Monsieur le Président,
c'est à titre personnel que j'interviens aujourd'hui. Et d'amblée, je voudrais dire qu'il y a quelque chose qui me gène profondément dans l'attitude de notre Parlement et de l'Union en général, à l'égard de la Turquie.
Il y a quelques mois à peine notre Parlement ratifiait les accords d'union douanière qui, comme nous le dénoncions alors, ne prévoyaient aucun programme politique sérieux d'accompagnement, aucun calendrier précis quant aux réformes que notre parlement souhaiterait voir introduites en Turquie, en particulier en ce qui concerne la justice, le système carcéral et la question curde.
Depuis la signature de l'accord, deux crises gouvernementales se sont succédées en Turquie. Et pour la première fois, le parti islamiste est au gouvernement, sans pour autant que cette participation au gouvernement ait débouché sur une guerre civile, ni que cela ait donné lieu à une vague de contre-réformes.
Certes, les problèmes demeurent et la manière de les affronter n'a pas changé depuis l'entrée en vigueur de l'accord. De son côté, le PKK n'a pas renoncé - que nous sachions - à l'utilisation de la violence. Du point de vue économique nous savons déjà que c'est l'Union qui a été le grand bénéficiaire de l'ouverture des frontières turques.
En fait, ce qui est clair, c'est que l'Union n'a pas et ne veut pas d'une véritable politique à l'égard de la Turquie. Car elle ne veut pas en payer le prix, qui ne pourrait être autre que l'offre d'une perspective sérieuse d'adhésion de la Turquie à l'Union et la mise à disposition des moyens qui permettraient de la réaliser.
Il faut mettre un terme à cette hypocrisie. Il faut dire clairement ce que nous voulons. Et y mettre le prix. Alors seulement nos exigences quant au fonctionnement de la démocratie et au respect des droits de l'homme en Turquie prendront tout leur sens.
Je vous remercie Monsieur le Président.