DECLARATION DE VOTE D'OLIVIER DUPUIS SUR LA PROPOSITION DE RESOLUTION D'URGENCE SUR LA GRAVE SITUATION DE WEI JINGSHENG ET SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME EN CHINE.
Monsieur le Président, chers collègues, Monsieur le Vice-Président de la Commission,
l'absence de toute politique de l'Union et des Etats membres à l'égard de la République Populaire de Chine n'est en fait qu'apparente. Cette politique existe, c'est la vieille politique de la raison d'Etat et des seuls intérêts commerciaux. Et seul notre Parlement semble vouloir la dénoncer.
D'aucuns diront qu'il s'agit là d'une ultérieure manifestation du caractère marginal de notre assemblée. Je suis convaincu du contraire. Je crois que notre Parlement, bien que trop timidement encore, est en train de jeter les bases d'une véritable politique à l'égard d'un pays qui sera l'un des enjeux majeurs du siècle prochain.
Pays-continent que tant les gouvernements des Etats membres que la Commission s'obstinent à considérer avant tout comme une terre de conquêtes commerciales où le chacun pour soi prévaut toujours plus, oubliant donc au passage ces raisons qui sont à l'origine de leur union, mais oubliant aussi - et surtout dirais-je - que cette soi-disante politique a un prix: celui de la liberté et de la démocratie pour un milliard deux cents millions de personnes: qu'ils soient Hans, Ouigours, Tibétains, Mandchous ou Mongols.
Je crois que cette "différence" de notre Parlement soit tout à son honneur. Et les récentes prises de positions du Parlement danois, du Parlement luxembourgeois, de la Commission des Affaires Etrangères du Parlement belge, de 200 parlementaires français... qui s'inspirent directement des résolutions votées par notre assemblée sur la question de l'invasion et de l'occupation du Tibet par la République Populaire de Chine, en sont toutes des démonstrations éloquentes.
Aujourd'hui, nous nous apprêtons à voter un autre texte important. A partir de la dénonciation de la situation de WEI Jingsheng - figure exemplaire et centrale de l'opposition démocratique et nonviolente au régime communiste en place à Pékin - ce que nous voulons souligner c'est la situation des centaines de milliers de forcats prisonniers des laogais, celle des milliers de personnes condammées à la peine de mort, celle des dizaines de milliers de personnes victimes de la torture.
Ce rappel des faits nous le faisons bien sûr aux autorités chinoises, mais plus encore à l'Union et aux Etats-membres pour que l'Europe rompe enfin avec cette politique de complicité de fait avec le régime en place et ne reproduise pas avec la Chine la politique munichoise qui a été la sienne à l'égard de l'Union soviétique.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
(Strasbourg, le 20 juin 1996)