Hory (ARE). - Notre Parlement ne peut évidemment que soutenir, approuver les tentatives de règlement politique des tensions civiles qui secouent actuellement l'Albanie. Le groupe de l'Alliance radicale soutient donc le processus de conciliation nationale, sur lequel les différentes forces politiques albanaises ont trouvé un accord; celui-ci ne semble toutefois pas encore avoir convaincu la population insurgée contre cette violence qui lui a été faite par le système dit des pyramides financières, manifestation caricaturale de l'économie libérale. Nous apprenons d'ailleurs que dans les toutes dernières heures, les populations mutinées contre le pouvoir se seraient dirigées vers Tirana.
Pourrions-nous, à cette occasion, nous interroger sur la pertinence et sur la validité de la politique de l'Union européenne qui a déjà été plusieurs fois prise en défaut dans cette région? Nous avions cru que l'écroulement du communisme entraînait automatiquement la démocratie. En réalité, il implique l'apprentissage le plus difficile de la démocratie, avec toutes les séquelles du communisme. Nous avions cru aussi que tous les anti-communistes étaient mécaniquement des démocrates. En réalité, nous avions si cruellement abandonné la moitié de l'Europe à son sort pendant quarante-cinq ans que les seuls anticommunistes qui s'y exprimaient encore étaient quelquefois des économistes libéraux échevelés ou des tenants de l'obscurantisme ethnique ou religieux, ou encore des autocrates, souvent d'anciens communistes mal repentis.
Aujourd'hui, la crise albanaise peut nous amener à trois conclusions politiques.
La première, soulignée par Mme Daskalaki, est que nous ne devons plus allouer d'aide européenne sans nous préoccuper de l'usage qui en est fait dans des sociétés mal préparées au libéralisme.
La deuxième est qu'il y a urgence à mettre sur pied un corps européen de militaires, susceptibles d'être interposés au moins dans les situations de crise qui apparaissent sur le territoire européen.
La troisième, plus générale, est qu'il nous faut accélérer, au-delà de toutes les arguties, l'élargissement sans lequel l'Europe restera amputée de la moitié d'elle-même, et que pour y parvenir, nous devons encourager les regroupements régionaux au lieu d'imposer à des Etats faibles et isolés une procédure de dialogue totalement déséquilibrée.