caractère fédéral, serait aujourd'hui moins lâche, a-t-il estimé), et a critiqué la Chine qui fait bien peu de cas de la morale internationale, mais aussi "l'aveuglement cupide" des gouvernements de l'Union qui donnent la priorité au marché. Au premier rang de ces pays, M. Mamère a cité la France, suivie de l'Italie et de l'Allemagne qui seraient pr
êtes, a-t-il dit, à s'opposer à la résolution présentée par les Etats-Unis et l'Union européenne. La Commission aura-t-elle le courage d'invoquer la clause des droits de l'homme pour suspendre les accords avec des pays comme la Chine ? a-t-il encore demandé. Evoquant les mesures chinoises, contre Taïwan, Marlène Lenz (PPE allemande) a déploré le double langage de l'Union, qui a adopté de bons textes mais ne les applique pas, note-t-elle, à la Chine ou à l'Iran, à la Russie, à Cuba et à l'ex-Yougoslavie. Giancarlo Ligabue (Forza Italia) a réclamé une position ferme de l'Union face à la situation des nombreux pays où les droits de l'homme et la démocratie sont bafoués. Pour Wolfgang Kreissl-Dörfler (Vert allemand), les pays de l'UE ont aussi des défaillances à se reprocher puisque le fossé s'y creuse entre les riches et les exclus, toujours plus nombreux. Nous ne pouvons que partager les points de vue exprimés par les députés, a dit le Président du Conseil, M. Ferraris, avant d'affirmer que, lors de la réunion
de l'ONU, les ministres des Affaires étrangères vont agir avec "cohérence et énergie". En ce qui concerne plus spécifiquement la Chine, il a indiqué que la présidence a demandé la possibilité d'inspecter des orphelinats où des violations des droits de l'homme ont été dénoncées. Des visites ont eu lieu mais n'ont pas permis de constater ces violations, a-t-il précisé, ajoutant que les autorités chinoises avaient parlé d'une "falsification", mais qu'il n'est pas prouvé que ces allégations soient fausses pour d'autres orphelinats. La question du Tibet a aussi été soulevée avec les autorités chinoises, a dit M. Ferraris, qui a estimé que, dans les deuxcas, les réponses des autorités chinoises ne sont pas satisfaisantes. Quant à la situation en Tchétchénie, il a rappelé que la Russie vient d'entrer au Conseil de l'Europe et a dit que l'Union attend maintenant d'elle qu'elle se conforme à ses engagements. "L'action de l'Union n'est pas en train de faiblir", a-t-il affirmé en rappelant que "les droits de l'homme c
onstituent un objectif essentiel de l'Union".