Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
dom 23 feb. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Conferenza Partito radicale
Partito Radicale Centro Radicale - 27 marzo 1996
Kosovo: interview à Adem Demaci

SUR LE SORT DES ALBANAIS DU KOSOVO ET LE STATUT FUTUR DE LA REGION

Interview à Adem DEMACI

Président du Comité des droits de l'homme du Kosovo, ancien lauréat du Prix Sakharov

Le Soir, samedi 23 mars 1996

Le Soir: Le Kosovo reste un abcès de fixation inquiétant pour la stabilité des Balkans. Quelle y est, aujourd'hui, la situation concrète entre communautés serbe, au pouvoir, et albanaise, majoritaire?

Adem Demaci: La tension, fruit d'une répression accrue des autorités et d'une volonté d'expulsion massive des citoyens albanais, ne fait qu'empirer de jour en jour. L'installation, par Belgrade, de 20 000 Serbes réfugiés de Krajina ne facilite pas les choses. Souvent, ces arrivants ne veulent pas rester mais ils sont surveillés par la police serbe qui les contraint à demeurer au Kosovo. Quant au système parallèle d'éducation et de santé que nous avons mis en place, il traverse une crise grave: la première génération d'élèves vient de sortir cette année, mais les diplômes sont refusés par les autorités. Et le niveau général reste relativement bas en raison des conditions épouvantables dans lesquelles les cours sont dispensés.

Le Soir: L'ouverture d'un dialogue avec Belgrade, souhaitée par la communauté internationale, vous parait-elle possible? Et considérez-vous le retour à l'autonomie de 1974 comme un point de départ acceptable?

Adem Demaci: Ma tournée occidentale vise à convaincre les diplomates européens que la situation au Kosovo devient alarmante. A les persuader que, s'ils n'agissent pas d'urgence, un nouvel incendie est imminent dans l'ex-Yougoslavie. Et à leur soumettre quelques propositions concrètes, autour de quatre points précis: la fin de l'état de siège et le retrait des forces policières ou militaires, le rétablissement des Albanais dans leurs droits et le retour à l'autonomie complète confisquée en 1989,- l'envoi d'observateurs internationaux en guise d'intermédiaires qualifiés entre les deux communautés, enfin, l'organisation d'élections libres et démocratiques sous contrôle international.

Le Soir: En fonction du respect des frontières existantes, Américains et Européens refusent toutefois d'envisager l'indépendance du Kosovo, réclamée par les Albanais...

Adem Demaci: Les représentants serbes et albanais élus au Kosovo devront d'abord S'entendre entre eux, puis aller discuter à Belgrade le statut futur de la région. L'octroi de l'indépendance au Kosovo par la Serbie n'empêcherait pas d'imaginer, à terme, la création d'une Confédération balkanique, sur base égalitaire, avec la Serbie et le Monténégro.

Le Soir: C'est un discours plus radical que celui de la Ligue démocratique du Kosovo, principal parti albanais, et de son leader Ibrahim Rugova, interlocuteur habituel de la communauté internationale...

Adem Demaci: Je représente un autre courant politique, qui entend dynamiser la politique albanaise au Kosovo. Nous souhaitons un soutien actif de la communauté internationale, mais nous ne pouvons pas vivre dans l'illusion que'elle va nous apporter la liberté sur un plateau, si nous ne bougeons pas. La stratégie de M. Rugova et de la LDK se limite jusqu'ici à un attentisme stérile.

Le Soir: C'est pourquoi, par opposition à la résistance passive. de M. Rugova, vous prônez désormais une résistance active...

Adem Demaci: Nous n'avons pas les moyens d'une lutte armée, nous sommes beaucoup trop faibles par rapport à la machine répressive de Belgrade. Mais il existe d'autres possibilités d'affirmer notre cause: nous devons multi-plier les manifestations et ne pas hésiter à reprendre physiquement le contrôle de tout ce qui nous a été pris - nos écoles, nos usines, nos hôpitaux, nos académies, nos j ournaux ou notre radiotélévision Si nous refusons la capitulation honteuse devant les Serbes, nous devons agir. Jusqu ici, notre passivité ne sert qu'à renforcer le statu-quo favorable à Belgrade. La politique illusionniste de M. Rugova et de la LDK a échoué. Nous sommes toujours une colonie slave.

Le Soir: Même le président albanais, Sali Berisha, depuis Tirana, vous incite pourtant au dialogue et à la patience...

Adem Demaci: L'Albanie a ses propres problèmes, elle est elle-même en situation de faiblesse, très dépendante de l'aide extérieure. M. Bérisha ne peut pas faire grand-chose, il nous apporte un soutien diplomatique, mai s l'impulsion doit venir de nous mêmes, au Kosovo.

Le Soir: L'ouverture d'un bureau de liaison américain sur les droits de l'homme à Pristina rassure-t-elle quelque peu les Albanais?

Adem Demaci: Le feu vert de Milosevic à cette initiative est déjà un indice quelle ne le dérange pas: la police serbe surveillera de près les Albanais qui franchiront la porte de ce bureau. En 1992-1993, alors que les observateurs de l'OSCE - Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe - étaient encore sur place, le rythme de la répression ne s'est pas ralenti. Cela dit, de façon générale, nous devons bien constater, que, contrairement à lEurope, les Etat-Unis font au moins quelque chose pour les Albanais. Voici peu, à Belgrade, Warren Christopher a évoqué devant Milosevic le respect des droits politiques et humains des Albanais, une formule moins restrictive que l'autonomie limitée plaidée par les Européens.

Le Soir: Les Albanais ont-ils l'impression d'avoir été -les oubliés - des accords de Dayton?

Adem Demaci: Ce n'est pas qu'une impression, c'est une réalité: à Dayton, le cas du Kosovo n'a même pas été évoqué. C'est une erreur qui peut être fatale à la stabilité des Balkans. Un nouveau conflit dans la région aurait des effets terribles sur les communautés serbe et albanaise impliquées. Mais, après la tragédie bosniaque, il serait catastrophique aussi pour toute l'Europe démocratique...

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail