Bruxelles, le 24 octobre 1996
A Monsieur Klaus Hänsch
Président du Parlement Européen
Monsieur le Président,
Le 11 septembre 1996, je vous ai, au sujet de la venue du Dalai Lama au Parlement Européen sur invitation de certains parlementaires européens, adressé une lettre dans laquelle j'ai énoncé la position de principe de la partie chinoise sur le problème du Tibet, exprimé la grave préoccupation de la partie chinoise à ce sujet et espéré que la partie européenne prendrait des mesures effectives pour empêcher le Dalai Laina d'utiliser le Parlement Européen comme une tribune politique lui servant dans ses activités visant la division de la Chine; j'ai également exprimé le souhait que Monsieur le Président ne rencontre pas le Dalai Lama. Toutefois, le Parlement Européen a, en dépit des démarches répétées de la partie chinoise dans ce sens, tenu à mettre une tribune politique à la disposition du Dalai Lama qui se livre à des activités sécessionnistes contre
la Chine, et Monsieur le Président a rencontré le Dalai Laima. Tout cela, allant à l'encontre des principes fondamentaux des relations internationales, a grièvement blessé le sentiment du peuple chinois, et constitue nue ingérence brutale dans les affaires intérieures de la Chine. J'ai ordre d'exprimer le vif mécontentement et d'élever une protestation énergique de la partie chinoise contre le Parlement Européen.
Le Tibet est, depuis l'antiquité, une partie inaliénable du territoire chinois, c'est aujourd'hui une région autonome sous la souveraineté de la République Populaire de Chine. Toute affaire concernant le Tibet relève purement et simplement des affaires intérieures de la Chine, dans lesquelles aucun governement, parlement, organisation ou individu étranger n'a le droit de s'immiscer, cela sous quelque forme que ce soit. Le Dalai Lama n'est pas une simple personnalité religieuse, mais un exilé politique qui, s'affublant d'un manteau religieux, oeuvre depuis de longues années à diviser la Chine, à saboter l'unité nationale et à fomenter des troubles au Tibet. Tout soutien et encouragement aux activités sécessionnistes de la clique du Dalai Lama constitue une grave atteinte à la souveraineté de la Chine et une ingérence grossière dans les affaires intérieures chinoises, la partie chinoise ne saurait jamais l'accepter. Ce genre d'agissements sera vain. Sur les problèmes touchant la souveraineté territoriale et la
dignité nationale, la position du gouvernement et du peuple chinois est inflexible. La Chine ne se pliera sous aucune pression venant de l'extérieur.
Les relations sino-européennes ne peuvent se baser que sur les principes de respect mutuel, de non-ingérence dans les affaires intérieures, d'égalité et d'avantages réciproques. Tout acte contraire à ces principes portera atteinte au développement normal des relations bilatérales. Ce qu'a fait le Parlement Européen pour ce qui est de ses relations avec la Chine a plus d'une fois montré que ce n'est pas dans le sens de la promotion du développement sain des relations sino-européennes qu'il agit, mais plutôt dans un sens contraire. Partant de l'intérêt général des relations sino-européennes, nous exigeons du Parlement Européen qu'il observe scrupuleusement les principes susmentionnés et cesse d'intervenir dans les affaires intérieures de la Chine pour ne pas renouveler ce genre d'incidents et éviter de nouveaux préjudices aux relations entre la Chine et l'Union Européenne.
Je vous prie, Monsieur le Président, de porter ce qui précède à la connaissance du Bureau et des présidents des Commissions et des Groupes parlementaires du Parlement Européen.
Veuillez accepter, Monsieur le Président, l'expression de ma haute considération.
DING Yuanhong
Ambassadeur
Chef de la Mission
de la République Populaire de Chine
auprès des Communautés Européennes